Politique

Suspension de la coopération et expulsion de diplomates : une nouvelle crise entre la France et le Mali


Paris a suspendu sa coopération avec le Mali en matière de lutte contre le terrorisme et a ordonné à deux diplomates maliens de quitter le territoire français.

Cette décision intervient en réaction à l’arrestation, en août dernier à Bamako, d’un diplomate français, a indiqué vendredi une source diplomatique française à l’AFP.

Selon cette source, les diplomates maliens disposent d’un délai jusqu’à samedi pour quitter la France. De son côté, Bamako avait déclaré « cinq employés » de l’ambassade de France personae non gratae, lesquels ont quitté le Mali dimanche dernier.

La même source française a averti que « d’autres mesures » seraient prises prochainement si le ressortissant français détenu n’était pas libéré rapidement.

La coopération militaire entre Paris et Bamako connaît un net recul, ce qui alimente les inquiétudes quant aux conséquences de cette décision sur les efforts de lutte contre le terrorisme dans la région.

Le mois dernier, les autorités militaires maliennes avaient annoncé l’arrestation d’un employé de l’ambassade de France, accusé de « conspiration ».

L’incident a suscité de vives protestations françaises, certains observateurs estimant que Paris pourrait tenter d’en tirer parti pour retrouver une influence dans le paysage politique malien.

En août, la France avait déclaré être en discussions avec Bamako afin de « lever tout malentendu » et d’obtenir la « libération immédiate » de son diplomate.

Paris a qualifié les accusations maliennes de « non fondées », estimant que la détention violait les accords internationaux sur l’immunité diplomatique.

Le mois dernier, le conseil militaire malien a annoncé l’arrestation de dizaines de soldats accusés de préparer un coup d’État.

Selon l’hebdomadaire français Le Point, le ressortissant français arrêté, identifié comme Yann F., n’est pas un simple employé mais un ancien pilote de l’armée de l’air française, fort de près de trente années d’expérience, occupant depuis l’an dernier le poste de deuxième secrétaire à l’ambassade de France au Mali.

D’après Jeune Afrique, il serait également lié à la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), le principal service de renseignement français.

Le ministère français des Affaires étrangères a rejeté ces accusations, les qualifiant « d’infondées », et a dénoncé une violation des conventions diplomatiques, exigeant la libération immédiate de son agent.

Bamako, pour sa part, soutient que cette arrestation fait partie d’une « vaste conspiration » menaçant la stabilité de l’État, commencée le 1er août, selon le ministre malien de la Sécurité, le général Daoud Aly Mohammedine.

Les autorités maliennes affirment que le ressortissant français apportait un soutien à des personnalités civiles et militaires dans le cadre d’un projet de déstabilisation, précisant que l’enquête se déroule en toute transparence.

Ce n’est pas une première : en 2023, des arrestations similaires avaient eu lieu au Burkina Faso concernant des personnes liées à l’ambassade française, avant leur libération sous pression diplomatique.

Depuis 2012, le Mali est plongé dans une crise profonde marquée par des violences attribuées à des groupes affiliés à Al-Qaïda et à Daech, ainsi qu’à des réseaux criminels.

Le Conseil militaire dirigé par le colonel Assimi Goïta est arrivé au pouvoir à la suite de deux coups d’État successifs en 2020 et 2021.

Les nouvelles autorités ont progressivement rompu avec leurs partenaires occidentaux, notamment la France, ancienne puissance coloniale, au profit d’un rapprochement politique et militaire avec la Russie.

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