Moyen-Orient

Scénarios après le décès de Sinwar… Qui gouvernera Gaza ?

Des sources diplomatiques estiment qu'il est probable que des États étrangers ou des entreprises de sécurité privées assurent la sécurité dans la bande de Gaza.


La mort de Yahya Sinwar, le puissant chef du Hamas et architecte de l’opération « Tempête d’Al-Aqsa », a ouvert la voie à plusieurs scénarios concernant la gouvernance de Gaza après la fin des hostilités, alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou maintient son refus d’une quelconque administration palestinienne dans la région, tout en émettant des avertissements sur un plan de réoccupation de Gaza.

Les Palestiniens affirment que la détermination de l’avenir du territoire est une affaire qui les concerne exclusivement et qu’ils n’accepteront aucune ingérence extérieure, après que plusieurs parties ont été évoquées pour participer à la gestion de Gaza après la guerre.

Israël exclut toute présence du Hamas dans le gouvernement de Gaza après le conflit, mais affirme qu’il ne souhaite pas gérer Gaza lui-même. Des personnalités d’extrême droite en Israël, dont des membres du gouvernement, proposent le retour des colonies qui ont été retirées de la région après le retrait israélien de 2005.

Récemment, une source de sécurité israélienne a déclaré que « l’armée restera sur place tant que cela sera nécessaire… Une fois la sécurité assurée, il sera temps de réfléchir à la prochaine étape », tout en précisant que « l’objectif actuel n’est pas de contrôler Gaza ».

Plusieurs médias israéliens ont évoqué la possibilité d’une participation de forces internationales dans la phase post-conflit, sans préciser si cela concernerait la supervision de l’aide financière à la reconstruction de Gaza ou un déploiement militaire.

L’Arabie Saoudite, l’Égypte, les Émirats Arabes Unis, les États-Unis et l’Union européenne ont été mentionnés comme des pays potentiellement impliqués dans cette force, sans qu’il soit clair quel en serait le prix.

L’Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas s’efforce de maintenir une présence dans la bande de Gaza, étant présente à travers les municipalités où ses employés continuent de travailler.

Un dirigeant du Hamas a déclaré que le mouvement était favorable à la formation d’un gouvernement indépendant de « technocrates » palestiniens, dans lequel il ne participerait pas après la guerre, à condition de consulter le Hamas sur la composition.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a récemment affirmé que Gaza faisait partie intégrante de l’État palestinien et relevait de sa responsabilité, rejetant toute mesure visant à séparer Gaza de la Cisjordanie.

Mohammed Chahada, du Conseil européen des relations extérieures, souligne que l’Autorité palestinienne « ne pourra pas fonctionner à Gaza sans le Hamas« , en se référant au grand nombre de fonctionnaires qui y travaillent depuis 2007 et au soutien dont bénéficie le Hamas auprès d’une large part de la population du territoire.

Parallèlement, les discussions se poursuivent sur la réouverture du passage de Rafah entre Gaza et l’Égypte, qui est actuellement sous contrôle militaire israélien, de manière informelle avec des partenaires étrangers, y compris l’Union européenne, dont les employés étaient précédemment stationnés sur place.

Si l’Autorité palestinienne parvient à établir sa présence au poste de contrôle, elle pourrait alors accéder à la ville de Gaza, sans être accusée d’y entrer « à bord d’un char israélien ».

Un diplomate européen en Israël a déclaré : « Nous venons de commencer les difficiles discussions sur le début de la fin », ajoutant que « les Israéliens expriment leur souhait de voir émerger des dirigeants palestiniens, mais ils cherchent à le faire en dehors des canaux politiques palestiniens existants ».

Plusieurs sources diplomatiques ont confirmé que la possibilité pour des États étrangers ou des entreprises de sécurité privées, comme Constellis, anciennement connue sous le nom de Blackwater, d’assurer la sécurité dans la région est une pure hypothèse.

Chahada indique que les pays arabes sont réticents car ils « savent que la vue de leurs troupes affrontant la résistance palestinienne armée ne sera pas bien perçue par leurs peuples ».

Le chercheur spécialisé dans les territoires palestiniens, Xavier Guignard, estime que « personne ne souhaite être au cœur d’un processus de reconstruction complexe avec de nombreuses questions de sécurité et politiques, et personne ne veut être un donateur pour les Israéliens ».

Il souligne que la recherche d’un régime de gouvernance dans la bande de Gaza est prématurée tant que l’armée israélienne y est présente, précisant que « c’est une occupation militaire, nous ne pouvons pas savoir combien de temps cela va durer ».

Selon les sondages d’opinion, les Israéliens s’opposent plus que jamais à la création d’un État palestinien, et ils ne sont pas enclins, selon les experts, à privilégier le retour de l’Autorité palestinienne.

Guignard explique que « la présence renforcée de l’Autorité palestinienne à Gaza serait une réponse naturelle mais constituerait une ligne rouge pour les Israéliens, et ressemblerait à une solution politique permettant de réunifier Gaza et la Cisjordanie ».

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