Politique

Retour inquiétant de l’État islamique en Syrie après la chute du régime d’al-Assad


Des rapports issus des services de renseignement et des médias signalent une recrudescence de l’activité du groupe « État islamique » (Daech) en Syrie, profitant du vide sécuritaire créé par la chute du régime de Bachar al-Assad en décembre 2024, renversé par une coalition formée de Hayat Tahrir al-Cham et de factions de l’Armée nationale soutenues par la Turquie.

Ce revirement soudain dans l’équation syrienne a offert au groupe djihadiste l’opportunité de se redéployer et de lancer des attaques plus intenses, alors que les forces dominantes sur le terrain sont accaparées par des conflits internes et peinent à étendre leur contrôle sur l’ensemble du territoire syrien.

Selon le New York Times, Daech a mené 294 opérations en 2024, contre 121 l’année précédente, tandis que les estimations de l’ONU suggèrent que le nombre réel pourrait dépasser les 400 attaques. Cette augmentation marquée coïncide avec une activité croissante des cellules de l’organisation dans le désert syrien et le nord-est du pays — des zones proches de centres de détention où sont retenus environ 10 000 combattants du groupe et quelque 40 000 membres de leurs familles.

Les prisons et camps de détention gérés par les Forces démocratiques syriennes (FDS) représentent une source majeure d’inquiétude, en raison du risque d’évasions massives, d’autant que les FDS sont mobilisées pour repousser les incursions répétées de l’armée turque au nord, ce qui disperse leurs efforts sécuritaires. Dans ce contexte, Colin Clarke, chercheur au Soufan Center pour les études en sécurité, avertit : « Une seule attaque majeure à Damas ou contre des cibles occidentales suffirait à replacer Daech au centre de l’attention internationale. »

Les experts soulignent également que le groupe mise sur la libération potentielle de ses combattants ou leur capacité à s’échapper pour relancer ses opérations, dans un contexte marqué par le recul de la coordination internationale contre le terrorisme, en raison de la multiplicité des priorités des acteurs étrangers.

Les forces américaines demeurent présentes dans plusieurs bases au nord-est et au sud de la Syrie, mais elles doivent relever des défis considérables pour concilier lutte antiterroriste et maintien de la stabilité locale. En l’absence de stratégie internationale claire pour la phase post-Assad, certains observateurs redoutent que la Syrie ne devienne un terrain fertile pour la résurgence des groupes extrémistes, au premier rang desquels l’État islamique, qui voit dans le chaos actuel une occasion rêvée de redevenir un acteur majeur du conflit.

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