Politique

« Relève de la haute trahison » : Polémique autour de l’érection du drapeau turc sur un bâtiment gouvernemental en Tunisie


Une tempête de critiques virulentes et de moqueries a frappé la Société nationale des chemins de fer tunisiens après qu’elle ait commis une erreur grave en hissant le drapeau turc au lieu du drapeau national tunisien sur un bâtiment majeur de l’une de ses filiales, invoquant une grande similitude entre les deux drapeaux.

Dès que la vidéo de la « scandale du drapeau turc » a été partagée sur Facebook ce mardi, les Tunisiens ont relayé l’information avec une avalanche de critiques et de railleries envers la société, l’une des plus anciennes entreprises nationales du pays, fondée en 1870, bien avant la colonisation française. Après l’indépendance en 1956, elle est devenue l’une des plus grandes entreprises du pays, selon le site d’information « 24 ».

La société a tenté de contenir la polémique par un communiqué officiel, expliquant que ses employés avaient confondu le drapeau national avec le drapeau turc, en raison de leur similitude. Cependant, le drapeau tunisien a été officiellement adopté sous sa forme actuelle il y a 196 ans, bien avant le drapeau turc, qui a été adopté il y a environ 100 ans, après la proclamation de la république en 1923.

La Société nationale des chemins de fer tunisiens a présenté ses excuses pour cette erreur, déclarant : « Dans le cadre du renouvellement des drapeaux nationaux hissés sur ses différents bâtiments, un ensemble de drapeaux a été commandé. Toutefois, par erreur, un drapeau d’un pays étranger, semblable à celui de la Tunisie, s’est glissé dans la commande. L’erreur n’a été remarquée qu’après sa levée aujourd’hui sur le bâtiment de l’administration centrale à Tunis. »

La société a annoncé l’ouverture d’une enquête pour déterminer les circonstances de cet incident, afin d’en attribuer les responsabilités et de prendre les mesures administratives et disciplinaires nécessaires.

Elle a souligné dans son communiqué que « le lever du drapeau national représente un symbole suprême de souveraineté et d’unité nationale, et qu’il ne peut être toléré, sous aucun prétexte, un acte portant atteinte à cette symbolique. »

Malgré ces explications, les Tunisiens ont exprimé leur indignation sur les réseaux sociaux. Sami Jalouli, ancien candidat à la présidentielle, a écrit : « Hisser le drapeau turc sur un bâtiment de la Société nationale des chemins de fer tunisiens ne doit pas être pris à la légère, c’est un acte qui relève de la haute trahison. »

De son côté, le journaliste Sofiane Ben Farhat a qualifié l’incident de « criminel et délibéré », excluant l’idée d’une simple erreur accidentelle. Il a écrit : « Ils sont déterminés à commettre tous les crimes pour humilier la nation, comme d’habitude… Leur problème n’est pas seulement avec le pouvoir ou contre le pouvoir, c’est bien plus profond, ils sont contre la nation entière. »

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan avait, par le passé, tenu des réunions controversées avec le leader du mouvement islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, ancien président du parlement tunisien, provoquant des débats acharnés en Tunisie entre ce mouvement et ses opposants. Certaines forces politiques accusent Ennahdha de tenter de pousser la Tunisie vers l’orbite turque, qui la soutient financièrement et logistiquement.

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