Refus d’excuses pour le coût de la guerre : un haut responsable du Hamas se désolidarise de la souffrance des civils de Gaza

Lorsque la douleur, la mort et la faim à Gaza deviennent une « opportunité en or » dans le discours du Hamas, la question du prix à payer devient plus pressante que jamais.
Dans une interview accordée à la chaîne américaine CNN, Ghazi Hamad, haut responsable du Hamas, a persisté à défendre l’attaque du 7 octobre, refusant de présenter des excuses pour le lourd tribut humain payé par les civils de Gaza, alors que l’on approche du troisième anniversaire de la guerre.
L’entretien, réalisé deux semaines après sa survie à une frappe israélienne qui visait la délégation de négociation du Hamas à Doha, a été marqué par ses propos qualifiant l’attaque d’« opportunité en or ».
Refus d’assumer la souffrance
Selon CNN, Ghazi Hamad n’a exprimé aucun regret quant aux conséquences subies par les civils palestiniens, les plus durement touchés par la guerre israélienne qui a causé plus de 65 000 morts.
Depuis le début du conflit, la majorité des 2,4 millions d’habitants de Gaza ont été déplacés au moins une fois, alors que la famine s’aggrave dans l’enclave. Malgré cela, le responsable a refusé de s’excuser ou d’endosser une quelconque responsabilité.
« Je sais que le prix est extrêmement élevé, mais quelle autre option avons-nous ? », a-t-il déclaré, estimant que le monde commençait enfin à reconnaître « la brutalité d’Israël », en référence aux condamnations internationales à l’ONU et à la montée des appels à une reconnaissance officielle de l’État palestinien.
Ses propos sont intervenus le même jour où Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, a condamné publiquement l’attaque du 7 octobre à la tribune des Nations unies, affirmant que le Hamas n’aurait aucun rôle dans un futur État palestinien. Ils ont également précédé de peu le discours attendu du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou devant l’Assemblée générale.
L’attaque du Hamas avait fait environ 1 200 morts en Israël et conduit à la prise en otage de plus de 250 personnes, dont plusieurs ont ensuite été libérées.
Bien que les événements du 7 octobre aient marqué un tournant sans précédent dans l’histoire israélienne, le coût humain à Gaza – entre destructions massives, famine et dizaines de milliers de victimes – a suscité de vives critiques à l’encontre du gouvernement israélien, accusé de représailles disproportionnées et même d’« actes assimilables à un génocide ».
Interrogé par CNN sur une éventuelle part de responsabilité du Hamas et sur la légitimité de ces pertes civiles face à l’attaque initiale, Ghazi Hamad a réitéré son refus d’assumer les conséquences : « Je sais que le prix est extrêmement élevé, mais encore une fois, quelle était l’alternative ? ».
Colère à Gaza et rejet des critiques
Au cours des derniers mois, une partie de la population de Gaza a exprimé sa colère envers le Hamas, l’accusant de prolonger la guerre et de laisser les civils dans la misère.
CNN a montré à Hamad des vidéos de Gazaouis appelant le mouvement à abandonner le pouvoir. Le Hamas a répondu avec brutalité face à ceux qui critiquaient ouvertement son rôle.
Dans l’une des séquences, un manifestant déclarait : « Notre message au Hamas est simple : cessez de jouer avec nos vies. Vous êtes déconnectés de la réalité. La direction vit à l’étranger, pendant que nous mourons ici. Certains disent qu’ils ont sacrifié nos enfants, tout en résidant dans des hôtels ».
Hamad a refusé de regarder ces images plus de quelques secondes, repoussant la tablette où elles étaient diffusées. Il a reconnu la souffrance, mais a attribué le ressentiment populaire à Israël. « Je sais, j’ai vu, je suis conscient que les gens souffrent », a-t-il affirmé.
Les critiques internes se sont multipliées ces derniers mois. En avril, un jeune Palestinien de 22 ans a été torturé et exécuté par des membres du Hamas après avoir dénoncé publiquement le mouvement. En mai, de nouvelles manifestations contre le Hamas ont éclaté dans le nord de Gaza, constituant l’un des plus grands mouvements de contestation depuis les attaques du 7 octobre 2023.