Que se passe-t-il en République démocratique du Congo ?
Depuis plus de 30 ans, la région orientale riche en minerais de la République démocratique du Congo (RDC) est en proie à un conflit persistant.
De nombreux groupes armés se disputent le pouvoir et le contrôle des ressources de cet immense pays face aux autorités centrales.
-
Congo : de nouveaux barrages pour favoriser la vente de l’électricité
-
République démocratique du Congo : Au moins 39 personnes ont été tuées dans deux nouvelles attaques dans le nord-est du pays
L’instabilité a exacerbé la situation dans les pays voisins, notamment dans les années 1990, lorsque deux conflits majeurs, qualifiés de guerres mondiales africaines, ont causé la mort de millions de personnes.
Que se passe-t-il à Goma ?
Les rebelles du mouvement « M23 » avancent vers le sud de la RDC en direction de Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, dans ce qui semble être une tentative d’élargir leur zone de contrôle à l’est du pays après avoir pris possession de la ville de Goma.
Goma, une ville clé de plus d’un million d’habitants, est située à la frontière avec le Rwanda, sur les rives du lac Kivu.
-
L’homme fort de l’État islamique est un financier somalien mystérieux… Découvrez qui il est
-
« Conflits oubliés » : de l’Afrique à Haïti… 5 crises éclipsées en 2024
Cette ville de l’est du pays est un centre vital de commerce et de transport, à proximité de villes minières fournissant des minéraux très demandés tels que l’or, l’étain et le coltan. Ce dernier est un composant essentiel des téléphones portables et des batteries de voitures électriques.
Les rebelles affirment contrôler la ville, bien que des résistances subsistent.
Cornel Nanga, chef de l’Alliance « Rivière du Congo », qui regroupe les rebelles du M23 en RDC, a déclaré à Reuters qu’ils prévoyaient d’administrer Goma.
D’après l’agence de presse, citant cinq sources diplomatiques et sécuritaires, les éléments du M23 progressaient vers le sud depuis la ville de Minova, longeant la rive occidentale du lac Kivu, en direction de Bukavu.
-
Un an après le coup d’État au Gabon : Qu’est-ce qui a changé ?
-
L’Afrique du Sud est-elle le centre financier de Daech en Afrique ?
Pendant ce temps, les agences humanitaires des Nations unies alertent sur une grave crise humanitaire, avec des hôpitaux débordés de victimes et des cadavres jonchant les rues.
Appels à l’arrêt des violences
La RDC a exhorté la communauté internationale à stopper l’avancée du M23 à l’est du pays.
De son côté, l’Angola, qui jouait un rôle de médiateur dans les pourparlers de paix ayant échoué en décembre, a appelé à une réunion d’urgence entre les dirigeants congolais et rwandais à Luanda.
Cependant, le président congolais, Félix Tshisekedi, a refusé mercredi de dialoguer avec son homologue rwandais, Paul Kagame.
Il a dénoncé l’inaction de la communauté internationale face à la prise de contrôle de certaines zones de l’est du pays par des combattants qu’il accuse d’être soutenus par le Rwanda, mettant en garde contre un risque d’ »escalade » régionale.
-
Rapport : La falsification de l’argent est l’une des méthodes utilisées par les groupes terroristes pour financer leurs activités
-
La libre circulation des armes et l’infiltration des éléments terroristes ont aggravé le terrorisme en Afrique
Dans un discours télévisé, il a déclaré : « Votre silence et votre inaction (…) sont une insulte » à la République démocratique du Congo, ajoutant que l’avancée du M23 pourrait « directement mener à une escalade » dans la région des Grands Lacs.
Les récents développements s’inscrivent dans une intensification d’un conflit de longue date mêlant luttes de pouvoir, identités ethniques et ressources naturelles. Ce conflit a déjà fait des centaines de milliers de morts et déplacé plus d’un million de personnes ces dernières années.
Qu’est-ce que le mouvement M23 ?
Le « M23 » est l’abréviation de « Mouvement du 23 mars », une rébellion tutsie vaincue en 2013, mais qui a repris les armes fin 2021, accusant le gouvernement d’avoir renié un accord prévoyant l’intégration de ses combattants dans les forces de sécurité.
-
La Russie renforce sa présence au Burkina Faso et porte un coup à la France
-
Des analystes révèlent les plans des groupes terroristes sur le continent noir
Ce mouvement est issu du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), une ancienne rébellion active entre 2006 et 2009.
Les deux groupes affirment lutter contre la discrimination dont seraient victimes les Tutsis congolais et d’autres communautés ethniques du Nord et du Sud-Kivu.
D’origine rwandaise, ces groupes sont souvent désignés comme « Rwandais ».
Le mouvement M23 affirme que plusieurs accords de paix n’ont jamais été respectés. Il tire son nom de l’accord signé le 23 mars 2009.
-
Les guerres dans le monde multiplient les dépenses militaires
-
Conflit entre les États-Unis et l’Iran au Soudan suscite des craintes de complication de la crise oubliée
Depuis plus d’un an, le M23 contrôle la région de Rubaya, riche en coltan, et génère environ 800 000 dollars par mois grâce à une taxe d’exploitation, selon l’ONU.
Les experts estiment que l’expansion récente du groupe dans de nouvelles zones lui permettrait d’accroître ses revenus miniers.
Quel est le rôle du Rwanda ?
Le Rwanda a toujours nié soutenir le M23. Pourtant, depuis 2012, des experts de l’ONU l’accusent de fournir armes et assistance logistique au groupe, voire d’en assurer le commandement.
Les gouvernements de la RDC, des États-Unis et de la France ont également accusé Kigali de soutenir la rébellion.
-
Poursuite de la confrontation du terrorisme par la Somalie contre Al-Shabaab
-
Les plans iraniens d’expansion au moyen-orient et en afrique… Détails
L’année dernière, un rapport onusien a révélé que jusqu’à 4 000 soldats rwandais combattaient aux côtés du M23.
Dans un communiqué publié dimanche, le Rwanda n’a pas nié explicitement soutenir le M23 mais a déclaré que les combats près de sa frontière représentaient « une menace sérieuse » pour « sa sécurité et son intégrité territoriale ».
Kigali accuse la RDC de coopérer avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé hostile au régime rwandais et impliqué dans des attaques contre les Tutsis en RDC et au Rwanda.
Malgré un accord de cessez-le-feu négocié sous médiation angolaise l’an dernier, les hostilités ont repris peu après.
-
Chad dément des pourparlers avec Israël pour accueillir des évacués de Gaza
-
« Collision des urnes » : Une crise plane sur les élections du deuxième plus grand pays d’Afrique
Quel est le rôle des forces de maintien de la paix ?
Les forces de l’ONU soutiennent l’armée congolaise contre le M23 dans le cadre de la mission de stabilisation en RDC (MONUSCO).
Le retrait progressif de la mission onusienne, prévu en raison de la détérioration de la situation sécuritaire, a été suspendu. En décembre, environ 11 000 Casques bleus étaient encore présents dans le pays, principalement à l’est.
Depuis la chute de Goma, la mission a évacué certains de ses personnels et familles, tandis que sa base accueille un grand nombre de réfugiés, dont des responsables gouvernementaux et militaires.
-
Les perturbations géopolitiques détournent l’attention mondiale des groupes terroristes
-
Quelles sont les implications du terrorisme transnational, ses frontières, ses étapes et ses modèles ? Des experts expliquent
Qu’en est-il des ressources minières ?
Ces dernières années, le M23 a pris le contrôle de plusieurs zones minières stratégiques. Selon un rapport de l’ONU de décembre dernier, le groupe enverrait environ 120 tonnes de coltan au Rwanda toutes les quatre semaines.
Les exportations minières du Rwanda ont fortement augmenté ces dernières années, bien que l’origine d’une grande partie de ces ressources soit soupçonnée d’être la RDC.
Le Rwanda, cependant, nie systématiquement toute exploitation illégale des ressources minières congolaises.
-
Le terrorisme s’est-il infiltré en Afrique pour piller ses richesses ?
-
Mogadiscio prévoit de conserver « ATMIS » .. Navette diplomatique
-
Burkina Faso renforce sa lutte contre le terrorisme : nouvelles brigades dans les « zones vulnérables »
-
La libre circulation des armes et l’infiltration des éléments terroristes ont aggravé le terrorisme en Afrique