Que peut-il attendre le Liban si expire le délai fixé par Washington pour le désarmement du Hezbollah ?
Les signes de tension entre Israël et le Liban s’accentuent à mesure que s’approche la date butoir américaine concernant le dossier du désarmement du Hezbollah.
Plus tôt, des médias israéliens avaient rapporté que l’administration américaine avait fixé au gouvernement libanais le 31 décembre courant comme date limite pour procéder au désarmement du Hezbollah.
Cela intervient alors qu’Israël avertit que le Hezbollah reconstruit ses capacités, laissant entendre qu’une opération militaire de grande envergure reste possible à l’approche de la décision que doit prendre le président américain Donald Trump.
Cependant, le journal Yediot Aharonot indique qu’Israël temporise toute initiative majeure dans l’attente de l’aval de celui qu’elle considère comme ayant le dernier mot, le président Donald Trump, lequel ne souhaite pas que l’escalade compromette la paix régionale qu’il promeut.
Le journal précise aussi que les États-Unis ont demandé à Israël d’accorder davantage de temps au Liban pour achever le processus de désarmement au sud du Litani.
Washington a informé Beyrouth que, si rien n’est fait maintenant, elle ne sera plus en mesure d’empêcher Israël de prendre des mesures unilatérales.
Le président libanais Joseph Aoun a affirmé vendredi dernier, devant une délégation du Conseil de sécurité de l’ONU, que son pays « ne veut pas la guerre » avec Israël, après le lancement de discussions directes entre les deux parties. Il a insisté sur le fait qu’il n’y aura « aucun retour en arrière » sur la décision de réserver le port d’armes à l’armée.
Alors que les craintes d’un élargissement des opérations israéliennes au Liban s’intensifient, un civil libanais et un civil israélien ont rejoint la semaine dernière la commission chargée de surveiller l’application de l’accord de cessez-le-feu, marquant la première rencontre directe depuis des décennies.
Aoun a souligné que « l’armée libanaise remplira pleinement son rôle » et appelé la communauté internationale à l’appuyer, réaffirmant que la monopolisation des armes par l’armée « constitue un objectif essentiel ». Il a ajouté que le Liban est déterminé à le mettre en œuvre, même si cela nécessite du temps, et a demandé la coopération de toutes les parties.
Évaluations israéliennes
Les évaluations israéliennes estiment que le gouvernement libanais souhaite le désarmement du Hezbollah, mais qu’il n’en a pas la capacité, en raison de la menace d’un affrontement interne, y compris le risque d’un retour à la guerre civile si le désarmement est imposé par la force.
De hauts responsables israéliens affirment observer un processus de reconstruction des capacités du Hezbollah sur plusieurs fronts. Ils mentionnent également un regain d’afflux de fonds iraniens vers le mouvement, selon le journal.
De leur côté, des responsables libanais ont informé les Américains qu’ils avaient réussi à désarmer près de 80% de la zone située au sud du Litani.
Mais Israël « ne pense pas que le Liban respectera l’échéance fixée par Washington d’ici la fin de l’année », selon Yediot Aharonot.
L’escalade sur la table de Trump et Netanyahu
Israël a accepté d’ouvrir un dialogue civil avec le Liban, et une nouvelle réunion est prévue la semaine prochaine. Cependant, les tensions continuent de monter.
La question devrait être discutée lors de la rencontre prévue en Floride entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président Trump à la fin du mois, où l’on saura si Israël obtient le feu vert américain pour une approche plus ferme au Liban.
La Syrie devrait également figurer au cœur des discussions entre Netanyahu et Trump, l’administration américaine cherchant à progresser vers un accord sécuritaire avec le président syrien Ahmed Al-Shar’a, alors que les négociations restent bloquées concernant l’exigence israélienne de désarmement du sud de la Syrie.
Israël cherche par ailleurs à obtenir des garanties pour maintenir un corridor humanitaire en faveur de la communauté druze dans la province de Soueïda, tandis que la Syrie rejette toute mesure qu’elle considère comme une atteinte à sa souveraineté.
