Quatrième jour de colère : l’ouragan Al-Mashhari secoue les Frères musulmans de Taëz

Les manifestations massives se sont poursuivies ce dimanche dans la province de Taëz, au Yémen, pour dénoncer les crimes du parti Al-Islah, branche locale des Frères musulmans, dont le plus récent a été l’assassinat d’Iftihan Al-Mashhari.
Al-Mashhari, militante sociale et universitaire yéménite, dirigeait le Fonds de propreté et d’amélioration urbaine de Taëz. Elle a été tuée par balles par des hommes armés circulant à moto au centre-ville. Selon les premières investigations, son assassinat serait lié à des différends avec des personnalités influentes dont les intérêts ont été menacés par ses réformes et ses mesures de lutte contre la corruption.
Lors des manifestations, entrées dans leur quatrième jour, les protestataires — mobilisés à l’appel de partis politiques et de familles de victimes tuées par des hommes armés affiliés au parti Al-Islah — ont dénoncé les crimes de l’organisation contre des civils sans défense et exigé que justice soit faite.
Des milliers de personnes, venues de la ville et des campagnes de Taëz, ont afflué vers Wadi Al-Qadi et l’avenue Gamal Abdel Nasser jusqu’au siège du parti islamiste, réclamant la remise des assassins d’Al-Mashhari et d’autres victimes tombées sous les balles des miliciens des Frères musulmans.
Les manifestants ont scandé des slogans dénonçant le chaos sécuritaire qui règne à Taëz, accusant les Frères musulmans de protéger les criminels impliqués dans le meurtre de dizaines de civils innocents.
Pendant plus de quatre heures, ils ont entonné à pleine voix : « Partez, bande de voyous… vous avez transformé Taëz en ruines », exprimant leur rejet de l’organisation et considérant la marche comme un véritable référendum populaire contre la transformation de Taëz en terrain d’élimination des opposants.
La ville avait déjà été secouée jeudi dernier par l’assassinat d’Iftihan Al-Mashhari, ce qui a déclenché une vague de colère populaire.
Depuis quatre jours, les protestataires bloquent routes et artères principales de Taëz, appelant le Conseil présidentiel et le gouvernement yéménite à prendre des mesures urgentes pour mettre fin aux assassinats et à l’anarchie qui rongent la province depuis des années.
Le militant politique yéménite Mohammed Al-Huraibi a déclaré : « Les manifestations massives d’aujourd’hui sont une expression de solidarité avec les familles des victimes et une demande claire que les assassins soient traduits en justice. »
Il a ajouté que « l’échec sécuritaire patent à Taëz a permis la prolifération des assassinats commis par des gangs qui agissent en toute impunité, sous la protection des institutions contrôlées par les Frères musulmans ».
Al-Huraibi a exhorté les autorités à agir rapidement et fermement pour arrêter les criminels, restaurer l’autorité de l’État et faire respecter la loi, y compris en arrêtant les auteurs de l’assassinat d’Al-Mashhari.
De son côté, le militant Abdel Halim Sabr a déclaré : « Jamais Taëz n’est sortie ainsi depuis des décennies, avec une telle ampleur, une telle colère, une telle unité contre les gangs de pillage, de vol et de meurtre qui ont détruit l’identité de la ville. »
Il a souligné que « la mobilisation populaire constitue un référendum, et que le Conseil présidentiel doit choisir entre se tenir aux côtés du peuple ou se montrer complaisant avec la bande criminelle », en référence aux Frères musulmans.