Politique

Pourquoi les Frères musulmans ont-ils rejeté le document de lutte contre la violence envers les femmes ?


Le site d’information égyptien Sada El-Balad a mis en lumière le rejet par l’organisation des Frères musulmans du document sur la lutte contre la violence envers les femmes, ainsi que la situation des femmes sous leur régime.

Le site rapporte que, le 4 mars 2013, lors de la participation de l’Égypte aux travaux de la Commission des Nations Unies sur la condition de la femme, Pakinam El-Sharkawy, conseillère de l’ancien président Mohamed Morsi, a exprimé son refus catégorique du document intitulé « Lutte contre toutes les formes de violence envers les femmes et les filles ». Ce document avait été élaboré lors de la 57e session de la Commission à New York.

Pakinam El-Sharkawy a tenu des propos virulents lors des travaux de la Commission, affirmant que le document allait à l’encontre des valeurs culturelles et religieuses de la société. Elle a soutenu que ce texte « forçait les pays à adopter des législations contraires aux valeurs culturelles et religieuses », tout en insistant sur la nécessité pour l’ONU de respecter la diversité culturelle et religieuse des peuples.

Ce rejet n’était pas une position individuelle, mais reflétait une réaction officielle de l’organisation des Frères musulmans, qui était au pouvoir à cette époque. L’organisation considérait que le document contredisait les valeurs religieuses et culturelles de la société égyptienne et visait à modifier les concepts liés à la famille et aux relations homme-femme, jugés incompatibles avec la charia islamique.

Les Frères musulmans ont publié une déclaration officielle virulente affirmant que le document « supprimait la légitimité de la relation entre époux », établissant les relations entre hommes et femmes sur « une simple rencontre volontaire ». Ils ont également dénoncé ce qu’ils percevaient comme une tentative d’abolir le mariage précoce pour le remplacer par des « pratiques sexuelles précoces et des comportements déviants », selon leur interprétation religieuse.

La déclaration a également affirmé que le document contredisait les dispositions de la charia islamique inscrites dans la Constitution égyptienne. Bien que l’organisation ait déclaré soutenir les droits des femmes, elle a rejeté certains articles du document qu’elle considérait comme prônant « l’abolition de la polygamie », « l’égalité homme-femme dans l’héritage », et « le retrait du droit de divorce au mari ». Les Frères musulmans se sont également opposés aux articles visant à élever l’âge légal du mariage à 18 ans, à autoriser l’avortement et à fournir des moyens de contraception aux adolescentes.

Cette position a suscité de vifs débats dans les cercles politiques et de défense des droits humains, soulevant de nombreuses questions sur les droits des femmes sous le régime des Frères musulmans et les défis auxquels elles étaient confrontées.

L’organisation a également proposé une loi pour restructurer le Conseil national des femmes, suggérant de le placer sous l’autorité du Conseil de la Choura et de lancer un document alternatif reflétant leur vision des droits des femmes.

De son côté, l’ambassadrice égyptienne Mervat Tallawy, présidente du Conseil national des femmes à l’époque, a vivement critiqué le régime des Frères musulmans, qualifiant leur mandat de « pire période » de l’histoire des femmes égyptiennes.

Tallawy a souligné que la présidence de Mohamed Morsi avait vu une augmentation significative des violences contre les femmes, notamment les agressions sexuelles collectives lors de manifestations pacifiques, qu’elle considérait comme une tentative d’exclure les femmes de la vie publique.

Elle a également déclaré que le Conseil national des femmes avait préparé un projet de loi pour lutter contre la violence envers les femmes, mais que l’organisation des Frères musulmans avait bloqué son adoption, selon Sada El-Balad.

Enfin, il a été affirmé que le rejet par les Frères musulmans du document « Lutte contre toutes les formes de violence envers les femmes et les filles » révélait leur opposition aux tendances mondiales modernes en matière de droits des femmes et d’égalité entre les sexes.

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