Politique

Pourquoi la démission de Zelensky semble-t-elle impossible à l’heure actuelle ?


Alors que des responsables américains évoquent la possibilité d’un changement de leadership en Ukraine, des interrogations émergent quant à la faisabilité d’élections dans les circonstances actuelles.

Depuis plusieurs jours, des responsables de l’administration du président américain Donald Trump suggèrent que son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, pourrait devoir se retirer.

Cependant, des responsables et analystes ukrainiens ont déclaré à CNN qu’un changement de président à Kyiv provoquerait un blocage politique d’au moins six mois et nécessiterait un cessez-le-feu permanent avant l’organisation d’élections conformes aux normes internationales.

Trois obstacles majeurs

Trois obstacles principaux rendent la tenue de nouvelles élections en Ukraine difficile.

  1. Disponibilité des bureaux de vote : Seuls trois quarts des bureaux de vote en Ukraine sont actuellement opérationnels. Selon Serhiy Dubovyk, vice-président de la commission électorale ukrainienne, la préparation d’élections conformes aux « normes internationales » nécessiterait au moins six mois.
  2. Dispositions constitutionnelles : La Constitution ukrainienne stipule qu’en cas de démission du président, le président du Parlement prend l’intérim jusqu’à la tenue des élections.
  3. État de la loi martiale : L’Ukraine est actuellement sous loi martiale, ce qui interdit la tenue d’élections tant qu’elle n’est pas levée. Cela signifie qu’un cessez-le-feu durable, voire la paix, serait une condition préalable.

Que veut Trump ?

La question du futur de Zelensky est devenue plus pressante après que les conseillers les plus proches du président américain Donald Trump ont laissé entendre dimanche qu’il pourrait ne plus être le dirigeant dont l’Ukraine a besoin.

Lundi, Trump a répondu aux déclarations de Zelensky, qui affirmait que la fin de la guerre était « encore très, très loin », en précisant que les États-Unis ne toléreraient plus ce discours « encore longtemps ».

À l’inverse, le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, a affirmé que Trump ne cherchait pas à évincer le président ukrainien.

Quant à Zelensky, il a semblé rejeter l’idée d’une démission en s’adressant aux journalistes dimanche à Londres.

Il a déclaré :

« Il ne suffit pas d’organiser des élections, tout simplement. Il faudrait aussi m’empêcher d’y participer… Il faudrait négocier avec moi. »

Il a ensuite suggéré, comme il l’avait fait auparavant, qu’il pourrait démissionner si l’Ukraine obtenait l’adhésion à l’OTAN – une option que l’administration Trump a exclue à plusieurs reprises.

Il a même plaisanté en disant que l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN signifierait qu’il aurait « accompli sa mission ».

Des défis logistiques

Dans ce contexte, le vice-président de la commission électorale ukrainienne a expliqué que l’organisation rapide d’élections posait de nombreux problèmes pratiques.

Il a précisé :

« Premièrement, il faut lever légalement la loi martiale. Deuxièmement, il faut une phase de préparation, car le pays est en guerre et seuls 75 % des bureaux de vote sont opérationnels, y compris dans les territoires sous contrôle russe. »

Il a ajouté que la période de préparation de six mois mentionnée par les représentants de toutes les factions du Parlement ukrainien constituait un « délai raisonnable ».

Toutefois, il a admis qu’un délai plus court était envisageable, mais qu’il serait alors « impossible de garantir le respect total des normes internationales ».

Dubovyk et plusieurs autres responsables ukrainiens ont également souligné le défi logistique de permettre à environ 7 millions d’électeurs réfugiés à l’étranger de voter.

Sans oublier la problématique des soldats sur la ligne de front : il faudrait offrir la possibilité de voter et de se présenter aux élections à près d’un million de soldats ukrainiens.

Impossible… mais !

Olha Aivazovska, membre du groupe de réforme électorale Opora Civil Network, estime que :

« Nous devons rétablir toutes les libertés de mouvement et d’expression et organiser un processus électoral compétitif. »

Elle ajoute que la tenue d’élections en temps de guerre serait impossible car « anticonstitutionnelle ».

Elle conclut :

« Tout ce que nous avons aujourd’hui à cause de la guerre doit être modifié. Il en va de la réputation et de la légitimité de l’Ukraine. Sans légitimité, l’État ne survivra pas, car la Russie détruirait notre crédibilité et nous deviendrions alors un État en faillite. »

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