Moyen-Orient

Plans d’incursion terrestre au sud de Gaza : un climat propice à une approche agressive 


Après l’effondrement du cessez-le-feu, les dirigeants politiques et militaires examinent des plans pour lancer une nouvelle campagne terrestre qui pourrait inclure une occupation militaire de Gaza pendant plusieurs mois.

Les nouvelles tactiques israéliennes à Gaza devraient probablement inclure l’occupation totale du territoire pour plusieurs mois, un contrôle militaire direct sur l’aide humanitaire, ainsi que le ciblage accru des dirigeants civils du Hamas, selon le journal américain The Washington Post.

Le journal cite des responsables israéliens actuels et anciens, ainsi que d’autres sources informées, affirmant que ces nouvelles tactiques impliqueraient également l’évacuation des femmes, des enfants et des non-combattants vérifiés vers des « bulles humanitaires », ainsi que l’imposition d’un blocus aux personnes restantes, une version plus intense de la stratégie employée l’année dernière dans le nord de Gaza.

Les responsables israéliens déclarent qu’ils attendent toujours l’issue des négociations de cessez-le-feu et qu’aucune décision n’a encore été prise quant à l’intensification de l’offensive actuelle, qui repose principalement sur des frappes aériennes.

Cependant, si les tactiques les plus extrêmes étaient mises en œuvre, cela marquerait une escalade de la guerre et un changement stratégique majeur pour l’armée israélienne, dont les précédents dirigeants redoutaient un engagement prolongé à Gaza.

Selon des sources bien informées, une invasion et une occupation totale du territoire nécessiteraient la mobilisation de cinq divisions militaires. Toutefois, les forces israéliennes pourraient être mises à rude épreuve, d’autant plus que les réservistes expriment de plus en plus leurs doutes quant à l’engagement dans une guerre ouverte. Néanmoins, certains responsables estiment qu’une invasion totale permettrait d’atteindre l’objectif déclaré du Premier ministre Benjamin Netanyahu : éradiquer le Hamas.

Amir Avivi, ancien commandant adjoint de la division militaire de Gaza, a déclaré que la campagne militaire de l’année dernière avait été limitée par des désaccords entre les dirigeants politiques et militaires sur les tactiques et stratégies à adopter, ainsi que par les préoccupations de l’administration Biden concernant les pertes civiles palestiniennes.

Il a ajouté : « Il y a maintenant un nouveau commandement à la tête de l’armée israélienne, un soutien des États-Unis, un stock suffisant de munitions, et nous avons achevé nos principales missions au nord. Nous pouvons donc nous concentrer sur Gaza. » Il a poursuivi : « Les plans sont décisifs… Une attaque totale est à prévoir, et ils ne s’arrêteront pas avant d’avoir totalement éliminé le Hamas. »

Les responsables israéliens assurent toutefois qu’ils restent disposés à négocier avec le Hamas avant de lancer une invasion d’envergure. Malgré les frappes aériennes menées à l’aube du mardi précédent et les incursions terrestres limitées, Israël affirme ne pas avoir violé l’accord de cessez-le-feu.

Un responsable israélien a précisé que, au seizième jour de la trêve, les responsables israéliens avaient fixé leurs conditions pour entrer dans la deuxième phase de l’accord, mais que le Hamas les avait rejetées. Il a également refusé la proposition de l’émissaire spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, qui prévoyait une prolongation du cessez-le-feu de quarante jours en échange de la libération de onze otages en vie. Le Hamas a proposé à la place de libérer un seul otage américano-israélien.

Selon ce même responsable, Israël a décidé de reprendre la guerre en s’appuyant sur une clause de l’accord permettant la reprise des combats en cas d’échec des négociations. Il a ajouté que la proposition de Witkoff « reste sur la table, mais nous sommes retournés à la négociation par d’autres moyens ».

Israël affirme avoir détruit presque toutes les 24 brigades du Hamas, ne laissant que quelques milliers de combattants dans Gaza. Toutefois, pour anéantir complètement le mouvement, une prise de contrôle totale du territoire serait nécessaire, ce que certains officiers et analystes estiment être une entreprise à haut risque.

Sascha-Dominik Dov Bachmann, expert en stratégie militaire à l’Université de Canberra, a déclaré : « Nous pensons que les Israéliens échoueront… Cela minerait les fondements moraux et éthiques d’Israël. »

Les partisans d’une offensive plus longue et plus intense à Gaza estiment que la campagne de l’année dernière n’a fait que permettre au Hamas de resurgir de ses tunnels, vêtu d’un uniforme officiel impeccable. Ils considèrent que la conjoncture politique est désormais favorable à une pression militaire accrue et à une prise de contrôle du territoire si nécessaire.

L’année dernière, l’administration Biden avait refusé d’envoyer à Israël une cargaison de bombes de 2 000 livres tant qu’elle n’autorisait pas l’entrée d’une aide humanitaire plus importante à Gaza et ne s’efforçait pas davantage de limiter les pertes civiles. En revanche, Trump a approuvé la vente de ces bombes. Des responsables israéliens ont confirmé que leur pays avait consulté l’administration américaine avant de couper totalement l’aide à Gaza en mars.

Par ailleurs, la direction de l’appareil militaire israélien est devenue plus intransigeante avec la nomination d’Israël Katz au poste de ministre de la Défense et d’Eyal Zamir comme chef d’état-major de l’armée, en remplacement de Yoav Galant et Herzi Halevi, qui s’étaient parfois opposés à Netanyahu sur la gestion de l’aide humanitaire et le ciblage des responsables civils du Hamas.

La semaine dernière, Israël semblait adopter une approche plus agressive, en menant des frappes aériennes que Katz a comparées à « l’ouverture des portes de l’enfer ». Yossi Kuperwasser, ancien responsable du renseignement militaire israélien et président de l’Institut de Jérusalem pour la stratégie et la sécurité, a déclaré : « L’opposition à une approche plus offensive a diminué avec Zamir et Katz… Ils sont bien plus enclins à une stratégie plus agressive. »

Il a ajouté : « Le gouvernement s’est engagé à évincer le Hamas du pouvoir… Mais l’establishment sécuritaire ne voyait pas cela d’un bon œil, préférant se concentrer davantage sur les capacités militaires du Hamas que sur ses infrastructures civiles. Cependant, une fois que le Hamas aura été expulsé de Gaza, l’armée israélienne devra assumer le contrôle du territoire. »

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