Plans de réarmement de l’Europe : Ambition réaliste ou tromperie de soi ?

Les efforts de l’Union européenne pour reconstruire ses capacités de défense font face à un scepticisme croissant, car le financement nécessaire à cette mission reste entouré d’une grande ambiguïté.
Selon « Responsible Statecraft », les tentatives de l’UE de réduire sa dépendance vis-à-vis des États-Unis rencontrent d’importants défis dans le financement de ses plans de réarmement, estimés à environ 876 milliards de dollars.
Malgré des idées innovantes comme la création d’une banque de réarmement, des doutes persistent quant à la faisabilité de ces plans dans des conditions économiques fragiles et avec des dettes publiques élevées.
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Le plan de 800 milliards d’euros
La Commission européenne a récemment dévoilé un plan d’une valeur de 800 milliards d’euros (876 milliards de dollars) pour réarmer les forces.
Le plan consiste essentiellement à imposer une augmentation massive des dépenses de défense à chaque État membre, avec environ 650 milliards d’euros (712 milliards de dollars) provenant de chaque pays des 27 membres, augmentant les dépenses de défense de 1,5 % du PIB au-dessus des niveaux actuels.
Cependant, le principal obstacle réside dans la mise en œuvre de cette augmentation, en particulier avec l’augmentation des dettes dans des pays majeurs comme la France (113 % du PIB) et l’Italie (136 % du PIB), ce qui porte le coût annuel du plan à 47 milliards de dollars pour la France et à 34,7 milliards de dollars pour l’Italie.
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La banque de réarmement : une solution fictive à la crise de financement ?
Des pays comme la Pologne ont cherché à introduire l’idée d’une « banque de réarmement » pour attirer des investissements privés afin de soutenir les industries de défense.
Bien que l’idée semble attrayante, surtout avec les dépenses actuelles de l’Europe pour les équipements militaires qui avoisinent les 113 milliards de dollars par an, des inquiétudes grandissent sur le fait de transférer le fardeau des coûts au secteur privé sans garanties d’efficacité ou de capacités supplémentaires.
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Le cauchemar nucléaire et l’érosion des ressources humaines
Les programmes nucléaires arrivent en tête des défis financiers, avec des dépassements budgétaires de 62 %, comme le programme de sous-marins nucléaires conjoint avec les États-Unis, « AUKUS ».
En revanche, les ressources allouées aux ressources humaines diminuent ; le Royaume-Uni a enregistré une réduction de 10 % des dépenses militaires réelles depuis 2010, avec une coupe de 3,2 milliards de dollars dans le budget des salaires militaires pour 2024, ce qui menace le moral des troupes et complique les efforts de recrutement.
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Le problème de densité militaire
Malgré les plans massifs, les armées européennes souffrent toujours d’une faible densité militaire comparée à la Russie et à l’Ukraine. Les experts doutent que les augmentations proposées des dépenses, axées sur la technologie et l’équipement, puissent combler l’écart en nombre humain, surtout avec la résistance des gouvernements à augmenter les dépenses en période de récession économique possible.
Les initiatives européennes sont également confrontées à un profond scepticisme quant à leur capacité à réaliser une véritable transformation de la défense. Le plan européen de prêts de défense de 150 milliards de dollars destiné à soutenir l’Ukraine diffère fondamentalement de l’idée de la banque d’investissement britannique-polonais, ce qui complique le processus de coordination.
Les observateurs soulignent que les plans actuels pourraient ne se résumer qu’à une « circulation de fonds fictifs » en l’absence d’une vision stratégique unifiée et de pressions économiques croissantes, ce qui reproduirait les crises passées sans solutions radicales.