Moyen-Orient

Nous ne voulons plus entendre le mot évacuation : la voix des Gazaouis face aux plans de déplacement


Alors que les habitants de la bande de Gaza luttent pour survivre au milieu d’une guerre sans fin, un nouveau plan israélien vient aggraver la souffrance de civils déjà épuisés par les déplacements successifs.

Le dernier plan d’Israël, baptisé « Chariots de Gédéon », visant à déplacer les habitants du nord de Gaza, a suscité une vague de désespoir parmi les Palestiniens, dont beaucoup ont déjà été déplacés à plusieurs reprises depuis le début de la guerre.

Ce projet de déplacement risque d’aggraver une situation humanitaire déjà catastrophique dans la bande de Gaza, où la famine s’intensifie depuis qu’Israël a imposé un blocus sur l’aide humanitaire en mars dernier. Cette semaine, l’ONU a mis en garde contre une « catastrophe humanitaire croissante ».

« Nous ne voulons plus entendre le mot évacuation »

« Nous ne voulons même plus entendre le mot évacuation », confie Anis Junaid, 31 ans, Palestinien déplacé vivant dans un abri temporaire au nord de Gaza, au journal New York Times.

Il précise que sa famille a été déplacée au moins six fois depuis le début de la guerre en octobre 2023.

« Le déplacement signifie la mort, l’humiliation et l’errance », ajoute-t-il.

Mercredi, environ 60 personnes ont été tuées lors de frappes israéliennes sur Gaza, dans un contexte humanitaire de plus en plus dramatique, alors que la communauté internationale condamne le projet israélien d’intensifier son offensive dans ce territoire dévasté et assiégé.

Lundi, les autorités israéliennes ont annoncé la mobilisation de dizaines de milliers de réservistes afin d’élargir l’opération militaire dans la bande de Gaza.

Les dirigeants israéliens espèrent que cette pression obligera le Hamas à faire des concessions dans les négociations de cessez-le-feu et à libérer les otages toujours détenus dans l’enclave.

Un porte-parole du Hamas a déclaré mardi que le mouvement n’était plus intéressé à participer aux négociations de cessez-le-feu.

D’après le New York Times, toute cette situation ne fait qu’amplifier le sentiment de désespoir chez les civils gazaouis.

À bout de souffle

Wafaa Al-Ghouti, 35 ans, comptable et mère de cinq enfants, affirme avoir été déplacée sept fois depuis le début du conflit. Elle vit actuellement dans une tente sur la côte sud de Gaza.

« La situation est extrêmement difficile, non seulement à cause des déplacements répétés, mais aussi à cause de la faim et de l’impossibilité de trouver ne serait-ce qu’un morceau de pain. À chaque fois que nous pensons être installés, nous devons fuir de nouveau », confie-t-elle.

Il ne lui reste plus qu’un seul sac de pâtes à cuisiner dans les prochaines 24 heures.

« Parfois, on est tellement absorbés par la survie — chercher de la nourriture et des médicaments pour les enfants — qu’on en oublie même de suivre les nouvelles », ajoute-t-elle.

« Mais cette annonce (du plan israélien) a été un véritable choc », poursuit-elle, expliquant avoir déjà préparé un petit sac avec des vêtements et les papiers importants de ses enfants, par précaution.

Cela fait désormais près de deux mois qu’Israël a rompu le cessez-le-feu en mars, relançant son offensive militaire après l’échec des négociations.

Depuis, les frappes aériennes quasi quotidiennes et les opérations terrestres se sont intensifiées, faisant des milliers de morts et de blessés.

Selon l’ONU, plus de 1,9 million de personnes — soit la majorité de la population de Gaza — ont été déplacées depuis le début du conflit.

La situation humanitaire s’est considérablement détériorée ces dernières semaines en raison du blocus israélien sur les aides. La plupart des boulangeries sont fermées, les stocks alimentaires sont épuisés et les fournitures médicales extrêmement limitées.

Israël affirme que son blocus est légal et que Gaza dispose encore de réserves suffisantes.

Mais Anis Junaid affirme qu’il lutte pour obtenir le strict minimum pour ses deux enfants. Sa famille ne mange qu’un seul repas par jour.

« Chaque heure qui passe est pire que la précédente », dit-il, la voix chargée de frustration.

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