Netanyahou demande d’accélérer la prise de contrôle de Gaza malgré les avertissements

Le mouvement Hamas considère l’adoption par Israël d’un plan militaire comme un mépris des efforts de médiation, et tient Tel-Aviv et Washington pour pleinement responsables des conséquences de l’opération.
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Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a ordonné d’accélérer la prise de contrôle de Gaza, plus rapidement que prévu initialement, en dépit des pressions internationales croissantes pour mettre fin à la guerre, des avertissements sur une crise humanitaire catastrophique et des inquiétudes renouvelées quant au sort des otages israéliens.
La décision d’intensifier l’assaut contre « les derniers bastions du Hamas » soulève des interrogations sur les chances d’un règlement pacifique, dans un contexte de divergences persistantes entre les parties concernées et d’escalade des tensions sur le terrain.
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Mercredi soir, le bureau de Netanyahou a déclaré qu’il fallait réduire « le calendrier de prise de contrôle des derniers bastions terroristes et de défaite du Hamas », sans donner davantage de précisions.
Cette annonce coïncide avec l’approbation par le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, d’un plan militaire visant à s’emparer de la ville de Gaza et avec la convocation de 60 000 réservistes pour sa mise en œuvre, alors qu’un éventuel accord de trêve reste en attente de réponse officielle d’Israël, après près de 22 mois de guerre.
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Hamas a rapidement dénoncé cette démarche israélienne, la qualifiant de « mépris » envers les efforts de médiation arabe et internationale pour mettre fin au conflit. Dans un communiqué, le mouvement a affirmé que l’annonce de l’armée israélienne concernant l’opération dite « Chariots de Gédéon 2 » contre Gaza représentait une intensification d’« une guerre génocidaire » qui dure depuis plus de 22 mois, et une négation des efforts diplomatiques en cours.
Hamas a accusé Netanyahou de bloquer tout accord susceptible d’arrêter la guerre et de permettre la libération des otages israéliens. Selon le mouvement, « le refus de Netanyahou de répondre à la proposition des médiateurs prouve qu’il est le véritable obstacle à tout accord, indifférent à la vie de ses captifs et non sincère dans sa volonté de les récupérer ».
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Depuis le 7 octobre 2023, date du déclenchement de la guerre entre Israël et Hamas, plusieurs cycles de négociations ont eu lieu sous médiation qatarie, égyptienne et américaine. Deux trêves temporaires ont permis des échanges de prisonniers palestiniens contre des otages israéliens, sans pour autant déboucher sur une cessation durable des hostilités ni sur la libération de tous les captifs.
Lundi dernier, Hamas avait fait savoir au Qatar et à l’Égypte son accord sur une nouvelle proposition de trêve, tandis que Le Caire soulignait que « la balle était désormais dans le camp d’Israël ».
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Hamas a par ailleurs averti qu’Israël et les États-Unis portaient « l’entière responsabilité des conséquences de cette opération criminelle ».
Ces développements accentuent l’angoisse des familles d’otages israéliens détenus à Gaza, dont certaines ont manifesté mercredi près de la frontière pour réclamer la libération de leurs proches.
La marche est partie du kibboutz Be’eri jusqu’au site du festival de musique Nova, en passant par deux lieux attaqués le 7 octobre 2023, au moment où un porte-parole militaire annonçait le passage à une nouvelle phase de la guerre.
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Les proches des 50 otages restants, dont au moins 20 seraient encore vivants, redoutent le pire. « La pression militaire ne sauve pas les otages, elle les tue », a déclaré Ofer Braslavsky, père de Rom, un jeune détenu apparu amaigri et très affaibli dans une vidéo diffusée par Hamas début août.
Il a ajouté : « 42 otages sont entrés à Gaza sur leurs deux jambes… et sont revenus dans des sacs mortuaires. Je ne veux pas que mon fils soit le 43e ! Mon fils est affamé, assoiffé, terrorisé, torturé et en train de mourir. Personne n’a le droit de le condamner à mort ».
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De son côté, Maccabit Meir, tante des jumeaux Gali et Ziv Berman, a accusé Netanyahou d’avoir mobilisé des dizaines de milliers de réservistes pour « une mission sans objectif » qui met en danger « nos êtres chers ».
Alors qu’un porte-parole militaire, Evi Diveren, affirmait mercredi soir que l’armée avait déjà pris le contrôle des faubourgs de Gaza, l’incertitude demeure sur le déclenchement de l’assaut terrestre majeur. Selon des médias, l’évacuation des habitants de la plus grande ville de l’enclave vers des camps de réfugiés au centre du territoire pourrait commencer début octobre.
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Depuis plus d’une semaine, l’armée israélienne mène de vastes opérations dans plusieurs quartiers de Gaza, notamment Zeitoun, Sabra et Tel al-Hawa.
Les pressions internes et internationales sur Israël pour mettre fin à la guerre s’intensifient.
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé jeudi, depuis le Japon, à un « cessez-le-feu immédiat à Gaza » afin d’éviter « mort et destruction inévitables » dans le cas d’une offensive contre la ville. Il a également réclamé la libération inconditionnelle des otages.
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L’Allemagne a exprimé mercredi sa « réticence face à l’escalade » de l’offensive israélienne, jugeant de plus en plus difficile de voir en quoi ces actions permettraient de libérer tous les otages ou de parvenir à un cessez-le-feu.
Le président français Emmanuel Macron a, lui aussi, critiqué le plan de prise de Gaza, estimant que l’opération militaire envisagée « ne mènerait qu’à une véritable catastrophe pour les deux peuples ».
Une partie importante de l’opinion israélienne réclame également un cessez-le-feu pour éviter de mettre davantage en danger les otages.
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Parallèlement, les Nations unies et plusieurs États exhortent Israël à autoriser l’acheminement d’aide humanitaire à Gaza, menacée par la famine.
Mardi, un photographe de l’AFP a capté des scènes de Palestiniens se ruant sur des sacs de farine distribués à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza. « C’est ce qu’on appelle l’or blanc », s’est exclamée Shouq al-Badri, souriante, un sac de farine sur l’épaule. « Il comblera la faim de mes enfants ».
L’attaque du Hamas contre Israël a fait 1 219 morts, en majorité des civils, selon des données officielles.
Depuis le début de la guerre, les bombardements et opérations israéliens ont tué au moins 62 122 personnes, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas, des chiffres jugés crédibles par l’ONU.
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