Politique

Négociations sur l’Ukraine : six garanties et un point de désaccord majeur


Cette semaine, des représentants américains se sont rendus en Allemagne dans le but de convaincre le président ukrainien Volodymyr Zelensky d’accepter un éventuel accord de règlement visant à mettre fin à la guerre, alors que des informations font état de progrès significatifs vers un accord de cessez-le-feu.

Le président américain Donald Trump a affirmé que l’accord était désormais « plus proche que jamais » à l’issue des discussions tenues à Berlin, auxquelles ont participé l’envoyé spécial de la Maison-Blanche, Steve Witkoff, ainsi que le gendre de Trump, Jared Kushner, selon le journal britannique The Times.

Zelensky a déjà montré sa disposition à consentir à d’importantes concessions, notamment l’organisation d’élections dans un délai de 60 à 90 jours après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, ainsi que l’abandon des ambitions de l’Ukraine d’adhérer à l’OTAN.

À l’issue des pourparlers, un groupe de 12 pays européens, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France, a défini un ensemble de lignes rouges représentant leurs engagements vis-à-vis de tout accord de paix.

Les garanties européennes fondamentales

Première garantie : fournir un soutien continu et substantiel à l’Ukraine afin de renforcer ses forces armées et de maintenir leur effectif à environ 800 000 soldats en temps de paix, de manière à assurer une capacité de dissuasion crédible et la défense du territoire ukrainien.

Ce plafond constitue une augmentation notable par rapport à la proposition russe initiale, qui limitait l’armée à 600 000 soldats, alors que les forces ukrainiennes comptaient environ un million de militaires au début de l’année.

Deuxième garantie : la mise en place d’une force multinationale dirigée par l’Europe, dans le cadre d’une « coalition des volontaires », avec le soutien des États-Unis, afin d’aider l’Ukraine à reconstruire ses forces, à sécuriser son espace aérien et à garantir la sûreté maritime, y compris par des opérations menées sur le territoire ukrainien.

Le principal défi réside dans le degré de dépendance de cette force aux capacités de renseignement américaines, car sans elles, son efficacité serait fortement limitée.

Troisième garantie : la création d’un mécanisme de surveillance et de vérification du cessez-le-feu, placé sous direction américaine avec une participation internationale, destiné à fournir des alertes précoces en cas de futures attaques, à déterminer les responsabilités en cas de violations et à œuvrer à des mesures de désescalade.

Bien que les États-Unis disposent de la plus grande flotte de satellites militaires, des interrogations subsistent quant à la suffisance de ces garanties, notamment à la lumière de l’opération militaire russe en Ukraine en février 2022, malgré les avertissements préalables des services de renseignement.

Quatrième garantie : un engagement juridique contraignant à prendre les mesures nécessaires pour rétablir la paix et la sécurité en cas de future attaque armée. Cela pourrait inclure le recours à la force militaire, une assistance en matière de renseignement et de logistique, ainsi que des mesures économiques et diplomatiques. Zelensky demeure toutefois prudent quant au degré réel d’engagement des États à défendre l’Ukraine en cas de nouvelle agression, en particulier après l’abandon de l’option d’adhésion à l’OTAN.

Cinquième garantie : investir dans la prospérité future de l’Ukraine par l’allocation de ressources importantes à la reprise économique et à la reconstruction, la conclusion d’accords commerciaux réciproques et l’exigence que la Russie indemnise l’Ukraine pour les dommages subis. Les avoirs russes gelés dans les banques européennes, estimés à 210 milliards d’euros, constituent un levier de pression majeur, même si le contrôle de leur utilisation reste entre les mains des autorités européennes, et non des États-Unis.

Sixième garantie : un soutien fort à l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Zelensky a reçu l’assurance que l’Ukraine pourrait rejoindre l’UE d’ici janvier 2027, mais il s’interroge sur l’acceptation de cette perspective par la Russie et sur la possibilité que Moscou cherche à l’empêcher par tous les moyens.

Le point de désaccord majeur

Le point le plus sensible concerne la question territoriale. La Russie exige que l’Ukraine renonce à l’ensemble de la région orientale du Donbass, riche en charbon, y compris les villes fortifiées de Donetsk que Moscou n’est pas parvenue à contrôler au cours de dix années de conflit.

Zelensky craint que toute concession territoriale accroisse la vulnérabilité de l’Ukraine face à de futures attaques, ce qu’il rejette fermement. Tandis que les pays européens refusent de permettre au président Vladimir Poutine de redessiner les frontières par la force, le président Trump semble considérer que l’abandon du Donbass constitue le prix nécessaire à la paix, déclarant : « Ils ont déjà perdu ces territoires, franchement ».

Ces engagements et ce point de désaccord majeur illustrent l’ampleur des complexités entourant tout accord de paix potentiel, où les dimensions militaires, politiques et géostratégiques s’entremêlent, rendant l’issue de l’accord tributaire d’un équilibre délicat entre concessions et garanties internationales.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page