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Naim Qassem n’écarte pas l’éclatement d’une nouvelle guerre avec Israël


Naim Qassem, secrétaire général du Hezbollah, ne décline pas la possibilité d’un nouveau conflit avec Israël, exigeant de ce dernier l’application du cessez-le-feu et réaffirmant la position officielle de son mouvement qui consiste à conserver ses armes « pour faire face à Israël et défendre le Liban et la région », alors que croissent les pressions internes et externes en faveur du monopole étatique de la force.

Qassem a réitéré que la conservation de l’arsenal constitue, selon lui, un choix fondé sur ce qu’il appelle les « composantes de la défense et de la résistance », et il imputait à Washington et à Tel-Aviv la responsabilité de ce qu’il qualifie d’efforts visant à nuire au Liban et à l’entraîner dans des conflits régionaux. Ce discours, conjugué à l’insistance du président de la République Michel Aoun pour que l’État exerce seul le droit de porter les armes, remet au premier plan la question du devenir de la stabilité interne et le risque d’une dégradation susceptible d’emporter la fragile situation actuelle.

Dans une interview accordée à la chaîne al-Manar à l’occasion de l’anniversaire de sa nomination à la tête du mouvement, Qassem a répété que la « résistance » ne cherche pas à déclencher une guerre, mais agit en légitime défense lorsqu’elle est ciblée, affirmant que le principe de la riposte est intangible car tout recul constituerait « une concession menant à la perte du territoire et de l’existence ». Il a précisé que « la phase de soutien à Gaza » avait été totalement défensive depuis son déclenchement jusqu’à sa conclusion, et que l’objectif de leurs opérations était la protection des terres et la riposte contre ce qu’ils considèrent comme une agression et une occupation.

À plusieurs reprises au cours de son entretien, Qassem a averti qu’un laxisme pourrait ouvrir la voie à des velléités d’expansion israélienne, déclarant que « si nous ne ripostons pas à Israël, au lieu qu’elle se contente d’un pouce de terre, elle occupera toute la terre ». Il a ajouté que la résistance, selon lui, est en mesure de défendre le pays même dans les pires scénarios : « Si tout ce qu’il nous reste est une planche, nous n’autoriserons pas l’Israélien à passer… nous le combattrons même s’il ne reste aucun homme ni aucune femme parmi nous ».

Toutefois, cette justification du maintien des armes par le Hezbollah comporte des implications politiques et sécuritaires internes. L’insistance du mouvement à conserver son arsenal intervient alors que Washington accroît ses pressions et qu’Israël multiplie les menaces, tandis que le président Michel Aoun réaffirme le principe du monopole étatique. Cette tension entre la logique de la « légitimité institutionnelle » et la perspective défendue par la « résistance » pourrait alimenter de nouvelles tensions au Liban, en particulier si les institutions ne parviennent pas à répondre de manière crédible aux défis frontaliers et aux attaques.

Qassem a laissé entendre une forme de coopération limitée avec l’État lorsqu’il a évoqué que le parti avait « confié la charge aux institutions » durant la période de trêve et de consensus, et qu’il avait attendu que l’autorité assume ses responsabilités en matière de défense et d’affirmation de la souveraineté. Il a néanmoins critiqué ce qu’il considère comme une inaction officielle, affirmant : « Dix mois se sont écoulés et vous n’êtes pas capables de bouger, même un peu », tenant l’État pour responsable de la reprise de l’initiative face aux menaces israéliennes. Ces déclarations traduisent une double posture : une reconnaissance formelle du rôle de l’État, associée à un refus effectif de toute décision susceptible de remettre en cause la détention des armes, perçue comme un élément essentiel de dissuasion par le parti.

Sur le plan international, Qassem a intensifié ses accusations contre les États-Unis et Israël, les accusant de vouloir saper la stabilité interne libanaise via des politiques destinées à créer des divisions et à affaiblir certaines composantes politiques. Il estime que l’objectif de ces pressions est de permettre aux États-Unis d’obtenir des gains politiques que l’option militaire n’a pas permis à Israël de réaliser. Dans ce contexte, il a vivement critiqué ceux qu’il a qualifiés d’« ennemis », mettant en garde contre le risque de violation des accords de cessez-le-feu qui avaient instauré un cadre relatif de désescalade.

L’avertissement majeur tient au fait que le maintien d’un arsenal hors du cadre de l’État porte en lui le risque d’une escalade : soit par la reprise des hostilités avec Israël, soit par l’exacerbation des divisions internes quant à la légitimité du recours aux armes et aux mécanismes de contrôle. Certains analystes estiment que le Liban pourrait connaître « davantage d’escalade » si persiste un discours qui légitime la force comme solution aux différends, tandis que d’autres estiment que le Hezbollah calcule ses options en équilibrant la nécessité de préserver la « dissuasion » et l’impératif d’éviter une guerre généralisée susceptible de ruiner le pays.

Dans sa perspective historique, Qassem a renvoyé à l’expérience de la résistance depuis 1982, jugeant qu’elle « a libéré le Liban et infligé une leçon à Israël », et s’appuie sur ce bilan pour justifier la continuation de la détention d’armes comme droit légitime de défense tant que l’ennemi menace le territoire. S’il a assuré que le parti est ouvert à coordonner toute forme de résistance populaire avec l’armée, il a souligné que « c’est l’État libanais qui décide de la manière dont il veut agir à l’intérieur pour traiter le problème des armes et non-armes », affirmant qu’Israël n’a aucune légitimité à intervenir dans les décisions internes libanaises.

En conclusion, il a répété que l’option de la « résistance » était une option défensive et permanente : « Notre décision est de défendre et de résister jusqu’au dernier souffle ; que l’ennemi essaie d’enlever les armes par lui-même ». Mais cette formule, aussi déterminée soit-elle, suscite de sérieuses interrogations quant à l’avenir du pacte social au Liban, surtout si de telles positions s’accompagnent d’une intensification des pressions extérieures et des menaces militaires susceptibles d’entraîner une radicalisation des postures locales.

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