L'Europe

Musulmans de France : un paravent frériste qui ronge la Cinquième République


Barbes soigneusement taillées, tenue discrète, discours modéré : en apparence, rien ne laisse transparaître le moindre radicalisme. Bien au contraire, leurs représentants s’efforcent d’adopter une posture de modération.

Un profil sans aspérité, qui ne suscite aucun soupçon dans une France multiculturelle, où cohabitent nationalités et religions depuis l’avènement de la Cinquième République en 1958. Pourtant, dans l’ombre, les griffes s’aiguisent pour effacer ce vernis rassurant.

C’est ainsi que les Frères musulmans se sont immiscés dans les rouages de la société et de l’État français, d’abord sous l’étiquette de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), avant de devenir « Musulmans de France » en 2017.

Sous ce paravent, et à travers une stratégie progressive et silencieuse, l’organisation a pénétré la société sans signes visibles de radicalisme. Ce n’est qu’après les premières phases de recrutement que les masques tombent, révélant le vrai visage du projet idéologique.

De nombreux experts et responsables politiques français avaient déjà tiré la sonnette d’alarme, avant qu’un rapport des services de renseignement ne vienne confirmer la profondeur de l’implantation du mouvement et la multiplicité de ses rôles dans la vie religieuse et sociale du pays.

Dans un document confidentiel de 76 pages, les services de renseignement français dressent une cartographie de l’influence des Frères musulmans en France, à travers « Musulmans de France », ex-UOIF.

Un paravent idéologique ?

Selon ce rapport officiel, « Musulmans de France » constitue la branche française des Frères musulmans. Son président actuel, figure connue à Marseille et responsable des mosquées Maryam et Ibn Khaldoun, est identifié comme l’un des cadres historiques du mouvement.

Malgré des rencontres cordiales avec les autorités, le manque de coopération dans la remise des documents officiels a renforcé les soupçons quant au caractère fermé et structuré de l’organisation.

Fait marquant : plusieurs dirigeants du groupe ont occupé des fonctions publiques et partagent des adresses communes avec l’association à Garges-lès-Gonesse, soulignant la porosité entre les activités cultuelles et les engagements civiques.

Chiffres et réseaux

Le rapport estime que la branche française des Frères musulmans compte entre 400 et 1 000 membres officiels. L’organisation administre 139 lieux de culte, dont 68 directement affiliés, répartis sur 55 départements, ce qui représente environ 7 % des mosquées françaises.

Entre 2010 et 2020, 45 nouvelles mosquées ont rejoint l’organisation, soit 10 % des lieux de culte ouverts sur cette période.

Structure complexe et ramifications préoccupantes

« Musulmans de France » opère à travers 53 associations religieuses, dont 31 sont actives et dirigées par des représentants locaux. Elle s’appuie également sur un réseau de 280 associations œuvrant dans les domaines de l’éducation, de la jeunesse, de la finance et de l’action caritative.

L’organisation déclare coopérer avec 51 autres associations qui gèrent des mosquées, tout en possédant directement 26 lieux de culte.

Malgré une forte baisse de financement au cours des cinq dernières années, qui a réduit son budget de moitié, elle continue de bénéficier de fonds étrangers.

Le rapport cite deux pays étrangers comme principaux contributeurs, finançant projets et mosquées dans des villes telles que Strasbourg, Mulhouse, Marseille ou Schiltigheim. Le l’Institut européen des sciences humaines (IESH), centre de formation des cadres du mouvement, figure également parmi les bénéficiaires.

Une stratégie d’influence bien rodée

L’organisation a misé sur la création de Sociétés civiles immobilières (SCI) pour se doter de revenus durables et ériger ses propres institutions sous couvert culturel et éducatif.

Des événements comme le Festival des musulmans au Bourget, qui a attiré des centaines de milliers de visiteurs au cours de la dernière décennie, ont constitué une vitrine pour élargir son réseau de soutien et de recrutement.

Ce rapport intervient dans un contexte d’inquiétudes croissantes en France face à la montée de l’islam politique, alors que des voix s’élèvent pour renforcer la laïcité et surveiller les financements étrangers des associations religieuses.

Des spécialistes de la lutte contre la radicalisation mettent en garde : les Frères musulmans restructurent leurs réseaux sous de nouvelles appellations, profitant du cadre associatif et des libertés religieuses françaises pour étendre leur influence.

Dans ce contexte, Florence Bergeaud-Blackler, politologue et spécialiste de l’islam politique au CNRS, déclare dans Le Parisien : « Le danger des Frères musulmans réside dans leur usage des outils démocratiques et associatifs pour imposer, à long terme, un projet islamiste global qui menace la laïcité et l’unité nationale. »

Et d’ajouter : « Les organisations affiliées aux Frères œuvrent à encadrer les musulmans dans des espaces parallèles, affaiblissant leur intégration et creusant un fossé avec les institutions de la République. »

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