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Mort de Mahsa Amini : l’expertise médico-légale éteint-elle le volcan de la colère en Iran?


Dans le climat de colère qui règne en Iran, la police scientifique rend un rapport sur la mort de Mahsa Amini, un événement qui a provoqué une indignation inébranlable depuis des semaines.

Vendredi, la Commission de médecine judiciaire de l’Iran a rendu public les résultats de son enquête de plusieurs jours après la mort d’Amini, qui a déclenché une vague de manifestations massives dans le pays. Elle a levé les slogans réclamant le départ du régime iranien et la liberté des femmes.

Le rapport de la commission iranienne, indique que « la mort de Mahsa Amini a été le résultat d’une maladie latente liée à une opération chirurgicale à l’âge de huit ans ».

Il a ajouté que « sur la base des dossiers médicaux de l’hôpital concernant l’opération précédente, Mahsa Amini, les scanners TDM et les poumons, les résultats de l’examen physique, le défraichissement et les analyses pathologiques, il a été établi que la mort ne résultait pas d’une blessure à la tête ou à des organes et des éléments vitaux du corps ».

La déclaration de l’Iran indiquait qu’« à la suite d’une intervention chirurgicale de Mahsa Amini à l’âge de huit ans, la défunte souffrait de troubles de l’axe subthyroïde, de l’hypothyroïde et d’autres glandes, y compris la glande surrénale et la thyroïde ».

Il a conclu que « du fait de cette maladie fondamentale, la mort a été traitée avec de l’hydrocortisone, de la lefothéroxine et de la désintoxication ».

Le rapport ajoute que « le 13 Septembre dernier, à 19 h 56 (heure locale), Mahsa Amini a perdu soudainement sa conscience et est tombée sur le sol en raison de la maladie de base, et la défunte n’a pas les moyens de réparer et de s’adapter à la situation, et donc dans les circonstances décrites ci-dessus, est tombée sur le sol ».

Il explique que Mahsa Amini « souffre de troubles du rythme cardiaque et de la pression artérielle, et par conséquent de la méconnaissance, en raison de l’inactivité de la réanimation cardiovasculaire dans les premières minutes critiques, d’une hypoxie sévère et des lésions cérébrales qui en résultent ».

L’Organisation médicale de la Justice d’Iran indique que, « malgré le retour des fonctions cardiaques après le rétablissement du personnel d’urgence, le soutien respiratoire n’a pas fonctionné et bien qu’elle ait été transférée à l’hôpital, la patiente est morte d’une défaillance organique causée par un manque d’oxygène cérébral ».

À ce jour, aucune décision officielle n’a été prise par la famille de Mahsa Amini ou son avocat au sujet de ce qui a été mentionné par la médecine judiciaire iranienne.

Arrestations

Sur un plan connexe, des organisations iraniennes de défense des droits de l’homme ont rapporté vendredi que les forces de sécurité avaient arrêté plus de 300 militants politiques, civils et étudiants pendant la vague de protestations qui avait suivi la mort de Mahsa Amini à Téhéran au milieu du mois dernier.

La chaîne Iran International, basée à Londres, a rapporté des informations provenant d’organisations de défense des droits de l’homme, notamment de la Commission de suivi des personnes arrêtées en Iran, selon lesquelles « plus de 300 militants politiques, civils et étudiants ont été arrêtés lors de manifestations qui ont eu lieu dans tout le pays », ajoutant que « seulement 100 étudiants de différentes universités ont été arrêtés ».

Le rapport ajoute que « cette statistique n’est pas la même que celle des milliers de manifestants arrêtés par les autorités officielles (…) lors des manifestations ».

De son côté, l’organisation des droits de l’homme Hangao, qui couvre les zones kurdes de l’Iran, a révélé l’arrestation de plus de 2 000 citoyens kurdes, ajoutant qu’elle « a pu identifier plus de 400 personnes arrêtées ».

L’arrestation de 30 journalistes, dont Alha Mohammadi, qui a couvert les funérailles de Mahsa Amini, a aussi été signalée, tandis que la Fédération internationale des journalistes et Reporters sans frontières ont signalé l’arrestation de 19 journalistes lors du soulèvement iranien.

Brouillage sur « persan »

Dans le même ordre d’idées, Eutelsat, une société française de service satellitaire, a demandé au gouvernement iranien de cesser immédiatement et « définitivement » de perturber ses satellites.

Dans une déclaration, la société a déclaré que « le 26 Septembre dernier, le Gouvernement iranien a envoyé des brouilleurs sur deux satellites de la société » et a ajouté qu’elle avait « demandé aux autorités iraniennes de s’abstenir d’envoyer des brouilleurs ».

Elle ajoute que « l’intervention a perturbé la diffusion de nombreux programmes de radio et de télévision en persan diffusés depuis l’étranger ».

Des articles de presse ont rapporté que l’Iran brouillait le canal perse BBC par le satellite Hotbird.

Selon la société française, en plus des réseaux de langue persane, de nombreux réseaux de langue non persane rencontrent également des problèmes du fait des interférences gouvernementales iraniennes.

Mardi, la chaîne parisienne Iran International, qui diffuse des programmes depuis Londres et Washington, a déclaré que le Gouvernement iranien avait suspendu ses programmes, ajoutant que les médias suivaient la question à travers les frontières internationales.

Par ailleurs, le membre du Conseil des experts de la direction iranienne, le religieux radical Mohsen Araki, le vendredi, a menacé d’écraser les manifestants qu’il a qualifiés de « fauteurs de troubles ».

Selon les médias officiels d’Araki, les émeutes ont fait 1 800 blessés parmi les forces de sécurité et les manifestants ont été décrits comme les « ennemis de Dieu, du Coran et de l’humanité ».

Les émeutiers devront savoir que la nation du Hezbollah (les partisans de l’extrémisme) et son engagement envers la loi vous ont chassés des rues dès les premiers instants.

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