Moyen-Orient

Missiles de mars… Le Hamas rompt le lourd silence avec des justifications peu convaincantes


Après près de deux mois de « lourd silence », le Hamas a déclaré que les tirs de roquettes depuis le sud du Liban en mars dernier étaient un « acte individuel ».

Une « reconnaissance tardive » que des observateurs considèrent comme une tentative du Hamas de fuir ses responsabilités, surtout après que ces opérations ont failli rallumer la guerre entre le Liban et Israël, transformant le sud du Liban en un nouveau théâtre de règlement de comptes.

Que dit le Hamas ?

Le Hamas a annoncé jeudi que les deux tirs de roquettes depuis le Liban en direction d’Israël, survenus en mars dernier et pour lesquels les autorités libanaises soupçonnent des membres du mouvement palestinien, étaient des « actes individuels » menés sans l’aval de la direction du mouvement.

Le Hamas a affirmé son engagement à respecter le cessez-le-feu en vigueur au Liban entre Israël et le Hezbollah depuis novembre, à l’issue d’un an d’affrontements déclenchés par la guerre à Gaza.

Pendant ce conflit, le Hamas, allié du Hezbollah soutenu par l’Iran, avait revendiqué le tir de roquettes depuis le sud du Liban vers Israël. Alors que le Hezbollah avait cessé ses opérations après la trêve, deux tirs ont été enregistrés en mars, sans qu’aucune partie n’en revendique la responsabilité. L’armée libanaise a cependant annoncé avoir reçu du Hamas des suspects liés à ces tirs, tandis que le Conseil supérieur de défense a mis en garde le Hamas contre toute action menaçant la « sécurité nationale » libanaise.

Le représentant du mouvement au Liban, Ahmad Abdel Hadi, a déclaré dans un communiqué :

« L’incident des tirs de roquettes est un acte individuel, perpétré par un groupe de jeunes, enflammés et en réaction au génocide perpétré par Israël à Gaza après la rupture de la trêve. Le Hamas n’en avait pas connaissance et n’a pas pris cette décision », a-t-il affirmé.

Il a souligné que le mouvement « est pleinement engagé à respecter le cessez-le-feu au Liban, et que sa direction en a informé toutes les autorités libanaises officielles ».

Après les tirs des 22 et 28 mars, Israël a riposté en bombardant le sud du Liban et la banlieue sud de Beyrouth. L’armée a d’abord arrêté des suspects, avant d’annoncer avoir reçu du Hamas trois autres personnes qui s’étaient réfugiées dans des camps de réfugiés palestiniens.

Abdel Hadi a ajouté : « Dès la première demande officielle de l’État libanais pour livrer les quatre personnes recherchées, le mouvement a coopéré positivement et a remis trois d’entre elles. »

Il a également indiqué que « la coordination est active avec les services de sécurité concernés pour poursuivre les démarches », précisant que le mouvement a été informé de la décision du Conseil supérieur de défense et a confirmé son engagement.

Lors des affrontements entre Israël et le Hezbollah, le Hamas et d’autres groupes alliés avaient lancé des roquettes contre Israël. En réponse, l’État hébreu a ciblé des dirigeants et des membres de plusieurs groupes, y compris le Hamas, même après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu.

À la suite de cette guerre, au cours de laquelle le Hezbollah a subi d’importantes pertes militaires et humaines, les autorités libanaises ont réaffirmé leur volonté de « limiter les armes à l’État » et d’étendre leur autorité sur tout le territoire national, en empêchant toute présence armée en dehors des forces légales.

Pourquoi maintenant ?

La reconnaissance du Hamas intervient alors que les critiques internes s’intensifient au Liban, notamment après que ces tirs ont failli raviver la guerre avec Israël et transformer le sud du pays en champ de bataille, en plus de l’approche de la visite du président Mahmoud Abbas à Beyrouth.

Le président palestinien doit se rendre à Beyrouth le 21 mai. Une source gouvernementale libanaise a précisé qu’Abbas discutera de la « transition vers une phase opérationnelle visant à étendre l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire libanais, y compris les camps » de réfugiés palestiniens.

Selon un accord datant de plusieurs décennies, les factions palestiniennes assurent la sécurité dans les camps, où l’armée libanaise ne pénètre pas. Ces camps abritent des groupes affiliés au Fatah, au Hamas et à d’autres.

Abdel Hadi a déclaré : « Jusqu’à présent, aucune autorité officielle libanaise ne nous a demandé quoi que ce soit concernant les armes palestiniennes. Si une telle demande est faite, nous y répondrons avec une position palestinienne unifiée, dans le respect de la souveraineté et des intérêts du Liban, tout en préservant les intérêts du peuple palestinien. »

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