Mille milliards de dollars : le coût pour l’Europe de se libérer du marteau de Washington

Mille milliards de dollars en 25 ans : tel est le montant nécessaire pour que l’Europe rompe sa dépendance vis-à-vis de la machine de guerre américaine, qui façonne les relations transatlantiques depuis 1945.
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Selon l’Institut international d’études stratégiques (IISS), les pays européens auraient besoin de mille milliards de dollars sur un quart de siècle pour compenser les capacités militaires américaines en cas de retrait de Washington de l’OTAN.
Le rapport précise que le remplacement de la puissance aérienne américaine représenterait le poste le plus coûteux, alors que l’administration du président Donald Trump a, à plusieurs reprises, exprimé son intention de réduire la présence militaire des États-Unis sur le continent. Cela inclut un possible abandon du poste de commandant suprême des forces alliées en Europe, occupé par les États-Unis depuis 70 ans, selon le magazine américain Newsweek.
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Le rapport met en lumière les lacunes sécuritaires et les défis politiques et financiers auxquels l’Europe serait confrontée sans le soutien militaire américain. Il estime qu’il faudrait des dépenses colossales pour renforcer les capacités de défense européennes face aux menaces potentielles de la Russie.
Il anticipe un cessez-le-feu en Ukraine d’ici la mi-2025, suivi d’un désengagement progressif des États-Unis de l’OTAN, avec une redirection de leur stratégie militaire vers la région indo-pacifique. L’Europe se verrait alors confier une responsabilité accrue pour assurer sa propre sécurité.
Les pays européens membres de l’OTAN devront alors relever de nombreux défis, notamment face à une Russie susceptible de reconstituer ses forces terrestres d’ici 2027, après un cessez-le-feu.
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Le coût estimé pour remplacer les équipements et capacités militaires américaines en Europe sur 25 ans s’élèverait à environ mille milliards de dollars, incluant l’achat de 400 avions supplémentaires (soit un cinquième du coût total), le remplacement de 20 destroyers américains (15 % du montant), ainsi que la compensation du retrait de 128 000 soldats américains, pour un coût supérieur à 12 milliards de dollars.
Malgré ces défis, l’IISS estime que reconstruire les capacités de défense européennes est réalisable, à condition que les pays européens de l’OTAN respectent l’objectif de consacrer 2 % de leur PIB à la défense dès 2024. Cela permettrait de dégager 62 milliards de dollars supplémentaires pour leurs forces armées.
Cependant, ce financement impliquerait un changement profond des politiques budgétaires, se rapprochant des niveaux observés durant la guerre froide, lorsque les dépenses militaires dépassaient les 3 % du PIB.
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Par ailleurs, les intentions réelles des États-Unis en matière de retrait militaire restent floues, suscitant une incertitude croissante chez les alliés européens.
Un responsable européen a déclaré que Washington pourrait mettre jusqu’à deux ans pour définir les capacités à retirer. Le monde politique et militaire européen reconnaît une dépendance excessive et ancienne vis-à-vis du soutien américain, et promet d’augmenter les investissements dans l’industrie de défense, même si la mise en œuvre reste lente, les efforts actuels se concentrant sur le remplacement des stocks envoyés en Ukraine.
Aux États-Unis, certains membres du Congrès ont exprimé leur inquiétude face aux intentions du Pentagone de réduire la présence militaire à l’étranger, craignant que cela ne compromette la sécurité de l’Europe.
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De son côté, le commandant actuel des forces américaines en Europe a affirmé ne pas avoir l’intention de retirer les troupes des principales bases américaines du continent.
Les grandes puissances militaires européennes, quant à elles, ont commencé à élaborer des plans pour prendre en charge la protection du continent, incluant une proposition officielle à la Maison Blanche pour assumer le commandement au cours de la prochaine décennie.
Malgré tout, le rapport prévient que l’Europe aura besoin de cinq à dix années de dépenses militaires intensives avant de pouvoir égaler les capacités actuelles des forces américaines, à l’exception de l’arsenal nucléaire américain, qui restera sous contrôle des États-Unis.
Face à ces réalités, l’Europe se trouve confrontée à un défi stratégique majeur qui exige une hausse significative de ses budgets de défense et une révision structurelle de ses politiques de sécurité, pour assurer sa stabilité dans un contexte géopolitique en mutation et un engagement militaire américain en déclin.
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