Militant des droits de l’homme yéménite : Les Houthis utilisent le système judiciaire pour réprimer la liberté d’expression
Les milices houthis utilisent le système judiciaire pour réprimer la liberté d'expression
Au Yémen, la série de violations à l’encontre des journalistes se poursuit, incluant des meurtres, des enlèvements, des ciblages, des harcèlements, des menaces et des emprisonnements. De plus, il existe des tentatives de contrôler le secteur des médias afin de le manipuler selon des agendas sectaires spécifiques. Les rapports internationaux et locaux classent la milice des Houthis soutenue par l’Iran comme le deuxième plus grand violeur de la liberté de la presse dans le monde, après l’organisation terroriste de l’État islamique (EI).
Documentation des crimes
Le syndicat des journalistes yéménites a documenté 40 cas de violations des libertés médiatiques au Yémen au cours de la première moitié de cette année, dont plus de la moitié ont été commis par la milice des Houthis. Le rapport du syndicat souligne que les libertés médiatiques restent gravement menacées en raison des violations continues à l’encontre des journalistes et des médias.
Selon le rapport, la milice des Houthis a commis 22 violations sur un total de 40, représentant 55% de toutes les violations. D’autres entités ont commis 18 cas, soit 45% du total des violations. Les violations comprennent des restrictions à la liberté dans 8 cas (20%), des menaces et des incitations dans 8 cas (20%), des mauvais traitements envers les détenus dans 8 cas, et des procès et des procédures judiciaires dans 7 cas (17,5%).
Les violations incluent également la suspension des salaires des journalistes dans 3 cas (7,5%), des agressions dans 3 cas (7,5%), la confiscation des biens des journalistes dans 2 cas (5%), et le refus de mettre en œuvre les ordres judiciaires dans un cas (2,5%), selon le rapport.
Poursuites et terrorisme
Le rapport a documenté 8 cas d’enlèvements, de détentions et de harcèlements à l’encontre des journalistes, représentant 20% du total des violations. Ces cas comprennent 3 arrestations, 2 détentions, un enlèvement, une poursuite et un cas de harcèlement.
Le rapport indique qu’il y a encore 5 journalistes emprisonnés, dont trois journalistes enlevés par la milice des Houthis : Wahid al-Sofi, qui est détenu contre son gré depuis avril 2015, Nabil Al-Sadaawi de l’agence Saba, Fahd Al-Arhabi, ainsi qu’un journaliste retenu par Al-Qaïda à Hadramout depuis octobre 2015, à savoir Mohammad Qaid Al-Maqri.
Le rapport a également enregistré 8 cas de menaces et d’incitations, dont 6 cas d’incitation (75% du total des menaces et incitations) et 2 cas de menaces de liquidation physique contre les journalistes (25% du total), dont 6 cas ont été commis par les Houthis.
Les Houthis ont commis 8 violations sur les 8 cas documentés dans le rapport concernant les mauvais traitements infligés aux journalistes détenus, les privant de soins médicaux, de visites et les soumettant à la torture.
Le rapport met en évidence le fait que les journalistes travaillant dans les médias gouvernementaux dans les zones contrôlées par les Houthis sont sans salaire depuis 2016 et vivent dans des conditions économiques extrêmement difficiles.
Libération des journalistes
Le syndicat des journalistes yéménites demande à la milice des Houthis de libérer tous les journalistes enlevés, d’annuler les peines de mort injustes prononcées à l’encontre de quatre journalistes et de mettre fin aux pratiques répressives à l’encontre des journalistes. Ils exigent également l’abrogation des réglementations inconstitutionnelles qui restreignent la liberté de la presse et des codes d’éthique non professionnels.
Le syndicat souligne la nécessité d’enquêter sur tous les crimes commis à l’encontre des journalistes et de poursuivre en justice tous les auteurs de violations de la liberté de la presse.
Le rapport appelle également les organisations concernées soutenant la liberté d’expression à continuer de soutenir les journalistes yéménites. Ils espèrent également que le Comité international de la Croix-Rouge contribuera à protéger les journalistes détenus contre les violations et la privation de leurs droits humains.
De nombreux crimes
Selon Ahmed Jabari, chercheur et militant des droits de l’homme yéménite, des dizaines de journalistes et de professionnels des médias souffrent dans les prisons des Houthis, qui ne disposent d’aucune condition humanitaire de base. Ils font face à diverses violations de la part des milices houthies, tandis que les organisations de défense des droits de l’homme restent absentes, se limitant à condamner ces actions.
Le militant des droits de l’homme yéménite a ajouté qu’ils utilisent le système judiciaire pour réprimer la liberté d’expression, d’association et de religion en prononçant des peines sévères, y compris la peine de mort à l’issue de procès inéquitables. Il a souligné qu’un nombre important de journalistes et de professionnels des médias ont été victimes d’assassinats, de passages à tabac et d’arrestations arbitraires dans l’exercice de leurs fonctions médiatiques. Les organisations yéménites ont documenté de nombreuses violations commises par la milice des Houthis à l’encontre des journalistes, des institutions médiatiques et des travailleurs des médias. »