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Marche de colère à Londres contre l’utilisation d’armes chimiques au Soudan


Sous le slogan « Stop aux armes chimiques », des détenus et activistes soudanais ont exprimé, à Londres, leur solidarité avec les millions d’enfants victimes de la guerre en cours au Soudan.

De nombreux manifestants brandissaient des pancartes montrant des enfants, symbolisant les victimes les plus vulnérables de ce conflit, avec des slogans comme : « Laissez notre enfance respirer ».

Ils agitaient également des drapeaux soudanais, tandis que certains portaient des masques et des combinaisons de protection jaunes, symbolisant les dangers des attaques chimiques.

Des pancartes bilingues en arabe et en anglais ont également été levées, adressant un message commun aux communautés arabe et internationale : exercer des pressions pour entamer des négociations de paix.

« Assez d’injustice ! Le monde doit agir maintenant ! » a crié un manifestant d’une voix chargée d’émotion, exprimant l’espoir d’une intervention internationale pour mettre fin à ces atrocités. Le Soudan saigne depuis des années à cause du conflit, plongé dans une crise humanitaire tragique. Ces manifestants sont venus rappeler que le silence n’est pas une option.

Cette manifestation intervient un mois après une conférence internationale à Londres sur le Soudan, appelant à un cessez-le-feu immédiat et permanent, ainsi qu’à la fin du conflit.

La conférence avait été organisée par le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Union africaine et l’Union européenne, avec la participation de ministres de 14 pays et de représentants d’organisations internationales et onusiennes.

Les participants ont plaidé pour une transition vers un gouvernement civil démocratiquement élu par le peuple soudanais et la cessation de toute ingérence étrangère susceptible d’attiser les tensions ou de prolonger la guerre.

Le Royaume-Uni et l’Union européenne se sont engagés à verser des centaines de millions de dollars pour alléger les souffrances humanitaires.

Des appels ont également été lancés pour garantir un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave à toutes les zones touchées, par tous les moyens nécessaires, conformément à la Déclaration de Djeddah et au droit international humanitaire.

Armes chimiques et sanctions

En janvier 2025, quatre hauts responsables américains ont déclaré au New York Times que l’armée soudanaise avait utilisé des armes chimiques à au moins deux reprises contre les Forces de soutien rapide dirigées par Mohamed Hamdan Dagalo (Hemedti).

Selon le journal, ces armes ont été déployées dans des régions reculées du Soudan et ont effectivement été utilisées. Des responsables américains ont exprimé leur crainte qu’elles ne soient employées dans des zones fortement peuplées.

Ce recours aux armes chimiques constitue, d’après les mêmes sources, un nouveau seuil franchi dans la guerre opposant l’armée soudanaise aux Forces de soutien rapide.

Deux responsables informés ont affirmé que le gaz utilisé semblait être du chlore.

Toujours selon deux responsables américains ayant requis l’anonymat en raison de la sensibilité du sujet, la connaissance du programme chimique soudanais serait restreinte à un cercle étroit au sein de l’armée.

Cette révélation a coïncidé avec l’annonce de sanctions américaines contre le général Abdel Fattah al-Burhan pour des atrocités documentées, notamment le bombardement aveugle de civils et l’utilisation de la famine comme arme de guerre.

Le Trésor américain a déclaré : « Sous la direction de Burhan, les tactiques des forces armées soudanaises ont inclus le bombardement aléatoire d’infrastructures civiles, les attaques contre des écoles, des marchés, des hôpitaux et les exécutions extrajudiciaires. »

En réponse, le ministère soudanais des Affaires étrangères a qualifié ces sanctions d’immorales, dénonçant un manque « de justice et d’objectivité » et un « acte de confusion et de faiblesse ».

Bien que l’avis officiel de sanction ne mentionne pas l’usage d’armes chimiques, plusieurs responsables américains ont confirmé qu’il s’agissait d’un élément clé dans la décision de sanctionner al-Burhan.

Démenti du Soudan

En réponse, le ministre soudanais des Affaires étrangères, Ali Youssef, a démenti les accusations américaines selon lesquelles l’armée posséderait des armes chimiques.

Lors d’une table ronde sur « la politique et la crise humanitaire » organisée dans le cadre de la Conférence sur la sécurité de Munich, il a déclaré que ces accusations étaient infondées.

Le ministre a affirmé que l’armée n’avait commis aucune violation dans cette guerre contre les Forces de soutien rapide, et qu’aucune preuve ne démontrait le contraire.

Il a également réaffirmé que « l’armée soudanaise ne possède pas d’armes chimiques » et que toute accusation en ce sens est fausse.

Rappelons que le conflit au Soudan a engendré la pire crise humanitaire au monde, faisant jusqu’à 150 000 morts et plus de 11 millions de déplacés, dans un contexte de famine parmi les plus graves des dernières décennies.

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