Lundi noir au Nigéria : Restez chez vous ou perdez la vie

Dans le sud-est du Nigéria, le « lundi noir » est devenu un rituel hebdomadaire sanglant, où quitter son domicile peut s’avérer mortel.
Selon un nouveau rapport d’un cabinet de conseil en renseignement, une injonction de la part du groupe séparatiste interdit « Peuple autochtone du Biafra » (IPOB) imposant de rester à domicile a entraîné la mort de plus de 700 personnes dans la région au cours des quatre dernières années.
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Les autorités nigérianes ont classé ce groupe, qui milite pour l’indépendance du sud-est majoritairement peuplé par l’ethnie igbo, comme une organisation terroriste.
Le rapport de SBM Intelligence, relayé par l’agence Reuters, indique que les victimes ont été tuées soit pour avoir défié l’ordre hebdomadaire de rester chez soi tous les lundis et certains autres jours spécifiques, soit lors d’affrontements entre l’IPOB et les forces de sécurité nigérianes.
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Le document souligne que les méthodes d’exécution de cet ordre, incluant incendies volontaires, pillages et assassinats ciblés, ont instauré un climat de terreur dans la région.
Bien que le taux de respect de l’ordre de confinement ait atteint 82,61 % en 2021, les enquêtes récentes révèlent que le soutien réel est aujourd’hui bien moindre (29 %), de nombreux habitants s’y conformant sous la contrainte.
Un porte-parole du groupe a toutefois nié toute responsabilité dans ces meurtres, déclarant à Reuters : « Les véritables auteurs sont des ravisseurs et criminels recrutés par le gouvernement pour extorquer et diaboliser l’IPOB. »
Le gouvernement nigérian n’a pas répondu aux demandes de commentaires.
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❓ Qu’est-ce que la protestation « Restez chez vous » ?
Le mouvement IPOB a lancé cette campagne en août 2021 dans les cinq États du sud-est du Nigéria, comme moyen de pression pour obtenir la libération de son leader, Nnamdi Kanu, actuellement jugé à Abuja pour des accusations liées au terrorisme.
Peu après, le groupe a suspendu les manifestations hebdomadaires sur ordre direct de Kanu, détenu depuis 2021. Elles n’ont été rétablies que les jours où il comparaissait devant la justice.
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Cependant, selon le rapport, d’autres groupes armés affiliés à l’IPOB ainsi que des factions internes ont continué à imposer les arrêts hebdomadaires, attaquant aussi bien les infrastructures publiques que les personnes soupçonnées de soutenir le gouvernement.
Bien que le groupe tente de se dissocier des violences qui secouent la région, la police nigériane l’accuse d’être impliqué dans plusieurs incidents violents, dont une attaque contre une prison en 2021 et le meurtre de plus de 30 voyageurs plus tôt ce mois-ci.
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L’IPOB a nié toute implication dans ces deux attaques.
Selon SBM Intelligence, au-delà du bilan humain, les ordres de confinement hebdomadaires ont paralysé l’économie locale, avec des pertes estimées à plus de 7 600 milliards de nairas (soit 4,79 milliards de dollars), chaque lundi et lors des jours de comparution de Kanu.
Pour rappel, la région du Biafra avait été le théâtre d’une guerre civile dévastatrice à la fin des années 1960, causant la mort de plus d’un million de personnes.
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