Politique

L’ouverture d’Al-Soudani à la normalisation avec la Syrie attise les divisions au sein du Cadre de coordination


Le soutien dAmmar al-Hakim à linvitation adressée à Ahmed al-Charaa pour participer au sommet arabe intervient alors que Nouri al-Maliki et plusieurs factions du Cadre de coordination, ainsi que des dirigeants de groupes armés, rejettent fermement ce rapprochement.

L’invitation du Premier ministre Mohammed Shia al-Soudani au président syrien par intérim, Ahmed al-Charaa, pour assister au sommet arabe prévu à Bagdad, précédée d’une rencontre entre les deux dirigeants au Qatar, a déclenché de vives tensions au sein du Cadre de coordination. Ces événements ont mis en lumière la formation d’alliances politiques opposées, dans un contexte de polarisation interne dépassant la question syrienne pour toucher aux arrangements électoraux à venir.

Ce mouvement, interprété par ses opposants comme une étape vers une « normalisation progressive » avec le nouveau régime syrien, a reçu le soutien explicite du leader du courant al-Hikma, Ammar al-Hakim. Ce dernier a vigoureusement défendu cette ouverture, la qualifiant de « décision souveraine » de l’État irakien, soulignant que la participation de la Syrie au sommet arabe relève de considérations protocolaires liées à son statut de membre de la Ligue arabe, plutôt que de choix politiques.

Cette divergence est désormais manifeste au sein du Cadre de coordination, où de nouvelles alliances se dessinent, notamment un rapprochement croissant entre al-Soudani et al-Hakim, face à une faction traditionnelle dirigée par Nouri al-Maliki. Cette dernière, composée de figures chiites influentes, considère toute ouverture envers la Syrie comme une transgression des principes fondamentaux, d’autant plus que le président syrien actuel, Ahmed al-Charaa, est poursuivi par un mandat d’arrêt irakien pour son passé controversé au sein d’Al-Qaïda.

Des sources politiques ont révélé que lors d’une récente réunion du Cadre, al-Maliki a quitté la séance prématurément en signe de protestation contre la rencontre entre al-Soudani et al-Sharaa, tandis que Qais al-Khazali a brillé par son absence, interprétée comme une opposition tacite à l’ouverture envers la Syrie.

Les initiatives d’al-Soudani, notamment sur les dossiers régionaux, sont perçues dans une optique plus large, suggérant une possible alliance électorale avec al-Hakim, visant à repositionner l’Irak sur la scène régionale, à réduire sa dépendance à l’égard de l’Iran et à favoriser une ouverture progressive envers les pays arabes, y compris la Syrie.

Ce rapprochement suscite des inquiétudes croissantes au sein de certaines composantes du Cadre, qui redoutent qu’il ne préfigure de nouvelles alliances susceptibles d’affaiblir l’influence des forces traditionnelles chiites, surtout si cette convergence se traduit par une coalition électorale explicite lors des prochaines échéances.

Al-Soudani, en défendant ces orientations, insiste sur le fait que le renforcement des relations avec Damas n’est pas seulement un choix politique, mais une nécessité sécuritaire, soulignant que la coopération avec la Syrie est essentielle pour sécuriser les frontières occidentales et prévenir l’infiltration de cellules de l’État islamique, tout en atténuant la pression américaine sur l’Irak concernant ce dossier complexe.

Al-Hakim appuie cette vision sous un angle différent, affirmant que « l’Irak est un pays central qui ne peut être isolé des dossiers régionaux », notant que tous les acteurs régionaux, de la Turquie au Golfe, sont impliqués dans le dossier syrien, et s’interrogeant : « Est-il concevable que l’Irak en soit exclu ? »

La visite d’Ahmed al-Charaa à Bagdad, si elle se concrétise, constituera un test crucial pour la cohésion du gouvernement d’al-Soudani, tant sur le plan interne que dans ses relations avec les forces du Cadre et avec l’environnement régional et international.

Malgré les controverses juridiques entourant le passé d’al-Charaa, des experts juridiques affirment qu’il bénéficie aujourd’hui de l’immunité en tant que chef d’État, ce qui confère un caractère officiel et contraignant à toute interaction diplomatique avec lui.

Dans ce contexte, Aqil al-Rudaini, porte-parole de la coalition « Al-Nasr » dirigée par l’ancien Premier ministre Haider al-Abadi, a déclaré que « le gouvernement irakien est responsable d’assurer la protection complète de tout chef d’État en visite en Irak », estimant que toute tentative de perturber la visite serait préjudiciable à la réputation de l’Irak et de ses institutions.

Il est difficile de dissocier les divisions au sein du Cadre de coordination concernant les relations avec la Syrie du paysage politique plus large en Irak. Les positions vis-à-vis de Damas sont devenues un indicateur de l’alignement de chaque partie sur les transformations régionales, et de leur volonté de s’adapter au recul de l’influence iranienne et à l’émergence de nouveaux rôles arabes dans la région.

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page