L’Iran réorganise ses cartes en nommant Naïm Qassem représentant de Khamenei au Liban
Téhéran cherche à soutenir son allié, le Hezbollah, face aux changements géopolitiques majeurs que traverse la région, y compris au Liban même.
Le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, a décidé de nommer le secrétaire général du Hezbollah libanais, Naïm Qassem, comme son représentant personnel au Liban. Cette décision est perçue comme une tentative de Téhéran de réajuster sa stratégie dans un pays ayant subi une guerre israélienne dévastatrice et dont certaines parties du territoire restent sous occupation israélienne.
L’agence iranienne Tasnim a rapporté que cette nomination intervient dans le contexte des évolutions politiques en cours au Liban et des dynamiques actuelles sur la scène politique.
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Le Hezbollah est fondamentalement lié à l’Iran, qui l’a fondé dans les années 1980 pour résister à l’occupation israélienne. Le mouvement adopte les mêmes idéologies et croyances que les dirigeants iraniens et applique le principe du « Wilayat al-Faqih » (gouvernance du juriste-théologien).
Cependant, le parti a subi un revers majeur lors de la récente guerre israélienne avec la perte de plusieurs de ses principaux dirigeants, dont l’ancien secrétaire général Hassan Nasrallah.
Nasrallah, qui a été assassiné par Israël lors d’une frappe sur la banlieue sud de Beyrouth pendant le dernier conflit, occupait le rôle de représentant de Khamenei au Liban.
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Naïm Qassem, âgé de 71 ans, maîtrise le français et l’anglais et possède des études supérieures en chimie. En parallèle, il a suivi une formation religieuse auprès des grands érudits chiites du Liban. Bien que personne ne s’attendait à ce qu’il succède à Nasrallah, l’assassinat de Hachem Safieddine – qui était pressenti pour diriger le Hezbollah – ainsi que d’autres hauts dirigeants, a fait de lui le candidat le plus probable pour assumer le poste de secrétaire général, ce qui s’est finalement concrétisé.
Téhéran cherche désormais à surmonter une période d’échec et de revers, après les lourdes pertes subies par son allié, ainsi que la perte d’un régime clé dans l’axe dit de la « résistance », à savoir celui du président syrien Bachar al-Assad, qui jouait un rôle crucial dans le transfert d’armes et de soutien au Hezbollah.
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Bien que les alliés de l’Iran soient affaiblis et que les pressions américaines et occidentales s’intensifient pour écarter le Hezbollah du futur gouvernement que le Premier ministre désigné, Nawaf Salam, tente de former, Téhéran estime que le parti pourra bientôt se rétablir et revenir en force sur la scène politique.
Même si Naïm Qassem ne jouit pas du charisme et du soutien populaire dont bénéficiait Nasrallah, l’Iran mise sur lui pour réorganiser sa présence au Liban, un pays qui voit une opportunité de réduire l’influence iranienne.
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Toutefois, dans le contexte actuel et face aux évolutions politiques au Liban, il sera difficile pour Téhéran d’apporter un soutien significatif à son allié. La chute du régime d’al-Assad et les nouvelles restrictions imposées après l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, un allié majeur d’Israël, compliquent davantage la situation.
En parallèle, Israël a mis en garde contre les efforts du Hezbollah pour « se réarmer et restaurer sa puissance avec l’aide de l’Iran ».
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Des renseignements américains récents, publiés en décembre dernier, ont alerté sur la probabilité que le Hezbollah, soutenu par l’Iran, tente de reconstituer ses stocks et de renforcer ses capacités militaires, constituant ainsi une menace à long terme pour les États-Unis et leurs alliés régionaux.
Israël et le Hezbollah avaient convenu d’un cessez-le-feu de 60 jours, sous médiation américaine, à compter du 27 novembre, après plus d’un an de conflit. Cet accord prévoit le déploiement de l’armée libanaise dans le sud du pays, en parallèle du retrait des forces israéliennes et du Hezbollah. Cependant, les deux parties s’accusent mutuellement de violer l’accord.
Récemment, Israël a annoncé qu’il ne comptait pas se retirer du sud du Liban à l’issue de la période de 60 jours, ce qui a poussé Beyrouth à adresser, mardi, une lettre de condamnation au Conseil de sécurité de l’ONU.
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