L’Iran redirige son programme nucléaire vers la production d’ogives compactes pour les missiles
Un rapport d’un institut d’études occidental affirme que la confrontation militaire récente avec Israël a constitué un tournant au sein des cercles décisionnels à Téhéran, après avoir révélé la limitation de l’efficacité des outils classiques de dissuasion, tant au niveau de la défense aérienne que de la capacité des missiles à longue portée.
Malgré les frappes ayant visé des sites nucléaires iraniens durant la guerre des douze jours avec Israël, Téhéran poursuit une trajectoire suscitant une inquiétude croissante aux États-Unis et chez leurs alliés, avec des signes laissant penser qu’elle cherche à reconstruire ses capacités balistiques et à développer son programme nucléaire vers des seuils plus sensibles. Cette évolution est interprétée comme une tentative de renforcer la dissuasion après la mise en lumière de ses vulnérabilités militaires.
Dans ce contexte, un rapport publié par l’Institut italien d’études de politique internationale a mis en garde contre des transformations notables dans l’approche iranienne, indiquant que le programme nucléaire de l’Iran est désormais davantage centré sur la production d’ogives nucléaires compactes pouvant être intégrées à des missiles balistiques. Selon les évaluations occidentales, cela représenterait une violation extrêmement grave des engagements nucléaires et refléterait un changement dans les calculs de dissuasion de la direction iranienne.
Selon le rapport, la confrontation militaire récente avec Israël a marqué un tournant au sein des cercles de décision à Téhéran, après avoir montré la portée limitée des outils de dissuasion traditionnels, qu’il s’agisse de la défense aérienne ou des missiles à longue portée. Bien que les missiles à moyenne portée aient joué un rôle dans l’imposition d’une forme d’apaisement, les pertes subies par les plateformes de lancement et les dépôts de missiles ont révélé la fragilité de ces capacités face à des frappes coordonnées et précises.
Les rédacteurs du rapport indiquent que l’Iran dispose, jusqu’au milieu de l’année en cours, d’un stock estimé à environ 441 kilogrammes d’uranium enrichi à 60 %, quantité que l’Agence internationale de l’énergie atomique considère comme techniquement suffisante pour s’approcher de la production d’une arme nucléaire si le niveau d’enrichissement était relevé. Le rapport affirme que passer de 60 à 90 % ne nécessiterait techniquement que quelques semaines en cas d’utilisation de centrifugeuses avancées.
Cependant, le développement le plus dangereux, selon l’institut italien, ne réside pas seulement dans l’enrichissement, mais dans la volonté de produire des ogives nucléaires de petite taille pouvant être montées sur des missiles à longue portée, tels que le missile Khoramshahr, dont la portée atteint environ deux mille kilomètres et qui dispose d’une grande capacité de charge. Bien que le rapport estime que l’Iran n’ait pas encore atteint le stade de production de ce type d’ogives, il souligne que le travail dans cette direction a effectivement commencé.
Le rapport indique que le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, était, avant la guerre, réservé quant au franchissement du seuil d’enrichissement élevé ou à la prise d’une décision finale concernant la fabrication d’une arme nucléaire, et ce malgré les pressions croissantes des Gardiens de la révolution. Toutefois, les évaluations internes après la confrontation avec Israël semblent différentes, avec la montée d’une conviction au sein d’un courant du pouvoir selon laquelle la dissuasion nucléaire pourrait être la seule option capable de protéger le régime face à des menaces militaires supérieures.
Dans ce cadre, le rapport cite des sources à Téhéran affirmant que Khamenei a approuvé, en octobre dernier, le lancement du développement d’ogives nucléaires miniaturisées pour missiles balistiques, sans donner officiellement le feu vert pour relever le taux d’enrichissement au-delà de 60 %, dans une tentative de concilier progrès technique et évitement d’une confrontation internationale ouverte.
Parallèlement, des déclarations officielles iraniennes confirment que le programme de missiles ne s’est pas arrêté après la guerre. Le porte-parole de l’état-major des forces armées, Abolfazl Shekarchi, a annoncé que les lignes de production de missiles se poursuivent et que les leçons tirées de la guerre ont renforcé la dépendance aux capacités nationales dans les domaines de l’armement et de la défense.
Israël et les États-Unis mettent en garde contre le fait que toute expansion du programme iranien de missiles balistiques, associée à des avancées nucléaires, constituerait une menace directe pour la stabilité régionale et pourrait entraîner des réponses rapides. Dans ce contexte, des rapports évoquent que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou présentera un briefing au président américain Donald Trump concernant la dangerosité de cette trajectoire.
En ce qui concerne le soutien extérieur, le rapport écarte l’hypothèse d’une assistance directe de la Chine ou de la Russie, en raison de leur opposition à la transformation de l’Iran en puissance nucléaire. Le Pakistan ne semble pas non plus être une option envisagée. Par conséquent, la Corée du Nord apparaît comme une possibilité théorique de coopération technique, bien qu’il n’existe aucune preuve confirmée de transfert de technologie d’ogives nucléaires jusqu’à présent.
Ces données coïncident avec des déclarations préoccupantes faites la semaine dernière par le vice-président de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, Behrouz Kamalvandi, lorsqu’il a décrit la fabrication de la bombe nucléaire comme «la tâche la plus facile », affirmant que l’Iran avait atteint « le seuil de capacité ». Selon des observateurs, ces déclarations traduisent une confiance accrue à Téhéran et un message implicite selon lequel les pressions et les frappes n’ont pas freiné ses ambitions, mais ont peut-être accéléré son orientation vers des options plus risquées.
