L’Iran met à l’épreuve les principes de Trump… Tombera-t-il dans le piège de ses prédécesseurs qu’il dénonçait ?

Dans un moment critique de tensions croissantes, les avertissements se croisent avec l’escalade militaire, alors que les prévisions s’intensifient quant à un possible changement de cap de Donald Trump, susceptible de modifier l’issue de l’affrontement.
Les milieux politiques à Washington s’attendent de plus en plus à ce que le président Donald Trump réponde prochainement aux appels israéliens en faveur d’une frappe décisive contre le programme nucléaire iranien, en utilisant des armes perforantes que seuls les États-Unis possèdent.
À la suite des frappes israéliennes sur l’Iran visant des sites nucléaires, des figures militaires de premier plan et des scientifiques nucléaires, la rhétorique du président américain a pris un virage radical.
Mardi, CNN rapportait que Trump « commence à envisager favorablement l’idée d’utiliser des moyens militaires américains pour frapper les sites nucléaires iraniens », et qu’il exprime une frustration croissante à propos de son échec antérieur à résoudre le dossier par le dialogue avec Téhéran.
Mais la chaîne s’interroge : ses propos tranchants sont-ils sincères ou cherchent-ils à contraindre l’Iran à revenir à la table des négociations et à accepter une « reddition inconditionnelle », comme il l’a exigé la veille sur les réseaux sociaux ?
Quoi qu’il en soit, Trump semble se tenir au bord d’une aventure majeure, en rupture avec les principes qu’il a toujours défendus, selon le même rapport.
En déclenchant une guerre contre l’Iran, il renierait l’essence même du mouvement « America First » qu’il incarne, et ressemblerait aux mêmes types d’intervenants qu’il n’a cessé de critiquer.
Trump a toujours affirmé que l’Iran – en raison de ses menaces d’anéantir Israël et de son hostilité profonde envers les États-Unis – ne devrait jamais être autorisé à posséder l’arme nucléaire.
Et après la frappe ?
CNN rapporte que Trump envisage désormais d’utiliser des bombes dites « pénétratrices de bunkers » pesant 30 000 livres pour détruire le site nucléaire de Fordow, enfoui sous des centaines de pieds de béton à l’intérieur d’une montagne.
Mais un élément crucial manque : aucun haut responsable ne s’est exprimé publiquement sur les étapes à suivre après une éventuelle frappe. Une absence remarquée, estime CNN, au vu des douloureuses expériences américaines du XXIe siècle, lorsque des guerres ont été lancées sans plan clair pour en sortir.
Le sénateur Chris Murphy estime que « tous ceux qui encouragent les États-Unis à entrer en guerre avec l’Iran ont oublié les désastres des guerres en Irak et en Afghanistan ».
Interventions américaines précédentes dans la région
Le sénateur démocrate du Connecticut rappelle que ces conflits « se sont transformés en bourbiers ayant causé la mort de milliers d’Américains, favorisé la naissance de nouvelles insurrections contre les intérêts américains et contre nos alliés dans la région ».
CNN évoque à ce titre l’intervention des États-Unis en Irak en 2003, qui a conduit à la chute de Saddam Hussein, provoqué l’effondrement de l’État irakien, et déclenché une insurrection sanglante. Le pays n’a retrouvé une stabilité fragile qu’après plus de deux décennies.
En Afghanistan, l’ancien président George W. Bush a renversé les talibans après les attentats du 11 septembre, mais n’a pas réussi à bâtir un État stable. Le retrait américain en 2021 fut qualifié d’« humiliant » et a brisé la réputation de Joe Biden en tant qu’expert en politique étrangère.
Même Barack Obama s’est enlisé à son tour en menant une intervention militaire en Libye en 2011 pour renverser le colonel Mouammar Kadhafi. Résultat : un pays plongé dans la pauvreté et la prolifération du terrorisme.
Autant de leçons que, selon CNN, Trump connaît parfaitement.
Lors d’un débat en 2016, il avait asséné un coup fatal à Jeb Bush lors des primaires républicaines, en qualifiant la guerre menée par son frère en Irak de « grosse erreur ».
Alors, Trump est-il en train de devenir ce qu’il dénonçait autrefois ? s’interroge CNN.