Iran

L’Iran mène les négociations nucléaires d’Istanbul dans une impasse


Le ministre iranien des Affaires étrangères a réaffirmé que son pays refuse de suspendre ou de limiter l’enrichissement d’uranium, une position qui va à l’encontre des exigences des États-Unis et de la troïka européenne.

À la veille de discussions attendues à Istanbul avec le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, l’Iran a réitéré son refus catégorique de renoncer à son programme d’enrichissement d’uranium, qualifiant cette activité de « droit souverain ». Cette déclaration compromet d’emblée l’un des principaux objectifs des puissances occidentales, à savoir restreindre drastiquement l’enrichissement pour empêcher toute éventuelle capacité iranienne à produire une arme nucléaire.

Ces discussions prévues à Istanbul vendredi constituent la première rencontre diplomatique de ce type depuis la guerre de 12 jours entre l’Iran et Israël le mois dernier, pendant laquelle les États-Unis ont ciblé plusieurs installations nucléaires iraniennes.

Le ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a déclaré lundi que l’Iran ne renoncera pas à son programme nucléaire malgré les « dommages considérables » causés par les frappes américaines, affirmant que l’enrichissement d’uranium constitue désormais « un symbole de fierté nationale ».

Dans une interview accordée à Fox News, Araghchi a précisé : « Le programme est temporairement à l’arrêt à cause des dégâts, mais nous ne pouvons pas l’abandonner. C’est le fruit du travail de nos scientifiques. »

Le président américain Donald Trump a rapidement réagi, affirmant sur sa plateforme Truth Social que les installations nucléaires iraniennes ont été « détruites » et que les frappes pourraient être répétées « si nécessaire ».

Le Plan d’action global commun (JCPOA), conclu en 2015 entre l’Iran et les grandes puissances, visait à limiter les activités nucléaires de Téhéran en échange d’un allègement des sanctions. Toutefois, l’accord a été largement vidé de sa substance après le retrait des États-Unis en 2018, sous la première administration Trump.

Paris, Londres et Berlin ont affirmé leur volonté de maintenir l’accord en vie, mais les mécanismes économiques qu’ils ont tenté de mettre en place pour contourner les sanctions américaines ont échoué, notamment en raison du retrait des entreprises occidentales du marché iranien.

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaei, a accusé les Européens de ne pas avoir respecté leurs engagements, estimant que leur passivité a contribué à la dégradation de l’accord.

Une réunion tripartite avec la Chine et la Russie est également prévue à Téhéran mardi, dans le but d’examiner les perspectives de dialogue et les sanctions potentielles. Pékin a annoncé vouloir jouer un rôle « constructif » en relançant les négociations.

La troïka européenne reproche à Téhéran de ne plus respecter les limites fixées par l’accord de 2015, évoquant l’éventualité d’activer le mécanisme de « snapback », permettant un rétablissement automatique des sanctions internationales en cas de non-respect.

Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Iran est aujourd’hui le seul pays non doté de l’arme nucléaire à enrichir l’uranium jusqu’à 60 %, un seuil bien supérieur à la limite de 3,67 % fixée par l’accord de 2015, et proche des 90 % nécessaires à un usage militaire.

Baghaei a qualifié le recours à ce mécanisme de « non fondé, injustifié et contraire à l’éthique », accusant l’Occident de manquements répétés à ses propres obligations.

Depuis le retrait américain, l’Iran a accéléré ses activités nucléaires, tout en niant vouloir fabriquer une bombe. Les autorités insistent sur le caractère civil du programme, mais Israël et les pays occidentaux restent sceptiques.

Le 13 juin, Israël a mené une vaste offensive contre l’Iran, déclenchant une guerre de 12 jours. Le 22 juin, les États-Unis sont intervenus en bombardant des sites à Fordo, Ispahan et Natanz. Le niveau exact des destructions reste incertain.

Baghaei a déclaré lundi : « À ce stade, nous n’avons aucune intention de négocier avec les Américains. » Les négociations indirectes menées auparavant à Oman semblent aujourd’hui suspendues, et l’écart entre les positions iranienne et américaine sur l’enrichissement reste profond, Washington considérant ce point comme une « ligne rouge ».

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