L’Iran investit les protestations françaises pour accuser Paris de réprimer les manifestants
L’Iran a accusé la France dimanche de faire preuve de « violence » lors des manifestations qui ont éclaté après la mort d’un jeune français abattu par un policier, l’exhortant à « se maîtriser » face aux actes de vandalisme. Il s’agit apparemment d’un message adressé à Paris, qui avait précédemment critiqué le régime iranien, l’accusant de réprimer les manifestations qui ont secoué la République islamique après la mort de la jeune Mahsa Amini.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Nasser Kanaani, a déclaré que « ce qui est attendu, c’est que le gouvernement français respecte les principes de dignité humaine, de liberté d’expression et de droit à la manifestation pacifique des citoyens, et cesse de traiter violemment ses propres citoyens », appelant le gouvernement et la police française à se maîtriser, à rejeter la violence et à prendre en compte les revendications des manifestants.
Kanaani a estimé que « la discrimination à l’égard des immigrants, leur rejet et le fait de ne pas corriger le mauvais traitement dont ils font l’objet de la part de certains pays européens ont créé des conditions inappropriées pour les citoyens européens, y compris en France », appelant les ressortissants iraniens à éviter « tout voyage non nécessaire en France dans la mesure du possible compte tenu de la situation actuelle tendue ».
La France connaît des troubles généralisés à la suite de la mort de Nael (17 ans) abattu par un policier dans la banlieue de Nanterre, à l’ouest de Paris, après avoir refusé de se soumettre à un contrôle routier.
Le ministère français de l’Intérieur a annoncé l’arrestation de centaines de personnes en raison d’actes de vandalisme, de vol, de pillage et d’incendies criminels dans des propriétés publiques et privées, tandis que des dizaines de milliers de policiers et de gendarmes ont été déployés pour maintenir l’ordre et rétablir le calme dans les rues.
Ces événements ont suscité l’intérêt des médias en Iran, qui leur ont accordé une large couverture, notamment aux émeutes qui ont touché plusieurs grandes villes et leurs environs.
Paris avait déjà vivement critiqué la répression des autorités iraniennes lors des manifestations qui ont éclaté en septembre après la mort de la jeune Mahsa Amini suite à son arrestation par la police des mœurs à Téhéran pour non-respect des strictes règles vestimentaires de la République islamique.
Les autorités iraniennes estiment que les manifestations, qui ont considérablement diminué en intensité ces derniers mois, étaient principalement des actes de vandalisme soutenus par des parties étrangères.
Des centaines de personnes ont été tuées lors de ces manifestations, dont des dizaines de membres des forces de sécurité, tandis que les autorités iraniennes ont arrêté des milliers de personnes.
Le ministère des Affaires étrangères iranien avait condamné en octobre les déclarations du président français Emmanuel Macron soutenant les manifestations, les qualifiant d' »accusations politiques et d’ingérence qui encouragent la violence et violent la loi ».
Téhéran avait appelé Paris à éviter la violence et à écouter les manifestants lors des protestations qui ont éclaté en France en mars dernier suite à l’adoption d’une réforme du système de retraite, rappelant au gouvernement français les critiques formulées par Téhéran à l’égard de Paris lors des manifestations qui ont secoué le pays.
Dans le même contexte, des milliers de membres de l’opposition iranienne ont manifesté samedi à Paris, brandissant notamment l’ancien drapeau iranien de l’époque du Shah, contre le régime de Téhéran, soutenus notamment par l’ancien vice-président américain Mike Pence.
Des manifestants venus de toute l’Europe se sont rassemblés, comme en témoignent les dizaines d’autocars arborant des pancartes de l’Allemagne, de la Pologne et des pays scandinaves, portant l’inscription « Libérez l’Iran », en réponse à l’appel du Conseil national de la résistance iranienne, l’une des principales organisations d’opposition en dehors de l’Iran.
Parallèlement, le Conseil national de la résistance, qui est la vitrine politique de l’Organisation des moudjahidines du peuple considérée par Téhéran comme « terroriste », a tenu une réunion dans la banlieue d’Over-sur-Oise (nord de Paris) à laquelle ont participé l’ancienne Première ministre britannique Theresa May et l’ancien Secrétaire d’État américain Mike Pompeo.