L’Iran cherche à restaurer son influence par la création d’un syndicat régional du combustible nucléaire

Téhéran tente de repositionner son programme nucléaire comme un effort régional plus large, dans l’espoir d’atténuer son isolement international et de dissiper les inquiétudes occidentales sur ses intentions.
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Lundi, l’Iran a déclaré soutenir la création d’un syndicat régional du combustible nucléaire, tout en réaffirmant son droit inaliénable à l’enrichissement de l’uranium, et ce, en plein pourparlers avec les États-Unis. Cette proposition revêt des implications multiples, entre pragmatisme diplomatique et ambition géopolitique.
Depuis le 12 avril, l’Iran et les États-Unis ont entamé, sous médiation omanaise, un nouveau cycle de discussions sur le programme nucléaire iranien. Les responsables américains s’opposent catégoriquement à ce que la République islamique procède à l’enrichissement d’uranium.
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De son côté, Téhéran défend avec fermeté son droit à l’énergie nucléaire civile, assurant qu’il ne contrevient pas au Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP), auquel elle est signataire, et nie tout objectif militaire dans ce domaine.
En proposant la création d’un syndicat nucléaire régional, l’Iran entend inscrire son programme dans une démarche de coopération régionale, susceptible de briser l’isolement diplomatique qu’elle subit et de rassurer les pays occidentaux sur la finalité de ses activités nucléaires.
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Un tel syndicat pourrait également servir de plateforme de dialogue avec les pays voisins, y compris ceux qui manifestent des réticences quant au programme iranien, et ainsi ouvrir la voie à une éventuelle normalisation des relations.
L’Iran considère cette initiative comme un outil stratégique pour renforcer la coopération régionale face aux menaces sécuritaires communes, malgré les divergences politiques persistantes. Cette proposition est perçue comme une réponse aux programmes nucléaires parallèles de la région, voire comme une tentative d’établir un nouvel équilibre des forces.
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Pour Téhéran, ce syndicat serait l’occasion de réaffirmer son leadership régional dans le domaine nucléaire civil, fort de son expérience et de ses capacités techniques acquises au fil des années.
Selon le New York Times, l’Iran aurait proposé la mise en place d’un projet d’enrichissement nucléaire commun, impliquant des pays arabes et bénéficiant d’investissements américains.
Lors d’un point presse, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaei, a déclaré : « L’Iran n’a jamais officiellement formulé une telle proposition », ajoutant toutefois que « si une telle initiative existe, l’Iran l’accueillera favorablement et y participera », selon l’agence officielle IRNA.
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Il a précisé qu’un des fondements de cette idée réside dans la demande croissante en énergie nucléaire en Asie de l’Ouest.
Actuellement, les Émirats arabes unis disposent de la seule centrale nucléaire opérationnelle du monde arabe. L’Arabie saoudite a, quant à elle, annoncé en 2018 son intention de construire 16 réacteurs nucléaires au cours des vingt prochaines années.
Dimanche, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a déclaré que son pays poursuivrait l’enrichissement de l’uranium « avec ou sans accord » avec les puissances internationales.
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L’Iran enrichit aujourd’hui de l’uranium à un taux de 60 %, bien au-dessus des 3,67 % autorisés par l’accord de 2015, mais encore en deçà du seuil de 90 % requis pour un usage militaire, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Cependant, les conflits régionaux et la profonde méfiance entre l’Iran et plusieurs pays voisins jettent une ombre sur la faisabilité de ce projet de syndicat nucléaire. Le rôle des grandes puissances — en particulier les États-Unis et Israël — sera décisif, et pourrait freiner, voire empêcher, sa mise en œuvre.
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