L’Iran cherche à renforcer son influence au Liban en faisant fond sur l’accord passé avec l’Arabie saoudite
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, a demandé au secrétaire général de l’organisation Hezbollah au Liban, Hassan Nasrallah, vendredi, et l’accord de Téhéran et de Riyad la reprise des relations bilatérales. Les observateurs estiment que l’Iran cherche à exploiter le rapprochement avec l’Arabie saoudite pour renforcer son influence au Liban.
L’Iran estime que l’Arabie Saoudite ne s’intéresse plus à la situation libanaise et ne va donc plus faire face aux efforts de Téhéran pour renforcer son influence avec la même ferveur d’autrefois, d’autant plus que Riyad s’est longtemps efforcé de soutenir la classe politique libanaise au-delà de la crise et a fourni une aide économique. Mais cela n’a pas été le cas en raison des profonds conflits entre les forces libanaises.
La vacance du poste présidentiel a également représenté une opportunité pour l’Iran et son allié, le Hezbollah, ainsi que pour le Mouvement Amal, d’imposer des conditions aux forces politiques, avec des observateurs plus faibles.
Selon une déclaration publiée par le Hezbollah lors d’une réunion à Beyrouth, capitale du Liban, lors d’une visite officielle du ministre iranien dans le pays mercredi, « Nasrallah a rencontré le ministre iranien des Affaires étrangères et sa délégation en présence de l’ambassadeur de Téhéran à Beyrouth, Mojtaba Amani ».
Il a expliqué que les parties avaient examiné « les faits nouveaux les plus récents survenus dans la région, en particulier l’accord entre l’Iran et l’Arabie saoudite et ses répercussions sur l’ensemble du territoire, ainsi que l’évolution récente de la situation au Liban et en Palestine ».
Le 10 mars dernier, l’Arabie saoudite et l’Iran ont annoncé la reprise de leurs relations diplomatiques et la réouverture des ambassades dans les deux mois, après des discussions sous les auspices de la Chine.
Immédiatement après la conclusion de l’accord, Nasrallah a implicitement considéré qu’il s’agissait d’une victoire pour son groupe, qu’il décrit comme un axe de résistance, et qu’il apportait la stabilité dans la région. Mais des observateurs doutent de l’engagement des groupes liés à Téhéran, au Liban et au Yémen, dans les efforts de pacification et dans la voie de la réconciliation.
Les dirigeants du Hezbollah ne cachent pas leur soutien sans réserve à l’approche iranienne sur un certain nombre de terrains, en particulier en Syrie, où des combattants du parti, ainsi que des éléments des Gardiens de la Révolution, ont pris part aux combats de l’opposition syrienne.
Le groupe libanais, en coordination avec les services de renseignement iraniens, a soutenu les Houthis au Yémen, en les formant ou en les armant pour des tirs de roquettes et des marches contre l’Arabie saoudite.
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Dans le dossier libanais, l’Iran bénéficie de la volonté de l’Arabie Saoudite d’adopter une stratégie de repentir et de résolution des crises pour imposer le fait accompli – dans lequel le Hezbollah demeure le bras armé capable de faire naître l’Iran au Liban.
Mercredi, Hossein Amir Abdollahian est arrivé à Beyrouth en visite officielle pendant trois jours et a rencontré le chef du Gouvernement Najib Mikati, le Président de la Chambre des représentants Nabih Berri et le Ministre des affaires étrangères du Liban Abdallah Bou Habib.
Jeudi, lors d’une conférence de presse avec son homologue libanais, Abdollahian a déclaré avoir discuté avec les responsables libanais de l’accord Saudi-Iran et de la volonté de l’Iran d’aider le Liban dans tous les domaines, en particulier celui de l’électricité.
Le ministre iranien a appelé « tous les acteurs politiques au Liban pour accélérer le processus électoral présidentiel et politique ».
L’appel du ministre iranien à mettre fin à l’état de vacance au Liban intervient après que le duo chiite soutenu par l’Iran (Hezbollah et le mouvement Amal) a appelé à mettre fin à la vacance présidentielle, après avoir annoncé son soutien au chef du mouvement Marada, Suleiman Franjieh, au milieu des différends entre les blocs parlementaires sur les candidats au poste.
Depuis la fin du mandat du président Michel Aoun fin octobre dernier, le parlement libanais a échoué 11 fois à élire un président en raison de profondes divisions politiques, à un moment où aucun parti ne dispose d’une majorité parlementaire qui lui permette de présenter un candidat.
Depuis l’été 2019, le Liban a connu un effondrement économique, au cours duquel la lire a perdu plusieurs fois sa valeur par rapport au dollar, tandis que les banques ont cessé de fournir aux déposants leur argent en dollars, alors que le groupe Hezbollah était accusé d’avoir entraîné le pays dans l’axe iranien et perdant ainsi le soutien du Golfe.
La crise économique prolongée est la pire de l’histoire du Liban, et elle s’accompagne d’une paralysie politique qui empêche de prendre des mesures de réforme qui limitent la détérioration et améliorent la vie de la population.
En plus de souffrir depuis 2019 d’une crise économique étouffante sans précédent, le Liban connaît une crise politique aiguë, le parlement ayant échoué en 11 tours depuis septembre 2022 à élire un nouveau président pour que le pays succède à Michel Aoun, dont le mandat s’est terminé à la fin d’octobre 2022.