Etats-Unis

L’infiltration des Frères musulmans en Amérique… une stratégie silencieuse qui ronge la société de l’intérieur


Depuis des décennies, les Frères musulmans œuvrent à établir une présence profonde et invisible au sein des sociétés occidentales, évoluant entre les sphères politiques, culturelles, juridiques et médiatiques.

Bien que l’Occident ait souvent considéré le mouvement comme un partenaire ou une façade « modérée », ses documents internes et ses pratiques révèlent un projet d’infiltration mené de manière méthodique, froide et graduelle, visant à remodeler l’environnement libéral démocratique de l’intérieur et à le transformer en un espace plus réceptif à un ensemble de valeurs radicales, selon une étude publiée par l’Institut international d’étude de l’antisémitisme et des politiques.

La note explicative consacrée à la présence des Frères musulmans en Amérique du Nord montre que le mouvement ne considère pas son activité en Occident comme un simple engagement social ou caritatif, mais comme une partie d’un processus de longue haleine destiné à « démolir la civilisation occidentale de l’intérieur », en tirant parti des libertés, des lois et des institutions mêmes des démocraties occidentales.

La doctrine du “tamhîn” (l’implantation)

La première étape du projet repose sur la redéfinition du concept de « tamkîn » (empowerment), qui passe d’une notion religieuse et morale à une stratégie politique progressive visant à bâtir une influence au sein des institutions étatiques et sociales occidentales.

Cette instrumentalisation des textes procure une légitimité religieuse apparente à un projet dont la nature réelle est institutionnelle, graduelle, flexible et discrète, loin de tout affrontement direct.

Le concept s’est progressivement structuré en quatre étapes idéologiques : le gradualisme de Hassan al-Banna, l’approche révolutionnaire de Sayyid Qutb, la jurisprudence des minorités de Youssef al-Qaradawi, puis la vision plus conflictuelle d’Ali al-Sallabi. Ensemble, elles tracent le passage d’une phase de formation et d’éducation à une phase de consolidation politique, puis à la création de structures parallèles au sein même de l’Occident.

Entre al-Banna et Qutb

Alors qu’al-Banna se concentrait sur la formation de l’individu, de l’organisation et de la base populaire, Sayyid Qutb donna au projet une dimension révolutionnaire qualifiant les sociétés modernes, y compris musulmanes, de « jahiliya » (ignorance préislamique).

La combinaison de ce gradualisme organisationnel et de cette vision hostile à la modernité occidentale donna naissance à une doctrine hybride alliant pragmatisme idéologique et confrontation culturelle.

Al-Qaradawi : le bouclier doctrinal qui permit l’adaptation en Occident

Grâce à la jurisprudence des priorités et celle des minorités, al-Qaradawi offrit au mouvement la capacité d’opérer dans les sociétés occidentales sans entrer en conflit frontal avec leurs lois, en profitant des libertés libérales pour renforcer les institutions liées aux Frères musulmans tout en promouvant un discours adouci qui ne reflète pas la véritable nature du projet.

Documents secrets : l’esprit interne du mouvement

Le document « Le Projet » (1982)

Découvert dans la maison de Youssef Nada durant une enquête suisse, ce texte constitue le cadre idéologique mondial du projet d’expansion.

Il insiste sur la construction d’un système institutionnel parallèle aux structures occidentales : éducation, médias, économie islamique, relations avec les non-musulmans, développement identitaire et exploitation des lois en vigueur.

Le document ne prône pas la violence, mais un changement progressif de la structure sociétale par des outils non coercitifs, protégés par l’environnement libéral.

La note explicative (1991)

Saisie chez Ismaïl al-Barasi, elle représente le plan opérationnel détaillé des réseaux des Frères en Amérique du Nord.

Elle décrit l’objectif comme une mission visant à « démolir la civilisation occidentale de l’intérieur ». La note énumère 29 organisations agissant de manière coordonnée au sein du projet.

Elle révèle notamment :

  • la création d’organisations de façade destinées à dialoguer avec les gouvernements et les médias
    • l’infiltration de l’éducation, de la culture et du droit
    • l’utilisation de la cause palestinienne comme outil de mobilisation permanente
    • l’établissement d’alliances avec des organisations non musulmanes pour atteindre des objectifs politiques convergents

Ces documents montrent que le mouvement ne se limite pas à une entité religieuse, mais à un réseau mondial opérant selon une stratégie à long terme.

L’infiltration des institutions américaines

Bien que certaines personnalités et organisations liées aux Frères aient été impliquées dans des affaires de financement du terrorisme, plusieurs ont réussi à influencer les institutions politiques grâce à un discours modéré et à des relations soigneusement construites.

Parmi les cas cités :

  • des organisations telles que le Conseil des relations américano-islamiques et la Société islamique d’Amérique du Nord ont conservé un accès régulier aux agences fédérales
    • des personnalités idéologiquement liées au mouvement ont occupé des postes sensibles dans des administrations démocrates
    • le mouvement s’est présenté comme le « représentant » des musulmans américains sans détenir de mandat communautaire

Les portes stratégiques : sécurité intérieure, justice et diplomatie

Le mouvement a concentré ses efforts sur des secteurs influents tels que :

  • les programmes de lutte contre l’extrémisme au sein du Département de la Sécurité intérieure
    • les bureaux des droits humains du Département d’État
    • les comités des droits civiques du Département de la Justice
    • les unités d’analyse culturelle et linguistique de la communauté du renseignement

Cela a facilité l’influence sur certaines politiques publiques et créé une zone de protection pour les activités du mouvement.

Institutions parallèles et communautarisme organisé

Les Frères ont établi leur influence dans les mosquées, écoles islamiques et associations étudiantes universitaires, devenues progressivement des incubateurs idéologiques reproduisant leurs cadres et leurs concepts.

Économie parallèle et financement autonome

Le financement fondé sur les dons, les zakats, les fondations et les collectes annuelles a soutenu une structure financière solide estimée à des centaines de millions de dollars annuels, permettant au mouvement de fonctionner indépendamment de la surveillance gouvernementale.

Exploiter les libertés occidentales

Le principe central est « utiliser les lois démocratiques pour protéger un projet non démocratique ». Toute enquête est immédiatement interprétée comme une discrimination contre les musulmans.

Alliances circonstancielles

Le mouvement a su tisser des alliances avec la gauche et les milieux libéraux en exploitant :

  • les discours sur les droits civiques
    • les causes des minorités
    • les plaintes liées à l’islamophobie

Cela lui a permis d’étendre son influence dans des espaces sociaux et politiques variés.

La cause palestinienne : porte d’entrée dans la conscience occidentale

Instrumentalisée comme facteur unificateur, elle sert à mobiliser les communautés musulmanes, à renforcer la légitimité politique du mouvement et à se présenter comme défenseur majeur de la question au sein de l’Occident.

Un projet continu et un échec occidental à identifier le risque
Selon l’étude :

  1. le mouvement mène un projet politique durable, non une simple activité religieuse
  2. il utilise des tactiques non violentes visant à transformer les sociétés de manière profonde
  3. il possède une forte capacité d’adaptation malgré la diversité des environnements
  4. il profite du vide représentatif au sein des communautés musulmanes pour se présenter comme porte-parole
  5. il construit des institutions parallèles qui induisent un changement lent mais profond

L’étude conclut que l’Occident fait face non à une organisation terroriste utilisant la violence, mais à un mouvement idéologique cherchant l’influence par les moyens doux : droit, éducation, politique, culture et médias. Ce type d’infiltration est le plus dangereux car il opère dans l’ombre, avançant par étapes, sans bruit.

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