Politique

L’Est du Congo à la veille des canons… « Les trésors de la terre » au cœur du conflit


Les richesses naturelles de la terre ont toujours été au centre de nombreux conflits, et la situation n’est pas différente dans l’est du Congo.

Récemment, des affrontements violents ont éclaté entre les forces armées congolaises et le mouvement M23, un groupe armé opposé au gouvernement, qui a pris le contrôle de Goma, la plus grande ville de l’est et capitale du Nord-Kivu.

À Goma, les combats ont fait au moins 2900 morts, selon les Nations Unies, et les rebelles ont ensuite progressé vers le sud de la région du Kivu.

Les minerais… au cœur du conflit

En décembre dernier, des experts des Nations Unies ont documenté que les rebelles du M23 se financent depuis plusieurs mois grâce au coltan, qui est exporté illégalement vers des destinations au-delà des frontières.

En avril dernier, les rebelles ont pris le contrôle de la mine de Rubaya, le plus grand gisement de coltan de la région des Grands Lacs, représentant 15 % de la production mondiale de ce minerai, utilisé notamment dans les condensateurs pour téléphones et ordinateurs.

Ils contrôlent également la route menant à la frontière et on rapporte que 120 tonnes de coltan congolais sont exportées chaque mois, générant, selon les experts de l’ONU, 800 000 dollars de revenus mensuels pour le M23, sous forme de taxes et de prélèvements sur les mineurs et les entreprises minières.

Cela constitue une source majeure de financement pour le groupe armé, en plus des revenus obtenus aux barrages routiers, des taxes sur les habitants, du travail agricole forcé, du commerce du bois et du charbon.

Poursuites judiciaires

Selon RFI, depuis l’entrée des rebelles du M23 à Goma, Kinshasa a demandé à l’ONU d’imposer un embargo sur l’exportation de tous les minerais estampillés « rwandais ».

Les autorités de Kinshasa ont également engagé une action en justice contre Apple en décembre dernier, la société américaine d’électronique, accusée de favoriser le trafic de minerais vers le Rwanda, annonçant que l’entreprise avait cessé d’acheter des matières premières provenant de la région des Grands Lacs.

En Europe, ce qui se passe dans l’est du Congo est devenu une question politique sensible, avec des pressions exercées par le gouvernement belge et des membres du Parlement européen sur l’Union européenne pour condamner le partenariat minier signé avec le Rwanda en février 2024.

Échecs

Le trafic de minerais congolais représente une source de financement majeure pour le M23, mais il remonte à avant le retour de ce groupe armé en République Démocratique du Congo.

Les experts soulignent que les trafics de coltan, d’or, de tungstène et d’étain se sont intensifiés depuis le début des années 2000, soutenus par d’autres groupes armés, comme les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda, opposées au régime de Paul Kagame à Kigali.

Le minerai est souvent vendu à un prix plus élevé au-delà des frontières, ce qui met en lumière les échecs du système de traçabilité mis en place il y a 15 ans pour empêcher les « minerais de sang » d’entrer dans les chaînes d’approvisionnement de l’électronique.

Nouvelle offensive

Le mouvement M23 a lancé mercredi une nouvelle attaque dans l’est du Congo, prenant le contrôle d’une ville minière dans la région du Sud-Kivu, et poursuivant sa progression vers la capitale provinciale Bukavu.

Après avoir pris la semaine dernière Goma, capitale de la province voisine du Nord-Kivu, le mouvement a annoncé un cessez-le-feu unilatéral pour des raisons humanitaires, à partir de mardi. Il a confirmé qu’il « n’avait aucune intention de contrôler Bukavu ou d’autres régions ».

Cependant, dès l’aube de mercredi, des combats violents ont éclaté dans le Sud-Kivu entre les rebelles et les forces congolaises, selon des sources de sécurité et humanitaires citées par l’AFP.

Le M23 a pris le contrôle de la ville minière de Nyabibwe, située à environ 100 kilomètres de Bukavu et à 70 kilomètres de l’aéroport régional.

Le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a déclaré à l’AFP : « C’est une preuve évidente que le cessez-le-feu unilatéral annoncé était une ruse, comme d’habitude. »

Depuis plus de trois ans de conflit, six accords de cessez-le-feu ont été signés dans la région, mais ont rapidement été violés.

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