Les violations du Hezbollah ravivent les tensions à la frontière syro-libanaise

Huit personnes blessées dans un village libanais proche de la frontière à la suite d’une attaque par drone, en riposte à une frappe du Hezbollah contre l’armée syrienne à Homs.

Les tensions se sont ravivées à la frontière entre le Liban et la Syrie, dans un contexte d’escalade orchestrée par le Hezbollah. Huit personnes ont été blessées dans un village libanais proche de la frontière à la suite d’une attaque menée par un drone, apparemment de l’armée syrienne, en représailles à un tir d’artillerie provenant du territoire libanais, que les autorités syriennes ont attribué à la milice chiite soutenue par Téhéran.

• Le désarmement du Hezbollah est plus proche que jamais

• Déconstruction de la majorité des sites militaires du Hezbollah au Liban : Flexibilité ou manœuvre ?

Malgré les efforts récents des gouvernements libanais et syriens pour rétablir les canaux de communication et la coordination sécuritaire, le Hezbollah semble déterminé à faire dérailler toute tentative d’apaisement. Une stratégie largement perçue comme servant les intérêts de l’agenda iranien dans la région. Des observateurs estiment que le groupe cherche à maintenir une ligne de front active à la frontière afin de fournir à Téhéran des cartes de pression supplémentaires dans son bras de fer régional avec l’Occident.

Des activistes et analystes politiques accusent le Hezbollah de porter atteinte de façon répétée à la souveraineté syrienne par ses activités militaires en territoire syrien, mettant ainsi le Liban dans une position délicate vis-à-vis de l’État syrien et de la communauté internationale. Les voix se multiplient au Liban pour dénoncer ces pratiques, qui exposent la sécurité du pays et de ses citoyens à des risques croissants, alors que les appels au désarmement du Hezbollah se font de plus en plus pressants.

• L’avenir de l’armement du Hezbollah est ouvert à la discussion: Sous conditions

• Hassan Bdeir : Un haut responsable du Hezbollah ciblé par une frappe israélienne sur Beyrouth

L’Agence nationale d’information du Liban a rapporté que « huit réfugiés syriens ont été blessés et transférés par la Croix-Rouge libanaise vers des hôpitaux à Hermel, à la suite de l’explosion d’un drone piégé dans une ferme de la localité de Houch es-Sayyed Ali, à la frontière avec la Syrie ». L’armée libanaise a envoyé des renforts dans la région après des échanges de tirs.

De son côté, l’agence de presse officielle syrienne SANA a cité un responsable non nommé du ministère de la Défense affirmant que « des milices du Hezbollah libanais ont tiré plusieurs obus d’artillerie depuis le territoire libanais en direction des positions de l’armée arabe syrienne dans la région de Qousseir, à l’ouest de Homs ».

• Le Mossad révèle comment les explosions des pagers ont bouleversé la guerre contre le Hezbollah

• Les dessous du financement : Israël avertit des opérations de contrebande en faveur du Hezbollah

Il a ajouté que « nos forces ont immédiatement riposté en ciblant les sources des tirs après avoir repéré les positions d’où provenaient les cinq obus ».

Et de poursuivre : « Nous sommes en contact avec l’armée libanaise pour évaluer la situation, et avons cessé de frapper les sources de tirs situées en territoire libanais à la demande de l’armée libanaise, qui a pris en charge la traque des groupes terroristes responsables de l’attaque sur le territoire syrien. » Aucune information n’a été donnée sur d’éventuelles pertes.

Le mois dernier, la région frontalière entre la Syrie et le Liban avait déjà été le théâtre de tensions sécuritaires après que le ministère syrien de la Défense eut accusé le Hezbollah d’avoir enlevé et tué trois de ses soldats.

• Le jeu des ombres : Comment Israël s’est infiltrée au cœur du Hezbollah avant l’assassinat de Hassan Nasrallah

• Plans iraniens pour approvisionner le Hezbollah en armes par voie aérienne

Lors d’une réunion tenue en Arabie Saoudite le 28 mars dernier, les ministres de la Défense syrien, Merhaf Abou Qosra, et libanais, Michel Mansi, ont souligné l’importance stratégique de la démarcation des frontières entre les deux pays, et de la coordination pour faire face aux défis sécuritaires et militaires.

Un accord a été signé lors de cette rencontre, affirmant l’importance de cette délimitation, la mise en place de comités juridiques et techniques dans plusieurs domaines, ainsi que l’activation des mécanismes de coordination, notamment en ce qui concerne la gestion des situations à la frontière.

• De Basta à Bazourieh : Les bastions du Hezbollah « embrasent » le Liban

• Israël menace les dirigeants du Hezbollah : vaincre le parti par l’arme du « chaos »

La nouvelle administration syrienne cherche à renforcer le contrôle de la sécurité dans le pays et à mieux surveiller ses frontières, notamment avec le Liban, en poursuivant les trafiquants de drogue et les éléments du régime déchu responsables d’instabilités.

La frontière syro-libanaise se distingue par son imbrication géographique complexe, composée de montagnes, de vallées et de plaines, sans démarcations visibles, malgré l’existence de six postes frontaliers terrestres répartis sur près de 375 kilomètres.

• Après sa mort… Qui est Salim Ayyash, membre du Hezbollah, condamné pour l’assassinat de Rafic Hariri ?

• Le déclin du Hezbollah marque-t-il la fin de l’ère iranienne ?