Les revendications internes de déporter Ghannouchi… les contes des Frères de Tunisie sont presque terminés
Le mouvement Ennahdha vit son propre tremblement de terre interne à un rythme continu depuis le 25 juillet dernier.
Les répercussions de la suspension du Parlement et de la fermeture de tous les débouchés devant le retour de Rashid Ghannouchi à la présidence du Conseil législatif tunisien se sont précipitées jour après jour en tirant la fin du cheikh octogénaire qui s’est accroupi sur les poitrines des Tunisiens tout au long du dernier clan.
« Rached Ghannouchi… c’est la personne la plus rejetée par les Tunisiens durant cette période »… C’est ce qu’a déclaré l’ancien leader du mouvement Ennahdha Karim Abdel Salam dans des déclarations à « Al-Ain News ». Karim Abdel Salam a fait partie de l’appareil secret du mouvement Ennahdha à la fin des années 1980, avant de se défaire de lui après 13 ans de prison, après avoir brûlé le siège du parti au pouvoir en 1991 ».
Abdel Salam, que Al-Ain News a rencontré dans un entretien précédent, confirme que Ghannouchi est devenu un passé politique de la Tunisie après les récentes actions de Saïed.
Ghannouchi, isolé politiquement et poursuivi, a aussi été rejeté par ses partisans, alors qu’un groupe de dirigeants de Ennahdha s’apprêtent à l’écarter de la présidence du mouvement dans les jours à venir.
Selon des sources bien informées proches des cercles tunisiens de Ennahdha, une cinquantaine de dirigeants au sein du parti Ennahdha ont proposé d’isoler Ghannouchi et l’ont poussé à l’isolement politique.
La même source indique qu’elle a demandé à Ghannouchi et à sa famille de révéler ses comptes bancaires de 2013 à 2021, notant que certains dirigeants en colère contre Ghannouchi préparaient une déclaration d’opinion publique dénonçant les crimes financiers du chef des Frères de Tunisie.
Cette division à l’intérieur de la famille des Frères se retrouve aujourd’hui dans le contenu de la déclaration du parti des Frères, qui adoucit le ton du discours à l’égard du président tunisien Kais Saïed.
Le communiqué indique que les résolutions du 25 juillet sont venues briser un cercle vicieux dans la recherche de solutions.
Cette remise en cause de la position fraternelle vis-à-vis du président tunisien Kais Saïed est vue par beaucoup de partisans comme le signe d’une rétrébation interne dans la pieuvre des Frères, ce que certains considèrent comme une « technique » effrayante, arborant le slogan du couronnement jusqu’à l’arrivée de la tempête.
Campagne pour évincer Ghannouchi
À la tête des opposants au leadership de Ghannouchi, des sources proches du mouvement Ennahdha de Al-Ain News indiquent que l’ancien ministre de la Santé Abdellatif Mekki et le député Samir Dilou, ainsi que le dirigeant Imed Hammami, mènent une campagne pour évincer Ghannouchi de la scène politique.
Les sources indiquent que Ghannouchi a accepté de quitter Ennahdha lors du premier congrès du parti et de se retirer de la scène politique prévue pour la fin de l’année en cours.
Les sources ont confirmé que trois bureaux locaux (Gouvernorat de Siliana, Sousse et Mahdia) avaient démissionné du mouvement Ennahdha à la suite des mesures prises par le Président tunisien Kais Saïed pour suspendre les travaux du Parlement.
La fin de Ghannouchi
Le professeur de sociologie politique Jihad Al-Aidoudi a confirmé que la sortie de Rached Ghannouchi de Ennahdha signifierait directement la fin de l’ère des Frères de Tunisie, en tant que premier homme du mouvement, détenteur d’un pouvoir sur les financements extérieurs depuis 1981.
Il a ajouté dans des communiqués de Al-Ain News que la demande des dirigeants du Parti d’isoler Ghannouchi était une tentative de la part du mouvement de sauver les dossiers de corruption politique et d’actes terroristes liés à la renaissance depuis l’assassinat du leader gauchiste Chokri Belaïd et du nationaliste Mohamed Brahmi en 2013.
Ghannouchi connaît un siège politique et judiciaire sans précédent, puisqu’il a comparu, aujourd’hui, vendredi, devant le juge d’instruction dans les affaires de terrorisme, en tant qu’accusé dans l’affaire de l’assassinat de Chokri Belaïd.
Des sources judiciaires de Al-Aïn News ont confirmé que Ghannouchi avait passé quatre heures au centre d’enquête d’Al-Awayna, dans la banlieue de Tunisie, pour répondre de ses liens avec Abdelaziz Daghesi, accusé d’avoir organisé la logistique de l’assassinat de Belaïd et Brahmi.