Les répercussions de la frappe de Trump contre les Frères musulmans… Qu’attendre en Europe ?
La décision du président américain Donald Trump a déclenché une onde de choc au sein des réseaux des Frères musulmans dans le monde, et il est attendu qu’elle entraîne diverses conséquences dans un avenir proche.
Lundi, le président américain a signé un décret exécutif ordonnant de lancer une procédure visant à classer les branches des Frères musulmans en Égypte, en Jordanie et au Liban comme organisations terroristes, une mesure qui accélère la fin du mouvement après près d’un siècle d’existence.
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En vertu du décret signé par Trump, les secrétaires d’État Marco Rubio et au Trésor Scott Besent devront soumettre au président, dans un délai de trente jours, un rapport conjoint sur la désignation de ces branches comme organisations terroristes étrangères.
La décision demande ensuite aux deux ministres de procéder à l’application des désignations dans un délai de quarante-cinq jours suivant la remise du rapport.
Dans ce contexte, l’experte allemande la plus en vue sur la question des Frères musulmans, Sigrid Herrmann, affirme que la décision de Trump est « une première étape pour traiter la structure organisationnelle des Frères musulmans, car le mouvement gère de nombreuses associations et organisations, et pas seulement des mosquées ».
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Selon Herrmann, le réseau des Frères musulmans s’étend aux organisations éducatives et aux associations caritatives, et inclut désormais de nombreux autres domaines tels que les services financiers halal, les associations professionnelles et les prestataires de services commerciaux.
Elle ajoute : « Mais il faut prouver le lien entre chacune de ces structures séparément, de manière crédible devant les tribunaux. Il reste donc beaucoup de travail à accomplir ».
Concernant l’impact de la décision de Trump sur l’avenir des Frères musulmans en Europe, elle estime : « Dans un premier temps, il n’y aura aucun effet direct. Même l’effet indirect sera difficile. Mais la décision américaine compliquera l’accès des organisations liées aux Frères musulmans aux fonds publics dans les pays européens ».
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L’experte allemande prévoit un changement dans la perception politique ou sociale des institutions liées aux Frères musulmans, ainsi que dans leur financement et leurs activités en France et au Royaume-Uni, à la suite de la décision américaine. Toutefois, elle ne s’attend pas à un tel changement en Allemagne, où les membres
du mouvement bénéficient d’une position très solide, notamment la branche syrienne des Frères musulmans.
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L’obtention de fonds publics par des organisations liées aux Frères musulmans, parfois via des programmes de soutien à la démocratie, constitue l’une des principales sources de financement du mouvement en Europe. La fermeture de cette brèche rendrait les activités de ses réseaux et la collecte de fonds nettement plus difficiles.
Selon plusieurs observateurs, les différentes politiques adoptées actuellement par les pays européens pour lutter contre le mouvement pourraient s’intensifier une fois que les branches égyptienne, jordanienne et libanaise auront été officiellement classées comme organisations terroristes aux États-Unis.
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Mesures de durcissement
Au cours des dernières années, plusieurs pays européens ont mis en place des mesures croissantes contre les Frères musulmans et les organisations qui leur sont affiliées, allant de l’interdiction de certaines entités à l’ouverture d’enquêtes sur les activités d’autres, en passant par des investigations sur des infractions financières et une surveillance renforcée.
Selon une étude du Centre d’étude de l’extrémisme de l’Université de Georgetown publiée en 2023, rédigée par l’un des plus grands spécialistes du dossier des Frères musulmans, Lorenzo Vidino, l’Union européenne et l’ensemble des services de sécurité des vingt-sept États membres surveillent les Frères musulmans et leurs organisations affiliées, et entretiennent une perception négative du mouvement.
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En Allemagne, par exemple, les pressions sur les Frères musulmans et leurs réseaux se multiplient au Parlement, dans les cercles politiques, devant les tribunaux et dans les services de renseignement intérieur.
Dans la démarche la plus récente, le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), deuxième force au Bundestag, a soumis cette semaine une interpellation urgente au gouvernement concernant l’attribution de financements publics à certains projets dirigés par des organisations affiliées aux Frères musulmans, notamment l’association Climb. Il a également demandé l’ouverture d’une enquête parlementaire.
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Au début du mois, les autorités allemandes ont porté un coup sévère aux réseaux médiatiques proches des Frères musulmans en interdisant l’organisation Muslim Interactive, active principalement dans la propagande en ligne, et en menant des perquisitions dans les locaux de ses dirigeants pour recueillir des preuves.
En Autriche, les autorités ont adopté des mesures de durcissement depuis 2019, lorsqu’elles ont interdit les symboles des Frères musulmans, puis mené des raids contre leurs infrastructures en 2020 et ouvert une enquête judiciaire sur leurs activités et leurs liens avec le terrorisme. Un agent infiltré pour leur compte a même été découvert récemment au sein des services de renseignement intérieur.
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En France, les autorités ont décidé en juin dernier de dissoudre l’Institut européen des sciences humaines (IESH), considéré comme l’un des plus anciens centres de formation des imams, en raison de ses liens avec les Frères musulmans. Cette mesure a suivi la publication d’un rapport de sécurité mettant en lumière les activités du mouvement et la menace qu’il représenterait pour la sécurité et la cohésion sociale.
En Suède, le mouvement a subi un coup rude ces derniers jours après la révélation d’une enquête sécuritaire portant sur des activités financières suspectes menées par des réseaux liés aux Frères musulmans.
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Le journal suédois Expressen a dévoilé une enquête sur un réseau d’imams et d’associations affiliés au mouvement, accusés de détournement de fonds publics via des institutions éducatives privées, dont des écoles et des crèches.
Ce réseau a obtenu des financements gouvernementaux s’élevant à des milliards de couronnes, et a servi de couverture à des transferts financiers douteux et à de vastes opérations de fraude.
Selon l’enquête, les autorités suédoises surveillent ces activités depuis plusieurs mois après l’accumulation de dettes fiscales impayées atteignant des dizaines de millions, tandis que certains responsables retiraient d’importants bénéfices personnels.
