Les protestations successives à Gabès : la Tunisie surveille les manœuvres des Frères musulmans

Les Frères musulmans de Tunisie ne laissent passer aucun mouvement, quel qu’en soit le but, sans tenter d’en tirer profit — lorsqu’ils n’en sont pas eux-mêmes les instigateurs — pour servir leurs propres intérêts.
Dans leur démarche continue visant à « semer la discorde au sein de l’État », les Frères musulmans ont exploité les manifestations pacifiques dans le gouvernorat de Gabès (sud-est de la Tunisie) contre la pollution environnementale, dans le but de les transformer en « instrument de chaos menaçant la stabilité nationale ».
Une séance parlementaire pour contrer les ingérences
Lundi, le Parlement tunisien a tenu une séance d’interpellation du gouvernement concernant la situation environnementale et sécuritaire à Gabès, après trois semaines de protestations exigeant la fermeture du complexe chimique responsable de fréquents cas d’asphyxie dus aux émissions polluantes.
Plusieurs députés ont implicitement accusé le mouvement des Frères musulmans d’attiser les tensions dans cette région côtière, tandis que le ministère tunisien de l’Intérieur a révélé samedi l’existence d’un « plan de sabotage » visant le complexe, qui renferme près de 100 000 tonnes de substances dangereuses.
Le même jour, 89 personnes impliquées dans les manifestations ont été présentées au parquet, dont trois transférées au pôle judiciaire antiterroriste.
Rejet de toute instrumentalisation politique
Le président du Parlement tunisien, Ibrahim Bouderbala, a exprimé sa solidarité avec les habitants de Gabès, saluant leur sens des responsabilités et leur vigilance « face à toutes les manœuvres et ingérences visant à exploiter la situation à des fins douteuses sans lien avec l’intérêt général ».
Lors de la séance plénière, Bouderbala a insisté sur la nécessité de faire toute la lumière sur les événements et d’empêcher toute tentative de récupération politique. Il a rappelé que la crise de Gabès « ne date pas d’hier, mais résulte de décennies de négligence et de politiques environnementales mal conçues », appelant à faire valoir les droits légitimes par des moyens pacifiques.
Avertissements contre un complot étranger
Le député tunisien Abdessattar Zraïli a, pour sa part, mis en garde contre « un glissement vers le chaos », soulignant le risque que certaines parties exploitent la crise à des fins politiques ou étrangères.
Dans une déclaration accordée en marge de la séance parlementaire, il a affirmé : « Il existe un complot contre la Tunisie… mais nous ne permettrons pas la chute de l’État. »
Zraïli a également exprimé ses inquiétudes quant à « des plans extérieurs visant l’État tunisien », insistant sur le fait que « la préservation de la stabilité est un devoir national partagé ».
Il a appelé à « barrer la route aux traîtres et aux agents étrangers », estimant que « ce qui se passe à Gabès n’est pas un simple problème environnemental isolé, mais un signe alarmant d’un système corrompu et d’une menace directe pour la paix sociale à l’échelle du pays ».
Le président Saïed : les Frères musulmans sont en perdition
Le président tunisien Kaïs Saïed a directement accusé samedi les Frères musulmans d’être derrière l’escalade des tensions à Gabès à la suite des manifestations exigeant le démantèlement du complexe chimique.
Saïed a déclaré que la Tunisie avait réussi à relever de nombreux défis, ce qui, selon lui, a poussé « ses adversaires et conspirateurs à se débattre et à se contredire ».
Faisant allusion aux Frères musulmans, il a ajouté : « Ceux qui reçoivent des fonds de l’étranger pour devenir des porte-voix mercenaires et hystériques ne comprennent pas — et ne comprendront jamais — que leurs discours sont désormais rouillés, inaudibles pour la majorité. »
Le président a conclu en affirmant que « la Tunisie sera au rendez-vous de l’histoire, sur le chemin du succès, car le peuple tunisien a décidé de relever tous les défis », soulignant la nécessité d’une union entre les citoyens et les forces de sécurité « face à ceux qui cherchent à exploiter la crise environnementale à des fins personnelles, des objectifs désormais bien connus de tous ».