Les Projets Pétroliers Russes en Libye Menacent les Intérêts de l’Occident
La Russie cherche à étendre son influence économique parallèlement à sa présence militaire en Libye en relançant d'anciens projets dans le domaine pétrolier et en lançant de nouveaux projets dans le secteur du gaz
Ce rapprochement russo-libyen suscite une inquiétude croissante en Occident, qui voit d’un mauvais œil l’invitation du Premier ministre désigné par la Chambre des représentants, Osama Hamad, à la Russie pour construire une raffinerie de pétrole et renforcer sa présence dans le développement énergétique en Libye à travers ce projet.
L’agacement de Paris est clairement apparu dans les médias français qui ont abordé avec inquiétude l’expansion russe en Libye. Le journal français « La Nouvelle Tribune » a mis en lumière les déclarations récentes du ministre de l’Investissement du gouvernement désigné par la Chambre des représentants, Ali Al-Saidi, qui, en marge du forum tenu à Kazan en mai dernier, a appelé à renforcer le partenariat économique avec la Russie dans divers domaines. Il a indiqué que les contacts de son gouvernement avec Moscou se poursuivent et que l’Est de la Libye cherche à établir un partenariat stratégique avec la Russie.
Selon le rapport français, après avoir renforcé sa présence militaire, Moscou envisage de se réimplanter économiquement, notamment dans le secteur pétrolier. Le ministre Al-Saidi a justifié cette initiative par le besoin de la Libye en investissements, affirmant que le pays est une terre fertile pour la Russie. Il a également invité toutes les entreprises russes à investir dans les domaines de l’énergie, de l’agriculture, de l’industrie, de la santé et de l’éducation, tout en exprimant son opposition à la présence américaine en Libye, plus visible dans l’ouest du pays.
Selon les médias russes, le ministre a proposé à la compagnie « Tatneft » de construire une raffinerie dans l’est de la Libye, annonçant que le terrain, le projet et la licence sont prêts. Ce projet est en attente de réalisation depuis plus de dix ans.
La source française a signalé que la National Oil Corporation, responsable des questions énergétiques en Libye, a protesté contre ces déclarations, rappelant qu’elle est la seule responsable de la gestion des contrats avec les entreprises internationales. Elle a ajouté que la Libye n’a pas besoin d’un tel partenariat, car elle est capable de construire de nouvelles raffineries avec les compagnies pétrolières libyennes.
La Libye possède les plus grandes réserves pétrolières d’Afrique et a dépassé le Nigeria en avril 2024 en termes de production. Tout en visant une production de deux millions de barils par jour, le pays se prépare à délivrer une série de licences aux entreprises mondiales opérant dans ce domaine.
Selon de nombreux observateurs libyens, la Russie cherche à étendre son influence économique parallèlement à sa présence militaire en Libye. Alors que les compagnies pétrolières russes « Gazprom » et « Rosneft » sont déjà présentes en Libye, Moscou cherche à relancer d’anciens projets pétroliers et à lancer de nouveaux projets gaziers.
La concurrence entre la Russie et les États-Unis se concentre récemment sur l’économie libyenne, exploitant le conflit local et s’alignant l’un contre l’autre en construisant des alliances militaires et économiques avec des puissances internationales majeures. Par exemple, la Russie développe sa présence militaire au point de commencer à construire un corps militaire africain dans plusieurs pays africains, dont la Libye, en parallèle avec les tentatives américano-européennes d’augmenter leur présence dans l’est de la Libye.
Récemment, Moscou a invité plusieurs dirigeants de l’autorité en place à Tripoli pour discuter des relations bilatérales, notamment dans le domaine économique. Le vice-président du Conseil présidentiel, Abdullah Al-Lafi, et le ministre des Affaires étrangères du gouvernement d’unité nationale, Al-Taher Al-Baour, ont discuté avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et d’autres responsables russes, des perspectives d’expansion des entreprises économiques et de l’activation des commissions conjointes dans divers domaines, notamment le retour des entreprises russes pour reprendre leurs projets suspendus depuis 2011.
À l’est de la Libye, le chargé d’affaires de l’ambassade américaine en Libye, Jeremy Brent, a visité Benghazi où il a rencontré les fils de Khalifa Haftar, Saddam et Belkacem, pour discuter de plusieurs dossiers concernant les institutions sécuritaires et économiques. Bien que les activités de Saddam soient principalement de nature sécuritaire, il est remarquable que Belkacem préside le Fonds de développement et de reconstruction de la Libye. Jeremy Brent a assuré à Belkacem le soutien des États-Unis aux efforts de son fonds pour reconstruire et développer la Libye, ce qu’a confirmé la municipalité de Benghazi qui a accueilli la rencontre.
La déclaration de la municipalité de Benghazi a mis l’accent sur les discussions économiques avec l’ambassadeur américain, précisant que la réunion a abordé les moyens de coopération avec les entreprises américaines pour les inclure dans les programmes de reconstruction à Benghazi et Derna.
Ces contacts et efforts montrent que l’économie est la principale façade de la concurrence américano-russe. Alors que Moscou détient une part importante dans les projets de reconstruction à Benghazi et Derna, en plus de son poids militaire et politique, elle cherche à établir des liens économiques avec les autorités de l’ouest du pays, notamment en activant l’accord d’amitié russo-libyen signé en 2008, qui comprend des investissements russes de plusieurs milliards de dollars que les autorités de l’est de la Libye n’ont pas le droit de mettre en œuvre.