Les pays voisins du Soudan se réunissent en Égypte pour travailler sur le règlement de la crise
Le gouvernement soudanais déclare envisager positivement l’initiative de médiation égyptienne et met en garde contre la difficulté de réaliser ses objectifs
Jeudi, l’Égypte accueille le « Sommet des pays voisins du Soudan » pour discuter des moyens de mettre fin au conflit en cours depuis 12 semaines entre factions militaires rivales, qui a entraîné une importante crise humanitaire dans la région.
Dans ce contexte, la présidence égyptienne a annoncé que le président Abdel Fattah al-Sissi avait reçu le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed au palais présidentiel du Caire mercredi, et qu’ils avaient « discuté des moyens de résoudre la crise au Soudan, de renforcer les relations bilatérales entre l’Égypte et l’Éthiopie, ainsi que de la question du barrage de la Renaissance ».
Les efforts diplomatiques visant à mettre fin aux affrontements entre les deux parties se sont révélés jusqu’à présent inefficaces, les initiatives des puissances concurrentes ayant créé une confusion quant à la manière de persuader les parties en conflit de négocier.
Les deux plus grands voisins du Soudan, l’Égypte et l’Éthiopie, sont en désaccord depuis ces dernières années concernant la construction du gigantesque barrage de la Renaissance, destiné à produire de l’énergie hydroélectrique sur le Nil bleu, en Éthiopie, près de la frontière soudanaise.
Le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Abu Zeid, a annoncé mercredi soir le début de la session préparatoire du Sommet des pays voisins du Soudan, au niveau des hauts responsables, dont les travaux doivent commencer au Caire aujourd’hui, jeudi.
Le sommet vise à mettre fin au conflit entre l’armée et les Forces de soutien rapide afin de mettre un terme aux effusions de sang des Soudanais, ainsi qu’à discuter des moyens de résoudre le conflit et de ses répercussions négatives sur les pays voisins du Soudan.
La délégation soudanaise est dirigée par le vice-président du Conseil de souveraineté, Malik Agar, et comprend également le ministre des Affaires étrangères par intérim, l’ambassadeur Ali Al-Sadiq, selon le journal « Al-Sudani ».
Le sommet, qui sera également suivi par les pays voisins du Soudan au plus haut niveau de représentation, dont le président érythréen Isaias Afwerki, constitue le dernier maillon de la chaîne de soutien illimité fourni par Le Caire à Khartoum.
Selon Ahmed Fahmy, conseiller officiel de la présidence, la conférence établira des mécanismes efficaces impliquant les pays voisins pour résoudre pacifiquement la crise au Soudan, en coordination avec d’autres initiatives régionales et internationales de règlement des conflits.
Le sommet est également organisé dans le souci de la direction égyptienne de formuler une vision commune des pays voisins directs du Soudan et de prendre des mesures pour résoudre la crise et mettre fin aux effusions de sang du peuple soudanais, tout en préservant l’État soudanais et ses capacités, et en réduisant les effets graves et durables de la crise sur les pays voisins et la sécurité et la stabilité de toute la région.
L’Organisation internationale pour les migrations a annoncé mercredi que plus de 3 millions de personnes ont été déplacées en raison des affrontements entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide.
L’organisation internationale a signalé que « plus de 2,4 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, tandis que plus de 730 000 ont franchi les frontières vers les pays voisins ».
Le rapport a indiqué que « 255 000 personnes étaient enregistrées en Égypte, 238 212 au Tchad, 160 798 au Soudan du Sud, 62 509 en Éthiopie, 16 710 en Afrique centrale et environ 2 992 en Libye ».
Le sommet intervient après l’échec d’autres efforts de médiation internationaux et régionaux, notamment la médiation conjointe de Djeddah entre l’Arabie saoudite et les États-Unis, qui n’a pas réussi jusqu’à présent à persuader les parties en conflit de s’asseoir ensemble, ainsi que la médiation menée par le Comité du Quatuor de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), que le ministère des Affaires étrangères soudanais a rejetée en raison de la présidence kényane de la réunion, affirmant que sa délégation à Addis-Abeba « attend la réponse à notre demande de la changer ».
Le Soudan partage des frontières avec 7 pays : l’Égypte, la Libye, le Tchad, la République centrafricaine, le Soudan du Sud, l’Éthiopie et l’Érythrée, et possède également une frontière maritime avec le Royaume d’Arabie saoudite.
Les pays concernés ont annoncé leur accord pour participer au sommet et certains dirigeants ont commencé à se rendre au Caire.
La décision de tenir le sommet a été saluée par les parties en conflit, le ministre soudanais des Affaires étrangères par intérim, Ali Al-Sadiq, déclarant mercredi que son pays envisageait « positivement » l’initiative de médiation égyptienne, mais a mis en garde contre la difficulté de réaliser ses objectifs si d’autres acteurs extérieurs à la région y participent.
De son côté, le conseiller des Forces de soutien rapide, Ahmed Abdeen, a déclaré qu’ils « accueillent tout effort ou initiative visant à mettre fin à la crise actuelle au Soudan, et les Forces de soutien rapide n’ont pas de position envers un pays, y compris l’Égypte, et nous ne voulons pas que le Soudan vive loin de son environnement régional et de ses pays voisins, comme il l’a vécu à l’époque du président destitué Omar al-Bashir ».
Abdeen a accusé les éléments de l’ancien régime de « chercher à ramener le pays à son isolement d’avant la révolution, ce groupe provoque des tensions et une instabilité dans les relations avec l’Égypte et les autres pays voisins, transformant le Soudan en incubateur de terrorisme actif contre ses propres pays ».