Les missiles iraniens révèlent la discrimination raciale dans les abris israéliens

Le récent échange de frappes entre l’Iran et Israël a mis en lumière une réalité troublante : la discrimination raciale dans l’accès aux abris de protection. Alors que les missiles tombaient sur le territoire israélien, plusieurs rapports locaux ont confirmé que de nombreux citoyens arabes et travailleurs étrangers se sont vu refuser l’entrée dans des abris, alors que les citoyens juifs y accédaient sans restriction. Une telle ségrégation soulève de sérieuses questions sur l’égalité des droits, même dans les situations d’urgence.
Dans de nombreuses villes israéliennes, notamment dans les zones arabes, la majorité des logements ne sont pas équipés d’abris ou de pièces sécurisées. Cette réalité les expose davantage aux dangers lors des bombardements. Le cas est particulièrement criant dans les villes comme Jaffa, où des familles arabes auraient été expulsées des abris pour des raisons religieuses, comme le port du hijab. Des témoignages et vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent également des travailleurs thaïlandais empêchés d’accéder à un abri, certains habitants leur criant que « l’endroit est réservé aux Juifs ».
Selon les données du Bureau central des statistiques d’avril 2024, environ 2,1 millions de Palestiniens vivent en Israël, soit près de 21 % de la population. Pourtant, seuls 15 % des municipalités arabes disposent d’abris publics, contre plus de mille infrastructures similaires dans les municipalités juives, selon un rapport relayé par The Guardian. Ce déséquilibre structurel souligne une inégalité profonde en matière de protection civile.
Le 15 juin, une femme arabe et ses deux filles ont été tuées par un missile iranien à Tamra, une ville arabe du nord du pays. Leur maison, comme beaucoup d’autres dans les localités arabes, ne disposait d’aucune pièce sécurisée. À Jérusalem-Est, de nombreux habitants affirment se cacher sous les escaliers faute d’abris publics accessibles. Les écoles, qui servent souvent de refuge dans les quartiers juifs, sont rares ou inexistantes dans les zones arabes.
Dans le sud du pays, la situation est encore plus alarmante. Des dizaines de milliers de Bédouins vivent dans des villages non reconnus par l’État, sans accès à l’eau, à l’électricité ou aux infrastructures de base. L’ONG « Israël se mobilise » a récemment lancé une campagne pour acheter des abris mobiles pour ces communautés, dénonçant une « politique de négligence systémique ». Certains Bédouins, sans autre recours, dorment désormais sous des ponts ou le long des voies ferrées.
Cette discrimination ne se limite pas aux infrastructures. En février 2023, le Parlement israélien a adopté un amendement à la loi sur la citoyenneté permettant au ministère de l’Intérieur de retirer la citoyenneté ou le statut de résident permanent à tout Arabe israélien ou Palestinien de Jérusalem-Est accusé d’avoir reçu des allocations de l’Autorité palestinienne. Cette mesure ouvre la voie à des expulsions vers la Cisjordanie ou Gaza après leur libération de prison.
Dans un contexte de tensions accrues et de confrontation régionale, la sécurité civile devrait être universelle et équitable. Or, les pratiques et politiques actuelles révèlent une fracture inquiétante entre les différentes composantes de la société israélienne. Alors que les missiles ne distinguent pas les origines, l’accès à la protection, lui, semble toujours profondément inégal.