Grand Maghreb

Les ministres de l’Intérieur de la Tunisie et de la Libye discutent de la lutte contre la migration irrégulière


La rencontre entre Kamel Al-Faqih et Imed Trabelsi intervient après des tensions survenues dans les relations en raison de la publication par le ministère libyen de l’Intérieur de séquences montrant des migrants africains irréguliers arrivés aux frontières libyennes, épuisés et assoiffés après avoir fui la Tunisie.

Le ministre tunisien de l’Intérieur, Kamel Al-Faqih, et son homologue libyen, Imed Trabelsi, ont tenu des discussions abordant diverses questions, notamment la lutte contre la migration irrégulière et la facilitation des opérations à la frontière de Ras Jedir entre les deux pays. Les récentes tensions entre les deux nations ont été déclenchées par l’arrivée d’un certain nombre de migrants africains irréguliers à la frontière libyenne dans des conditions défavorables. La Tunisie a critiqué les images publiées par les autorités libyennes, les accusant de ternir l’image de la Tunisie et de nuire aux relations bilatérales.

Le ministère tunisien de l’Intérieur a déclaré dans un communiqué que lors de la réunion à Tunis mercredi soir, les ministres ont discuté « d’une série de questions de sécurité communes, notamment la lutte contre la migration irrégulière et les défis à relever pour faciliter les services à la frontière de Ras Jedir, ainsi que les défis de sécurité communs ».

La session a mis en évidence « l’importance de la question des migrants africains en provenance du Sahel (Afrique de l’Ouest) et des pays sub-sahariens et de ses implications pour les deux nations, visant à atténuer leur afflux à travers les frontières », selon le communiqué.

Depuis deux semaines, les migrants africains irréguliers font face à des conditions humanitaires extrêmement difficiles à la frontière tuniso-libyenne après avoir été déplacés de leurs foyers à la suite d’affrontements avec les Tunisiens dans la province de Sfax (sud), déclenchés par la mort d’un jeune Tunisien. La Tunisie a fait l’objet de critiques en matière de droits de l’homme pour son traitement de ces migrants.

Inversement, la Tunisie considère les images et les enregistrements publiés par un groupe affilié au ministère libyen de l’Intérieur concernant l’arrivée des migrants à la frontière libyenne, décrivant leur épuisement et leur soif, comme préjudiciables à l’image de la Tunisie et aux relations bilatérales.

Les ministres ont appelé les organisations internationales à fournir une assistance humanitaire et à remplir leurs devoirs envers les migrants. Ils ont également convenu de « renforcer la coordination et la coopération bilatérale dans le domaine de la sécurité, en particulier en ce qui concerne l’échange d’informations, la formation et la lutte contre la criminalité organisée ».

Auparavant, le ministre Al-Faqih avait estimé qu’il y avait environ 80 000 migrants irréguliers en Tunisie, dont environ 17 000 à Sfax.

Récemment, la Tunisie a connu une augmentation significative de la migration irrégulière vers l’Europe via la mer Méditerranée, en particulier vers les côtes italiennes. Cette tendance est alimentée par les crises économiques et politiques en Tunisie et dans d’autres pays africains, en particulier ceux situés au sud du Sahara.

L’ancienne ministre allemande des Affaires étrangères, Katja Kuehnel, a souligné que la coopération bilatérale entre son pays et la Tunisie est liée au « respect des normes humanitaires et des droits de l’homme » concernant les réfugiés et les migrants. Cela a été souligné lors de sa rencontre avec le secrétaire d’État tunisien aux Affaires étrangères, Monir Ben Rajab, dans la capitale, Tunis.

Auparavant, le président tunisien Kais Saied avait souligné son refus que son pays devienne un point de transit ou une destination pour les migrants irréguliers d’Afrique subsaharienne, tout en affirmant l’appartenance africaine de la Tunisie. Il a appelé à aborder le phénomène migratoire en soutenant des projets de développement plutôt qu’en transformant son pays en garde-frontière de l’Europe. Le mois dernier, la Tunisie a signé un mémorandum d’accord avec l’Union européenne pour aborder la question de la migration irrégulière en échange d’une aide financière. Cependant, le président Saied a refusé que la Tunisie devienne la garde-frontière de l’Europe et a appelé à faire face à la question de la migration en soutenant des projets de développement.

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