« Les manifestations de Nail »… La France court contre le temps pour maîtriser la rue
Les manifestations dans les villes françaises ne se sont pas arrêtées après la mort d’un jeune homme d’origine algérienne, tandis que le gouvernement envisage de prendre des mesures pour contrôler rapidement les rues.
Cela fait suite aux actes de violence et aux émeutes observés dans les villes françaises en protestation contre la mort du jeune garçon, Nael Al-Marzouqi (17 ans), tué par les tirs de la police le 27 juin.
Environ deux mille personnes se sont rassemblées à Paris samedi pour protester contre la violence policière, malgré l’interdiction, tandis que le gouvernement français a annoncé son intention de contrôler les rues après plusieurs jours de violences et d’émeutes dans les villes françaises, ce que le pays n’avait pas connu depuis vingt ans.
Samedi, environ 30 autres manifestations contre la violence policière ont été organisées dans des villes françaises, dont Marseille (sud-est), Nantes (ouest), Strasbourg (est) et Bordeaux (sud-ouest).
Environ 5 900 personnes ont participé aux manifestations samedi, selon le ministère français de l’Intérieur.
Parallèlement à ces manifestations, la Première ministre française, Élisabeth Borne, a promis samedi, dans des déclarations au journal « Le Parisien », de déployer « des moyens intensifs pour protéger les Français » lors de la prochaine Fête nationale, qui aura lieu le 14 juillet.
Dans le but d’empêcher une résurgence de la violence le week-end prochain, le gouvernement français a interdit la vente de feux d’artifice aux particuliers, ceux-ci ayant été utilisés par les émeutiers contre les forces de l’ordre.
Après les émeutes qui ont suivi la mort du jeune garçon de 17 ans, Nael, tué par un policier lors d’un contrôle routier, le président Emmanuel Macron a déclaré que la restauration de l’ordre public « durable » est une priorité absolue.
La mort du jeune garçon le mois dernier a déclenché une vague de violences qui a duré cinq nuits dans les villes françaises et qui était sans précédent depuis 2005.
Selon la Première ministre française, des sanctions pourraient être imposées aux familles des jeunes hommes impliqués dans des actes de violence.
Lors de la marche de samedi à Paris, les manifestants se sont rassemblés pacifiquement sur la place de la République au cœur de la capitale pour commémorer la mémoire d’Adama Traoré, le jeune homme décédé peu de temps après son arrestation par la police en juillet 2016.
La police avait annoncé hier l’interdiction d’un « rassemblement non déclaré impliquant des risques de perturbation de l’ordre public », citant des difficultés à assurer la sécurité en raison d’une pénurie de forces de l’ordre après leur mobilisation pour faire face aux émeutes.
Assa Traoré, la sœur d’Adama, devenue un symbole de la lutte contre la violence policière en France, a prononcé un discours devant un groupe de députés du parti « La France insoumise » (gauche radicale), entourée de forces de sécurité.
Elle a déclaré : « Nous marchons pour la jeunesse, pour dénoncer la violence policière. Ils veulent dissimuler nos meurtres. La France n’est pas en position de donner des leçons de morale. Sa police est raciste, sa police est violente. »
Les récents actes de violence ont mis en lumière les problèmes auxquels est confrontée la société française, de la détérioration des conditions dans les banlieues populaires à la détérioration des relations entre les jeunes et les forces de sécurité.
Ghaniaf Manka, une retraitée qui manifestait à Strasbourg, a déclaré à France Presse : « Assez des coups de crosses de fusil et des balles en caoutchouc (utilisées pour disperser les manifestants). Nous avons besoin d’une police locale. »
Environ 100 associations, syndicats et partis politiques de gauche ont appelé les citoyens à manifester pour exprimer « le deuil et la colère » et dénoncer les politiques qu’ils considèrent comme discriminatoires à l’égard des quartiers défavorisés, demandant une « réforme profonde de la police ».
Dans le même temps, le gouvernement a condamné ces appels à manifester « dans les grandes villes qui n’ont pas encore récupéré des actes de destruction ».
D’autre part, le ministère français des Affaires étrangères a protesté contre les déclarations d’un groupe d’experts des Nations unies critiquant vivement la manière dont les forces de sécurité traitent les actes de violence et appelant à « interdire le profilage racial ».
Le ministère a considéré que ces déclarations étaient « exagérées et infondées », affirmant l’intensification de la lutte contre les abus liés aux contrôles basés sur l’identité, qualifiés de « reposant sur l’apparence ».