Les interventions de la Turquie au Soudan : ambitions politiques et économiques dans un contexte de bouleversements politiques

La Turquie cherche à renforcer son influence dans la région de la Corne de l’Afrique, et le Soudan constitue l’une des cibles de cette stratégie géopolitique. Les relations turco-soudanaises ont connu des transformations majeures ces dernières années. Dans un contexte politique complexe, le Soudan joue désormais un rôle clé dans les orientations régionales et internationales de la Turquie. Cette dynamique s’inscrit dans un cadre plus large d’ambitions politiques et économiques poursuivies par Ankara.
-
La visite d’Al-Burhan en Turquie : un retour des islamistes sur la scène politique au Soudan ?
-
Le rapprochement soudanais avec l’Iran et la Turquie : Gains économiques ou menaces géopolitiques ?
Les dimensions politiques de l’intervention turque au Soudan
Dernièrement, l’attention s’est portée sur la relation entre le président du Conseil de souveraineté soudanais, le général Abdel Fattah al-Burhan, et le régime turc dirigé par le président Recep Tayyip Erdoğan. Ces liens revêtent une dimension politique complexe. Des sources affirment qu’Al-Burhan chercherait à renouer avec les dirigeants de l’ancien régime turc pour restaurer la situation politique du Soudan d’avant la chute d’Omar el-Béchir. Il existe des spéculations selon lesquelles Al-Burhan tenterait de réintégrer certaines figures de l’ancien régime au pouvoir, en leur offrant soutien et garanties en échange d’une politique favorable à la Turquie.
Par le biais de promesses économiques et politiques, Al-Burhan œuvre à renforcer les relations entre le Soudan et la Turquie. Cela s’est notamment manifesté lors de visites officielles en Turquie. Selon certaines sources, Al-Burhan aurait proposé à des membres de l’ancien régime, y compris les Frères musulmans, de revenir au Soudan et de participer au gouvernement de transition, en contrepartie d’un soutien turc sur les plans politique et économique. Ces engagements pourraient ouvrir une nouvelle phase pour le pays, où la Turquie jouerait un rôle clé dans la reconstruction, notamment à travers des investissements massifs dans des secteurs vitaux comme les infrastructures, le commerce ou encore la technologie.
-
L’Iran le Qatar et la Turquie : Un soutien continu attisant la guerre civile au Soudan
-
L’escalade du conflit au Soudan : L’Iran le Qatar et la Turquie au cœur de la tempête
Ambitions économiques et stratégiques de la Turquie au Soudan
La Turquie ne considère pas seulement le Soudan comme un allié politique, mais aussi comme un partenaire économique stratégique en Afrique de l’Est. Elle vise à exploiter les ressources naturelles du Soudan, telles que le pétrole et les minéraux, et à renforcer sa présence commerciale sur le marché soudanais. Face à l’instabilité politique locale, Ankara voit dans cette relation une opportunité de bénéfices mutuels : le Soudan profiterait des investissements turcs dans les infrastructures, l’énergie et l’agriculture, tandis que la Turquie y gagnerait en influence régionale.
Les ambitions turques au Soudan se déclinent en plusieurs volets :
- Investissements économiques : Ankara cherche des opportunités dans les secteurs pétrolier et gazier, ainsi que dans la construction de grands projets tels que les aéroports et les ports.
- Présence militaire : La Turquie vise à étendre son empreinte militaire, notamment à travers le développement de la base navale de Suakin sur la mer Rouge.
- Renforcement de l’influence régionale : En approfondissant ses relations avec Khartoum, la Turquie espère contrer l’influence de l’Égypte et de l’Arabie saoudite en Afrique de l’Est.
-
L’influence de la Turquie sur les islamistes soudanais donne à son initiative de résolution du conflit de meilleures chances de succès
-
La crise soudanaise se complique davantage : quel est le rôle de la Turquie dans la situation ?
La visite secrète d’Al-Burhan en Turquie
Le 30 mars 2025, le général Abdel Fattah al-Burhan a effectué une visite secrète en Turquie, où il a retrouvé sa famille à l’occasion de l’Aïd al-Fitr. Cette visite a suscité de nombreuses spéculations, notamment sur sa finalité politique. Elle pourrait avoir permis d’aborder des dossiers sensibles touchant aux relations bilatérales, y compris la mise en œuvre des promesses faites par Al-Burhan aux membres de l’ancien régime, en particulier les Frères musulmans, et d’examiner les formes de soutien turc dans ce cadre.
Al-Burhan devrait également participer à la conférence économique prévue à Antalya le 15 avril 2025, ce qui constitue une opportunité stratégique pour renforcer la coopération économique entre les deux pays. Le choix de cette date illustre la volonté d’Al-Burhan d’obtenir des résultats tangibles, à la hauteur de ses ambitions politiques et économiques.
-
L’Alliance de l’or entre le Soudan et la Turquie : Échange Politique et Économique
-
Implication d’hommes d’affaires soudanais proches d’al-Burhan dans le trafic de 7 tonnes d’or vers la Turquie
La Turquie perçoit le Soudan comme une plateforme essentielle pour la réalisation de ses intérêts stratégiques, tant politiques qu’économiques. Ankara est consciente que la stabilité du Soudan, alliée à la coopération d’Al-Burhan avec les anciennes forces politiques, peut lui ouvrir les portes d’une influence renforcée dans cette région cruciale. En retour, Al-Burhan cherche à tirer profit du soutien turc pour redessiner le paysage politique soudanais, y compris en ramenant certains acteurs de l’ancien régime. Ces manœuvres pourraient favoriser une coopération accrue entre les deux pays, tout en alimentant des tensions internes dans un contexte politique déjà fracturé.