Les Houthis s’efforcent d’éviter le sort d’al-Assad… Que font-ils ?
Mardi, le mouvement houthi a annoncé sa disposition « immédiate » à parvenir à un règlement politique mettant fin au conflit au Yémen. Cette précipitation semble révéler des craintes que les Houthis cherchent à éviter en adoptant une démarche pacifique, notamment en réponse aux coups subis par « l’Axe de la Résistance » à Gaza, au Liban, et surtout en Syrie, ainsi qu’au recul de l’influence iranienne.
Selon le journal Al-Arab basé à Londres, les Houthis ne voient plus d’intérêt à poursuivre l’escalade militaire au Yémen ou à utiliser la menace de frappes sur les installations pétrolières saoudiennes et émiraties pour servir l’agenda iranien, destiné à faire pression sur les États du Golfe et à envoyer des messages aux États-Unis et à Israël. La situation a changé avec le déclin du rôle iranien et le rapprochement entre Téhéran et les pays du Golfe.
De plus, le mouvement Ansarallah, selon la même source, ne veut pas se retrouver pris entre deux feux : une guerre interne et une autre externe, face à la poursuite des frappes américaines sur des sites à Sanaa et des attaques israéliennes susceptibles de se répéter si les Houthis continuent de soutenir activement le Hamas et le Hezbollah.
Bien que les Houthis insistent sur leur différence par rapport au Hamas et au Hezbollah, la chute rapide du régime du président syrien Bachar al-Assad pourrait les avoir poussés à envisager une désescalade interne. En lançant des déclarations en faveur d’un règlement politique, ils cherchent à prévenir toute tentative interne, soutenue de l’extérieur, visant à reproduire une solution militaire contre Ansarallah, à un moment où ils paraissent isolés en raison des difficultés d’approvisionnement en soutien iranien.
Les Houthis craignent que la Turquie et le Qatar ne misent sur le mouvement réformiste du parti Al-Islah, affilié aux Frères musulmans, pour répliquer ce que Hay’at Tahrir al-Cham a fait en Syrie, avec une attaque sur Sanaa. Une stratégie similaire pourrait être prête, capable de gagner l’appui de certains pays de la région et des États-Unis, dans le cadre de l’affaiblissement de l’influence iranienne dans la région.
Les premiers signes de ce plan apparaissent dans les déclarations récentes d’Abdelrazak al-Hajri, un leader du parti Al-Islah. Il a appelé à surmonter les divisions passées, estimant que cela constituait une « nécessité nationale pour vaincre le coup d’État houthi et restaurer l’État ».
Bien que les Houthis tentent de se présenter comme une force dominante, leur proposition soudaine d’un règlement politique reflète des données ou des rapports indiquant une initiative intérieure majeure qui exploiterait leur isolement, consécutif aux défaites des autres branches soutenues par l’Iran, selon les estimations d’Al-Arab.
Depuis environ deux ans et demi, le Yémen connaît une accalmie dans une guerre qui a commencé il y a près de dix ans entre les forces loyales au gouvernement, soutenues par une coalition militaire arabe dirigée par l’Arabie saoudite, et les forces houthies, appuyées par l’Iran, qui contrôlent plusieurs provinces et villes, dont Sanaa, depuis septembre 2014.