Politique

Les Houthis risquent de compromettre l’accord de cessez-le-feu avec Washington en soutien à l’Iran


Le groupe yéménite soutenu par Téhéran affirme que la riposte à l’attaque américaine contre les installations nucléaires iraniennes n’est plus qu’une question de temps.

Les Houthis devraient agir dans le cadre d’une stratégie iranienne plus large visant à faire payer un prix aux États-Unis et à leurs alliés après le raid américain sur les réacteurs nucléaires iraniens et la déclaration de Washington annonçant la destruction des capacités nucléaires de Téhéran. Cette démarche pourrait compromettre définitivement l’accord de cessez-le-feu antérieur entre les États-Unis et le groupe chiite yéménite, un accord proclamé précédemment par le président américain et qui avait suscité la colère d’Israël.

Les Houthis comptent exploiter leur position géographique stratégique et leurs capacités militaires, considérablement renforcées grâce au soutien iranien. Cette escalade de la part des rebelles pourrait sérieusement détériorer la situation sécuritaire dans la région de la mer Rouge et du golfe Persique.

Dimanche, le groupe houthi a fermement condamné les frappes américaines contre les installations nucléaires iraniennes, qualifiant les attaques de « brutales et lâches », ajoutant qu’il s’agissait d’« une violation flagrante de la souveraineté de l’Iran et une transgression évidente du droit international », et dénonçant un soutien américain « criminel et illimité » à Israël.

Les Houthis avaient déjà menacé de reprendre leurs attaques contre les navires américains en mer Rouge si Washington rejoignait la campagne militaire israélienne contre l’Iran.

Un haut responsable politique houthi a déclaré à la chaîne qatarie Al Jazeera que l’attaque ne représentait que le début du conflit, affirmant par ailleurs que « la réponse du Yémen contre les États-Unis n’était qu’une question de temps ».

Il a ajouté que si les États-Unis cessaient leurs ingérences, les Houthis ne les attaqueraient pas, précisant que l’Iran ne leur avait pas demandé d’intervenir, mais que la décision avait été prise de leur propre chef.

Le porte-parole militaire houthi, le général de brigade Yahya Saree, avait averti samedi que « si les États-Unis participaient à l’agression contre l’Iran en coopération avec l’ennemi israélien, les forces armées yéménites cibleraient leurs navires de guerre en mer Rouge ».

Le groupe houthi a déclaré que l’attaque constituait « une agression flagrante contre un État souverain, une violation grave des lois et chartes internationales, une dangereuse escalade et une menace directe pour la paix et la sécurité régionales et internationales ».

Dans un communiqué ultérieur, le gouvernement de salut national dirigé par les Houthis a qualifié les frappes de l’administration Trump contre trois sites nucléaires iraniens d’« acte de guerre manifeste contre le peuple iranien frère », réaffirmant l’engagement des forces armées à « cibler les navires et bâtiments américains en mer Rouge ».

Après les frappes américaines contre les installations nucléaires iraniennes, les Houthis devraient jouer un rôle crucial en soutien à l’Iran, étant donné la relation stratégique qui les lie à Téhéran. Ce soutien pourrait prendre plusieurs formes :

Escalade des attaques en mer Rouge
Les Houthis ont affirmé qu’ils cibleraient les navires et bâtiments américains en mer Rouge si les États-Unis s’impliquaient davantage dans l’attaque contre l’Iran. C’est l’un des soutiens les plus marquants qu’ils pourraient apporter, et cela pourrait s’étendre aux navires liés à Israël ou à d’autres États alliés de Washington.

Attaquer des navires commerciaux ou militaires dans le détroit de Bab el-Mandeb et en mer Rouge pourrait perturber gravement le commerce mondial, augmenter les coûts de transport maritime et exercer une pression économique sur les États-Unis et leurs alliés.

Les Houthis disposent d’un important arsenal de drones, de missiles balistiques et de missiles antinavires, déjà éprouvés lors d’attaques précédentes. Ils pourraient intensifier l’usage de ces armes pour imposer une logique de dissuasion.

Ils pourraient aussi cibler les bases militaires américaines dans la région, notamment dans les pays du Golfe alliés des États-Unis, en utilisant des missiles longue portée ou des drones armés.

Les Houthis pourraient également s’en prendre à des installations pétrolières ou économiques stratégiques dans les pays du Golfe, semant le chaos et exacerbant les tensions régionales.

Ils pourraient renforcer leur coordination avec d’autres alliés de l’Iran dans la région, comme le Hezbollah au Liban ou certaines factions armées en Irak, afin de créer des fronts de pression multiples contre les États-Unis et Israël. Cette coordination pourrait inclure le partage de renseignements, de savoir-faire, voire des attaques coordonnées.

L’Iran pourrait activer ces « fronts secondaires » par l’intermédiaire de ses alliés pour détourner l’attention de l’attaque directe dont il est la cible, tout en faisant payer aux États-Unis le prix de leur intervention via leurs relais régionaux.

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