Les Houthis réorientent leur boussole militaire vers le sud du Yémen
Les Houthis intensifient leur activité dans plusieurs zones proches des lignes de contact, en adoptant simultanément des tactiques défensives et offensives, notamment par le creusement de réseaux de tranchées et le renforcement de positions militaires.
Depuis plusieurs semaines, la scène yéménite connaît des évolutions militaires notables, marquées par le lancement par le mouvement houthi de préparatifs accélérés comprenant le creusement de tranchées, des mobilisations humaines et le transfert de plateformes de missiles vers de nouvelles zones de contact. Ces développements s’inscrivent dans un climat de craintes croissantes d’un affrontement potentiel avec les forces du Conseil de transition du Sud. Ils interviennent à un moment particulièrement sensible, coïncidant avec des tensions sécuritaires et politiques dans l’est du Yémen, ce qui traduit la volonté des Houthis de tirer parti de la fluidité sécuritaire pour réorganiser leur dispositif militaire.
Selon des sources locales et des rapports de terrain, le groupe a renforcé son activité militaire dans certaines zones proches des lignes de front, en combinant des mesures défensives et offensives. Celles-ci incluent le creusement de réseaux de tranchées, le renforcement de positions militaires, ainsi que le redéploiement de plateformes de missiles et de drones. Ces démarches sont interprétées comme une tentative d’élever le niveau de préparation en prévision d’une éventuelle escalade, d’autant plus que les spéculations se multiplient autour de possibles affrontements indirects ou d’une confrontation ouverte avec les forces du Sud.
De leur côté, les forces du Conseil de transition du Sud poursuivent le renforcement de leur présence militaire et sécuritaire dans les zones sous leur contrôle, affirmant que leurs priorités résident dans la protection du Sud et la lutte contre des menaces multiples, qu’il s’agisse des Houthis ou des groupes affiliés à Al-Qaïda.
Dans ce cadre, les forces du Sud ont lancé une vaste opération militaire dans le gouvernorat d’Abyan, ciblant les repaires et positions d’Al-Qaïda dans des zones montagneuses et difficiles d’accès. Cette opération a été décrite comme l’une des plus importantes menées récemment sur le plan sécuritaire.
Selon des observateurs, l’opération d’Abyan reflète un changement dans la stratégie des forces du Sud, qui sont passées d’une posture essentiellement défensive à une initiative de terrain visant à assécher les sources des organisations extrémistes et à les empêcher de tirer profit de l’instabilité ambiante.
Cette dynamique a permis des avancées sur le terrain, un encerclement accru des éléments d’Al-Qaïda et un renforcement de la coordination entre les unités militaires et sécuritaires locales, dans le but de consolider la stabilité d’un gouvernorat qui a longtemps souffert de la présence de groupes armés.
Parallèlement à l’approche sécuritaire, les forces du Sud s’emploient à instaurer un modèle de stabilité dans les gouvernorats sous leur contrôle, après avoir étendu leur influence à la majorité des provinces méridionales. Ces efforts comprennent la réactivation des institutions locales, l’amélioration des performances sécuritaires et la stabilisation de la situation dans les principales villes, contribuant ainsi à réduire le chaos et à renforcer la confiance des citoyens. Les partisans du Conseil de transition estiment que ces mesures traduisent une volonté de bâtir une administration stable, capable de faire face simultanément aux défis sécuritaires et politiques.
Dans ce contexte, le Conseil de transition du Sud insiste sur le fait que ses mouvements militaires s’inscrivent dans une logique défensive et de lutte contre les menaces, et non dans une volonté d’élargir le conflit. Il souligne également l’importance de préserver un équilibre dans la gestion des différents dossiers, afin d’éviter de basculer dans des affrontements généralisés susceptibles de compliquer davantage la situation humanitaire et sécuritaire au Yémen.
Au niveau régional, le rôle de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis se distingue dans les efforts visant à contenir l’escalade et à maintenir un certain degré de stabilité. Riyad continue de soutenir les initiatives politiques destinées à mettre fin au conflit yéménite par le dialogue, tout en accordant une attention particulière à la protection de sa sécurité nationale et de celle de la région. De son côté, Abou Dhabi se concentre sur le soutien aux efforts de lutte contre le terrorisme et sur le renforcement de la stabilité dans les zones libérées, à travers l’appui aux forces locales et le développement de leurs capacités sécuritaires, dans une perspective visant à réduire le chaos et l’extrémisme.
Des observateurs estiment que la préservation de l’équilibre à ce stade exige d’éviter une escalade de grande ampleur et de limiter l’exploitation des tensions actuelles à des fins de gains militaires à court terme. Les développements récents, qu’il s’agisse des mouvements houthis ou des opérations des forces du Sud, mettent en évidence la fragilité de la situation sur le terrain et la nécessité pour toutes les parties d’adopter une approche combinant sécurité et politique, en tenant compte de la complexité du contexte yéménite.
En définitive, le Yémen se trouve à l’orée d’une phase délicate, où les préparatifs militaires se croisent avec des tentatives d’imposer la stabilité dans certaines régions. Entre l’escalade houthie et les mouvements des forces du Sud, l’avenir de la situation dépend de la capacité des acteurs à maîtriser le rythme du conflit et à tirer parti des efforts régionaux et internationaux afin d’éviter une nouvelle dérive vers une confrontation globale, dont le coût serait lourd pour les Yéménites et pour l’ensemble de la région.
