Les Houthis intensifient leurs attaques contre Israël en envoyant un message de menace à l’intérieur
Les Houthis considèrent que l’arrêt de leurs attaques, suite au recul de leurs alliés régionaux, pourrait être interprété comme un signe de faiblesse, ce qui pourrait encourager leurs ennemis à agir contre eux à l’intérieur du pays.
Le groupe houthiste du Yémen persiste dans ses attaques contre Israël, malgré les revers subis par ce que l’on appelle le « Front de la résistance », notamment après la chute du régime de Bachar al-Assad, la perte d’influence de l’Iran en Syrie, et les lourdes frappes subies par le Hezbollah libanais.
Selon deux experts, ce refus de cesser les attaques vise à envoyer un message interne affirmant leur résilience et leur capacité à résister, malgré le recul de leurs alliés régionaux. L’arrêt de ces attaques pourrait être perçu comme un signe de faiblesse, incitant ainsi leurs opposants à se mobiliser contre eux à l’intérieur.
Les rebelles yéménites sont conscients que leur véritable menace réside dans une bataille terrestre interne, et non dans des frappes aériennes externes qu’ils ont l’habitude de minimiser grâce à leur expérience militaire.
En solidarité avec Gaza, face à la guerre d’extermination israélienne qui sévit sur la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023, et qui a fait plus de 152 000 blessés et morts parmi les Palestiniens, le groupe Houthi a commencé, en novembre 2023, à cibler des navires de marchandises israéliens ou associés dans la mer Rouge à l’aide de missiles et de drones.
En réponse à ces attaques, Washington et Londres ont lancé des frappes aériennes et des attaques de missiles contre des « sites houthis » au Yémen depuis le début de l’année. Le groupe Houthi a réagi en déclarant que toutes les navires américains et britanniques font désormais partie de leurs cibles militaires, et a étendu ses attaques aux navires circulant en mer d’Arabie et dans l’océan Indien, ou partout où ses armes peuvent atteindre.
De plus, le groupe houthi mène périodiquement des attaques à missiles et drones contre Israël, dont certaines ont visé Tel Aviv, exigeant la fin de la guerre israélienne sur Gaza pour stopper ses attaques.
La dernière opération en date, lundi soir, a vu le groupe attaquer une cible militaire dans la région de Jaffa, au centre d’Israël, avec un missile balistique hypersonique de type « Palestine 2 ».
Au même moment, les services d’urgence israéliens ont annoncé que cinq personnes ont été blessées lorsqu’elles se précipitaient vers des abris à Tel Aviv et dans d’autres régions du centre du pays suite au lancement du missile depuis le Yémen.
Expliquant l’insistance des Houthis à continuer leurs attaques contre Israël malgré les revers subis par le « Front de la résistance », l’expert politique yéménite Ahmed Naji, chercheur principal à « International Crisis Group », a expliqué que le groupe cherche à envoyer deux messages essentiels.
Le premier message est que l’extermination israélienne à Gaza continue, et que les Houthis considèrent qu’il est de leur devoir de soutenir Gaza, peu importe le coût. Le deuxième message est de confirmer leur résilience et leur force malgré les frappes et les revers subis par leurs alliés, l’Iran, le Hezbollah et le régime syrien.
Naji a ajouté que le groupe houthi, dans ses opérations militaires actuelles, affirme qu’il ne reculera pas. « Nous sommes flexibles, mais la régression n’est pas une option, nous restons forts et capables, et ce qui est arrivé à l’Iran, au Hezbollah et au régime al-Assad ne nous concerne pas, nous sommes toujours une exception. »
En accord avec cette analyse, l’analyste politique yéménite Abdel Salam Qaed estime que les attaques continues des Houthis contre Israël visent à démontrer qu’ils restent une force solide, indifférente aux frappes qui ont affaibli leurs alliés du « Front de la résistance ».
Il a ajouté que ces attaques ont pour but de contrer les appels à leur élimination interne et à la récupération de l’État dans les zones sous leur contrôle. Selon lui, l’intensification des opérations montre leur puissance et renforce le moral de leurs combattants, car l’arrêt des attaques pourrait refléter une faiblesse ou la crainte d’un destin similaire à celui du régime de Bachar al-Assad, incitant leurs ennemis à les attaquer.
C’est pourquoi, selon Qaed, les Houthis se sentent rassurés par l’inefficacité des frappes aériennes israéliennes et américaines, qui ciblent souvent des sites vides, tandis que leurs dirigeants évitent constamment les attaques, réduisant ainsi les pertes importantes, que ce soit au Yémen ou en mer Rouge.
Enfin, Qaed a souligné que la direction du groupe, soutenue par Téhéran et forte de son expérience, est habituée à minimiser les impacts des frappes aériennes, et que leur véritable danger vient d’une bataille terrestre qui pourrait se déclencher à l’intérieur du Yémen, et non des frappes extérieures.
Les Houthis essaient de faire croire que toute guerre contre eux de l’intérieur est en fait une « collaboration avec l’occupation israélienne », dans le but de recruter davantage de combattants sous prétexte qu’ils affrontent les bras de l’État hébreu. Cela permet ainsi de déplacer le contexte de la bataille du local au global, et de diaboliser leurs adversaires internes.