Les Houthis intensifient leur ciblage des institutions religieuses : enlèvements d’imams et fermeture de centres coraniques

La milice houthie a intensifié ses violations à l’encontre des symboles et institutions religieuses modérées au Yémen, en enlevant une figure religieuse de premier plan dans le gouvernorat d’Al-Bayda et en fermant un centre de mémorisation du Coran dans le gouvernorat d’Ibb, dans le cadre d’une campagne systématique visant le tissu religieux et social du pays.
Selon l’agence de presse officielle yéménite Saba, des éléments armés houthis ont fait irruption au domicile du cheikh Ahmad Hussein Al-Wahashi, imam de la mosquée Al-Sunna et enseignant du Coran dans la région de Madhuqin, à l’est d’Al-Bayda, et l’ont conduit vers une destination inconnue. Cet incident survient quelques jours après le siège et le bombardement de la maison du cheikh Saleh Hantous dans le gouvernorat de Raymah, tué pour avoir prétendument désobéi aux ordres de la milice interdisant l’enseignement du Coran.
Dans le gouvernorat voisin d’Ibb, des membres de la milice ont également pris d’assaut le centre Taj Al-Waqar de mémorisation du Coran, situé dans le village de Al-Lakmah, district de Al-Makhadir, et l’ont fermé par la force, menaçant les responsables de graves représailles s’ils rouvraient ou poursuivaient l’enseignement des élèves. Cette action a provoqué une vague d’indignation parmi les habitants.
Le Réseau yéménite pour les droits et les libertés a qualifié ces exactions de « grave escalade » dans le cadre d’une campagne continue visant les imams et enseignants du Coran dans les zones contrôlées par les Houthis, précisant qu’il s’agit d’un plan systématique visant à effacer l’identité religieuse modérée pour la remplacer par un discours sectaire au service de l’idéologie du groupe.
De son côté, l’organisation Mosaawah pour les droits et les libertés a publié un communiqué virulent, mettant en garde contre les dangers de ces pratiques sur la cohésion de la société yéménite. Elle a affirmé que cibler les centres coraniques et leurs enseignants menace l’unité du tissu religieux du pays et constitue une violation de la Constitution yéménite ainsi que du droit international humanitaire.
L’organisation a souligné que ces mesures révèlent la volonté des Houthis de soumettre les institutions éducatives et religieuses à un contrôle strict et d’imposer par la force des orientations idéologiques sectaires, défiant ouvertement les principes de liberté religieuse et de pluralisme intellectuel au Yémen.
Ces violations surviennent dans un silence international préoccupant, malgré les avertissements répétés des organisations de défense des droits humains sur l’élargissement de la répression houthie contre les institutions communautaires, ce qui menace gravement la stabilité religieuse et sociale d’un pays ravagé par plus de neuf années de guerre.