Politique

Les Houthis anticipent l’anniversaire du 26 septembre par des enlèvements arbitraires à Sanaa et Ibb


Des sources sécuritaires et de défense des droits humains ont révélé que les milices houthis ont enlevé environ 132 civils dans les gouvernorats de Sanaa et d’Ibb au cours des derniers jours.

Selon ces sources, les Houthis ont intensifié leurs campagnes de répression entre le 20 et le 23 septembre, visant journalistes, militants, enseignants et personnalités sociales à l’approche du 63ᵉ anniversaire de la révolution du 26 septembre, qui a conduit à la proclamation de la République.

Des descentes arbitraires

Les renseignements houthis ont mené des raids aléatoires dans des dizaines de maisons, aussi bien en zone urbaine que rurale à Sanaa et Ibb, enlevant quiconque avait célébré l’anniversaire de la révolution, y compris via les réseaux sociaux. Le nombre de personnes arrêtées s’élève ainsi à environ 132 civils entre samedi et mardi derniers.

Parmi les personnes enlevées figurent le poète et écrivain satirique Orus Al-Iryani et le journaliste Majed Zayed, tous deux arrêtés à Sanaa.

Les milices ont également pris d’assaut plusieurs villages, encerclant les habitations à Hamdan, où elles ont enlevé le cheikh Aref Mohammed Qutran et son fils Abdelsalam, ainsi que Hamid Abdelwahab Al-Asad, Mohammed Abduh Sharyan, et Yahya Rashed Al-Maafa. Leur « faute » : avoir hissé le drapeau national sur leurs comptes de réseaux sociaux et exprimé leur solidarité avec un précédent détenu, Jamil Sharyan, arrêté pour les mêmes raisons.

Depuis août dernier, les Houthis mènent régulièrement des campagnes d’enlèvements et de répression dans les zones sous leur contrôle contre toute personne célébrant la fête nationale du 26 septembre, symbole de la République et de la chute de l’imamat.

Un symbole redouté

La célébration de la révolution du 26 septembre reste un moment fort au cours duquel les Yéménites, même dans les régions contrôlées par les Houthis, réaffirment leur refus d’un retour à la monarchie, jadis dirigée par les ancêtres de la famille houthie. Cette symbolique alimente la crainte de la milice de voir la date se transformer en catalyseur d’un soulèvement populaire.

La peur des Houthis

Révélant cette inquiétude, le ministère de l’Intérieur contrôlé par les Houthis a déclaré qu’il réprimerait toute manifestation liée à l’anniversaire du 26 septembre afin de « protéger le front intérieur ».

Le ministère a qualifié ces commémorations de « complots suspects soutenus par l’ennemi américain et israélien », mettant en garde contre ce qu’il appelle « trahison et collaboration ».

Ces campagnes d’enlèvements ont suscité de vives inquiétudes parmi les organisations de défense des droits humains et au sein du gouvernement, qui les qualifient « d’arrestations arbitraires » visant des civils sans aucun fondement légal.

Le Syndicat des journalistes yéménites a exprimé sa profonde préoccupation, tenant les Houthis pour pleinement responsables de ces arrestations. Il a exigé la libération immédiate des détenus et la fin des pratiques de harcèlement contre les journalistes, écrivains et figures publiques, les qualifiant de violations flagrantes de la liberté d’expression et du droit international.

De son côté, l’ONG Maison de la Presse a indiqué avoir reçu de nombreuses plaintes de familles, collègues et amis concernant l’enlèvement de 30 journalistes, écrivains et militants à Sanaa au cours des deux derniers jours. L’organisation a fermement condamné ces abus et appelé la communauté internationale ainsi que les organismes de défense de la liberté de la presse à intervenir sans délai pour stopper ces violations et traduire les responsables en justice.

Le gouvernement yéménite a également dénoncé « la campagne répressive menée par les milices houthis », la qualifiant de prolongement d’une série d’arrestations arbitraires visant des centaines de citoyens ayant manifesté leur intention de célébrer les fêtes de la révolution et de hisser le drapeau national.

Le ministre de l’Information, de la Culture et du Tourisme, Moammar Al-Eryani, a déclaré que « ces violations révèlent l’ampleur de la peur qui hante les Houthis à chaque approche d’une fête nationale, les plongeant dans une hystérie collective qui les pousse à traquer les citoyens et envahir leurs maisons pour le simple fait d’arborer le drapeau ou d’exprimer leur attachement à la République ».

Il a ajouté que ce comportement illustre la crainte profonde des Houthis face aux symboles de l’identité nationale, des valeurs révolutionnaires et républicaines qui demeurent vivantes dans le cœur des Yéménites, et que toutes leurs tentatives pour les effacer échoueront.

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