Politique

Les habitants de Gaza soutiennent le plan Trump et crient à Hamas : Assez


Désespoir et espoir s’entremêlent dans la bande de Gaza, où la population attend la fin d’une guerre qui a laissé sa marque sur chaque maison et chaque rue.

Deux ans après le conflit déclenché par l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, les Gazaouis se trouvent face à une nouvelle opportunité de paix, avec la récente proposition américaine de cessez‑le‑feu. Mais l’attente est teintée d’inquiétude : le Hamas acceptera‑t‑il ce qui pourrait mettre fin à leur souffrance ?

Les entretiens recueillis par The New York Times reflètent un large soutien populaire au plan et résument le sentiment par une injonction adressée au Hamas : « Assez ».

Après près de deux ans de guerre qui ont détruit le territoire et causé la mort de plus de 65 000 personnes, de nombreux Gazaouis voient dans l’offre américaine une lueur d’espoir. Donald Trump a présenté son plan lors d’une rencontre à la Maison‑Blanche avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, affirmant qu’en l’absence d’une acceptation par le Hamas, il donnerait à Israël le feu vert pour « achever la mission » de destruction du mouvement armé.

Le Hamas n’a pas encore formellement répondu. Toutefois, les témoignages recueillis sur place montrent un soutien populaire massif au plan.

« La coupe est pleine »

Beaucoup considèrent l’offre américaine comme la meilleure chance actuelle de cessez‑le‑feu — si seulement le Hamas l’acceptait. Mahmoud Bulbul, 43 ans, maçon resté dans sa maison détruite avec ses six enfants, déclare : « Le Hamas doit accepter cette offre — nous avons déjà traversé l’enfer ». Il ajoute que si le Hamas refuse, sa famille quittera enfin la ville de Gaza pour se diriger vers le sud, espérant y trouver un relatif abri.

« La plupart des habitants de Gaza ne sont pas membres du mouvement », ajoute‑t‑il, s’interrogeant : « Pourquoi nous entraînent‑ils là‑dedans ? »

Que prévoit le plan ?

Le texte exige que le Hamas libère tous les otages encore détenus après l’attaque du 7 octobre 2023 dans les 72 heures suivant l’entrée en vigueur de l’accord. Il s’agirait d’environ 20 personnes estimées vivantes et des restes d’environ 25 autres. En contrepartie, Israël libérerait environ 250 prisonniers palestiniens purgeant des peines à perpétuité, 1 700 autres détenus arrêtés durant la guerre, ainsi que les dépouilles de 15 prisonniers palestiniens pour chaque corps israélien restitué.

Pour le Hamas, plusieurs éléments sont inacceptables : l’interdiction d’exercer toute autorité future à Gaza, son désarmement, et la formation d’un gouvernement de transition supervisé par des responsables étrangers, notamment Donald Trump et l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair.

Doutes et vécus

Si certains voient dans l’annonce un rare espoir, d’autres restent sceptiques. Plusieurs interviewés estiment que les conditions imposées rendent l’accord peu probable. D’autres expriment une méfiance plus profonde : ils doutent que le Hamas place un jour les intérêts du peuple palestinien au‑dessus des intérêts du mouvement.

Nasaim Mqatta (30 ans), déplacée vers le sud avec sa fille, affirme : « Nous mourons en vain, personne ne se soucie de nous. Le Hamas doit penser davantage à notre sort. »

Abdel Halim Awad (57 ans), boulanger à Deir al‑Balah, dit qu’il accepterait presque n’importe quoi pour mettre fin à la guerre, mais qu’il ne croit pas que le Hamas partagera la même urgence : « Ils ne se soucient ni de l’opinion publique ni de ce que pense la population. Sinon, nous ne serions pas dans cette situation. »

À Khan Younès, Mahmoud Abu Matar (35 ans), ancien comptable, espère que les États‑Unis imposeront l’accord de force « comme un fait accompli » aux deux camps. Il raconte avoir dû se déplacer dix fois dans le nord de Gaza avec sa famille avant de pouvoir fuir vers le sud. Il dénonce les négociateurs de la direction du Hamas, « assis dans des salles climatisées, qui ne vivent pas dans le sable ni ne marchent une demi‑heure pour aller chercher de l’eau ».

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